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Gunners FRANCE, la référence francophone d'Arsenal

L'histoire du football


ayoubaoui

Messages recommandés

J'irais même plus loin, le football tactique n'est pas un football fermé.

 

Le terme catenaccio était déjà vivement critiqué par Herrera de son vivant, pour lui c'était pervertir le football de son équipe que de l'appeler de la sorte. L'Inter de Herrera était une équipe qui était même très offensive dans certains aspects. Par exemple, c'est une des premières équipes (si ce n'est la!) à utiliser les latéraux comme des joueurs de couloirs, en témoigne l'impact offensif d'un Facchetti, reconnu par plusieurs comme le premier latéral a endosser un rôle dans l'animation des couloirs.

 

Mais pas que. Herrera à l'époque se démarque par deux choses :

 

1. Il demande à ses joueurs de faire le moins de touches de balles possibles, son football se base sur la vitesse d’exécution. Le jeu se basait sur une transmission rapide du cuir, à une époque où tous les joueurs dribblaient leurs vis-à-vis avant de remettre la balle. Lui, il épure le football. Le ballon bougera rapidement, le plus rapidement possible, le ballon remontera le terrain, proprement, mais en étant le plus rapide possible. Trois, quatre touches de balle, et il devait être dans le camp adverse. À l'époque, c'est une révolution.

 

Mais pour appliquer, il faut que les joueurs soient capables de trouver leurs coéquipiers en un coup d’œil, presque instinctivement. Et c'est là où Herrera fait de la tactique un devoir pour tous les joueurs, alors que jusque là, les joueurs qui se tapaient les leçons tactiques étaient seulement les défenseurs.

 

2. Avec Herrera, tout le monde aura des tâches, un travail, une zone à occuper. En phase défensive, les latéraux se replieront très bas, pour former une ligne de 5 devant le gardien. Les deux milieu offensifs viendront former un milieu plat avec les deux milieu axiaux, et l'attaquant restera haut. C'est de là que vient le terme de catenaccio, c'est un véritable cadenas, un verrou impossible à faire sauter à l'époque par ses équipes habitués à un jeu moins rigoureux, à un football plus "arcade". Mais cette rigueur ne servait pas seulement à défendre, au contraire même, elle servait aussi à attaquer en bloc coordonné, bien placé, bien structuré. Ce n'était pas de l'anti-football, c'était un football en bloc, plus compact...plus moderne.

 

C'est assez pour dire que ce football n'a rien de fermé. Ou alors, on fait comme Herrera, on dit que son Inter n'avait rien d'un catenaccio.

 

_______________

 

Par contre, faut rendre justice à celui qui a vraiment inventé cette approche, Nereo Rocco. Avec...Milan.

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D'ailleurs, Herrera disait justement  qu'il avait inventé le Catenaccio, mais surtout que les personnes voulant le copier l'avaient mal fait parce qu'ils avaient omis une grande partie de son système, à savoir la partie offensive ... Le latéral gauche de l'époque dont Herrera disait qu'il marquait autant de buts qu'un attaquant. 

 

Quand tu parles de faier bouger le ballon rapidement, c'est exacement ça, de la verticalité, rapidement ... Je crois aussi que Herrera disait que perdre la balle en tentant d'apporter de la verticalité était une chose mais la perdre sur la latéralité coutait un but. 

 

En ayant lu quelques trucs dessus, je me rend aussi compte que certains aspects de la tactique de Bielsa reprennent les idées de Herrera notamment concernant le rôle de Thauvin qui est revient très très bas pour fermer le couloir droit (cet arrière droit qui suivait l'adversaire sur le côté gauche), la liberté laissée à Mendy qui est très offensif et se retrouve très souvent dans la surface à la réception de ballons, le soucis de verticalité rapide en quelques touches de balle ... Il a développé autre chose après, mais sur certains points, tu sens quand même un peu une certaine influence. 

Look into my eyes so you know what it's like to live a life not knowing what a normal life's like. 

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  • 2 mois plus tard...
  • 4 mois plus tard...

