Pendant quinze ans, l’UEFA a versé 380 millions d’euros, destinés à la Fédération de football ukrainienne (FFU), à une société offshore contrôlée en secret par l’oligarque Igor Surkis, président du Dynamo Kiev et frère de Grigori Surkis, qui était président de la FFU et vice-président de l’UEFA. Alors que cette même société est par ailleurs utilisée pour payer en sous-main des dépenses du Dynamo, dont les salaires de certains joueurs.
Newport appartient officiellement à un avocat chypriote, qui sert de prête-nom. Les inspecteurs de l’UEFA soupçonnent, sans pouvoir le prouver, que son vrai propriétaire n’est autre qu’Igor Surkis, propriétaire du Dynamo, qu’il préside depuis 2002. Nous sommes parvenus à le confirmer : un jugement britannique, que nous avons retrouvé, indique que Newport appartient bien à Igor Surkis, et qu’elle détenait 40 % du capital du Dynamo jusqu’en 2001.
Le scandale frappe l’UEFA au cœur. Car le richissime oligarque Igor Surkis n’est autre que le frère de Grigori Surkis, qui a présidé le Dynamo Kiev jusqu’en 1998, avant de céder son fauteuil à Igor et de faire carrière dans les instances du foot européen : président de la Fédération ukrainienne de 2000 à 2012, membre du comité exécutif de l’UEFA depuis 2004, avant d’être promu vice-président en 2013, sous la présidence de Michel Platini.
https://www.mediapart.fr/journal/international/060919/le-scandale-ukrainien-qui-ridiculise-l-uefa?utm_source=20190906&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20190906&M_BT=135393249294
Kevin Lamour souligne que le fax aurait été envoyé « moins de deux semaines » après l’élection de Pavelko à la tête de la Fédération ukrainienne. « L’une de ses premières actions […] était d’essayer de résoudre le problème. Et on n’a rien fait ? », s’interroge Lamour.
« Si ce document n’est pas un faux et qu’il a bien été envoyé en mars 2015, alors la question est la suivante, poursuit-il. Était-ce une simple erreur [du département financier de l’UEFA – ndlr] (ils ont perdu le fax ou simplement oublié de répondre) ou ont-ils reçu un “ordre” de la hiérarchie ? Cette histoire n’est pas terminée. »
Le directeur juridique de l’UEFA peine à comprendre les rouages de cette usine à gaz ainsi que son utilité pour la Fédération ukrainienne. Il remarque tout de même que « c’est un bon business pour l’avocat » chypriote qui devait servir de « trustee » (c’est-à-dire de gestionnaire), puisque l’homme de loi recevra 3 % de tous les fonds qui atterriront sur le compte bancaire de Caldan, « ce qui pourrait inclure [l’argent versé par] l’UEFA, la Fifa, etc ».
https://www.mediapart.fr/journal/international/060919/le-scandale-ukrainien-qui-ridiculise-l-uefa?page_article=2