En 1978, le Barça envoie son attaquant légendaire Cesar Rodriguez pour observer Maradona alors qu'il jouait encore à Argentinos. Cesar rédige le rapport suivant :

Boca Juniors 1 - Argentinos Juniors 1. Date August 13, 1978.

REPORT PLAYER: Diego Armando Maradona.

OVERALL RATING: very good, extraordinary

Top Speed: 9.5
Acceleration: 9.5
With ball: 9.1
Without ball: 9.5
Agility: 9.5
Jumping: 8
MENTAL CONDITION
Mentality: 10
Tolerance to Distress: 10
Concentration: 10
Selfish: No
Character: 10
General technique: unbeatable
SPECIFIC TECHNIQUE
Dribbling: extraordinary and efficient
Power: excellent
Courage: extraordinary
Efficiency: extraordinary
Shooting: very good
Passing: very good
Precision: total
Vision: total
Heading Ability: ordinary
Heading Power: ordinary
Aiming: good
Ball control: very good
Ball shielding: extraordinary
INDIVIDUAL TACTICAL ABILITIES
Footballing Intelligence: total
Footballing Sense: total
Anticipation: good
Speed in efficiency: very good
GENERAL CONCLUSIONS
Youth, born October 30, 1960. He has prodigious technical skills, straightforwardness of dribble always devisive. Has vision in straight line towards goal, but he knows to let the ball go in favour of teammates in better position. Extraordinary reflexes. Very good at protecting the ball to immediately play it with great efficiency. His short passing and shooting are just marvelous. Prodigious changes of pace.

 

Article original, en espagnol : http://bolavip.com/100887/el-primer-informe-que-hizo-un-ojeador-sobre-maradona/

 

Unbeatable. :lol:

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  • 1 mois plus tard...

le 3-5-2 c'était juste avec Prandelli lors du mundial 14 et la coupe d'Europe 12 , en WC 10 pour être clair avec toi je ne l'ai pas suivi , j'avais vu que la finale entre les bataves et les catalans
 
le 4-4-2 a été appliquer dans les 3 coupe du monde que la Nazional a gagné , en 2006 Lippi passait de temps en temps en 4-2-3-1 surtout face aux allemands et la première demi-heure face aux coqs à Berlin.

 

 

Euh...non. En 82, l'Italie joue le 3-5-2, avec un trio de défenseurs composé de Gentile-Collovati avec Scirea en libéro, Cabrini et Bergomi sur les côtés. Un 3-5-2, très proche de ce proposait la Juve de l'époque.

 

En 34 et 38, jamais ils ne jouaient en 4-4-2 losange non plus.

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Euh...non. En 82, l'Italie joue le 3-5-2, avec un trio de défenseurs composé de Gentile-Collovati avec Scirea en libéro, Cabrini et Bergomi sur les côtés. Un 3-5-2, très proche de ce proposait la Juve de l'époque.

 

En 34 et 38, jamais ils ne jouaient en 4-4-2 losange non plus.

 

Sur le papier c'était du 3-5-2 mais sur le terrain c'était autre chose , je te rejoint le 3-5-2 a été appliqué lors des premier matchs de la Squadra contre le Peru , Pologne et Caméron mais sur ces 3 match là ils ont récolté que 3 pts ils finissent deuxième de leur groupe , et Bearzot avait été foudroyer par la presse italienne , ( à l'image de Del Bosque lors de son premier match face à la Suisse WC 10 et Italie 12 ( Groupe ) ) ce qui a fait que le Enzo repasse au 4-4-2 ça ressemblait vraiment à ça son truc :

 

.............................Zoff

Bergomi...Collovati...Scirea...Cabrini 

..................Gentile....Oriali.............

..............Tardelli....Conti............

.............Graziani(Altobelli)...Paolo Rossi

 

A noter que Conti après les matchs de poule a jouer en tant que milieu qui décroche vers l'avant sauf ( en finale face à la RFA ) , mais en gros je suis d'accord avec toi Ayoub.  ^^ 

 

Et même en 34 et 38 j'ai pas vu leurs matchs sincèrement , mais il y avait un document que j'avais vu sur Sky Sport Italia y'a pas longtemps une interview avec un des joueurs de l'époque , il disait que leur entraîneur joueur avec un 4 4 2 et avec un Meaza plus excentré dans l'axe. Je vas jeter un coup d'oeil sur YouTube au cas où je la trouve je te la passe par MP. :ok:    

 

Giancarlo Antognoni - Gabriel BatisutaSocrates - Rui Costa.

 

 

 

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Non non, je trouve que tu interprètes mal les événements. J'ai même l'impression que tu te bases surtout sur le match contre le Brésil pour parler de 4-4-2 "losange". Parce que c'est seulement là qu'on voit Gentile entrer dans l'entre-jeu, justement pour casser du brésilien. C'était un petit coup de Bearzot, qui avait d'ailleurs plus ou moins fait la même chose contre l'Argentine, seulement cette fois c'était plus une simple question de marquage individuel sur Maradona de la part de Gentile. 

 

Sinon, c'était constamment une ligne de 3 derrière. 

 

Pour comprendre un schéma tactique, il faut souvent le voir quand la balle est perdue. L'Italie de Bearzot ne pressait pas, et dès la perte de balle, c'était le repli. Et là, le 352 était bien évident.

Avec le ballon, il arrivait que Gentile monte un peu, mais il était souvent compensé par Bergomi qui le couvrait, rigueur tactique italienne oblige. Scirea montait aussi quelques fois, ca restait quand même un défenseur quoi.

 

Bref, on était bel et bien en 3-5-2. La finale est là pour le prouver, comme tu dis.

 

Pour ce qui est de l'Italie de l'avant-guerre, elle gagne en 34 et 38 en jouant dans le Metodo de Pozzo. Ce n'était pas du tout un 4-4-2. 

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Busquets, je pense qu'il a atteint un niveau que jamais Guardiola n'a atteint (sa carrière de joueur est ultra surcôtée je trouve, moi qui suivait beaucoup le foot espagnol à cette époque, il ne sortait pas vraiment de l'ordinaire)

Tu l'as connu quand ? Si c'est vers la fin des années 90, je comprends parfaitemment ce que tu veux dire.^^

 

Mais avant, c'était quelque chose Pep.

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Une des plus grandes révolutions de ce football de Michels. Souvent oublié au détriment de tout ce qui se faisait avec le ballon, mais à la perte de balle, son équipe était un cauchemar pas moins effrayant pour les adversaires.

 

Encore aujourd'hui, ce qu'ils font est impressionnant franchement.

 

EDIT :

 

À 1 35 puis à partir de 1:55 ici, encore plus fort !

 

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  • 3 mois plus tard...

Je ne savais pas trop où poster cela, donc je le mets ici:

 

http://www.lesinrocks.com/2014/05/18/livres/jean-claude-michea-mepris-du-football-signe-dune-veritable-infirmite-intellectuelle-11503588/

 

C'est une interview d'un philosophe français Jean-Claude Michéa concernant le foot, dans laquelle il nous parle un peu de l'histoire récente de ce sport ainsi que de son évolution à différents niveaux. Et elle est franchement interessante ! Même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit.

 

 

Jean-Claude Michéa : “Le mépris du football est le signe d’une véritable infirmité intellectuelle !”

 

Philosophe, Jean-Claude Michéa est loin de passer la main quand il est question de ballon rond. Témoin son dernier livre “Le plus beau but est une passe” (ed.Flammarion). Délaissant son côté gauche, et dragué par le flanc droit, Michéa fonce droit au but, sans jamais être hors-jeu. Interview.

Comment vous est venue l’idée de faire un livre sur le football ? 

Jean-Claude Michéa – L’idée de rassembler mes textes sur le football est surtout venue – Mondial oblige – de mon éditeur ! Mais je l’ai évidemment acceptée de bonne grâce. Il faut dire qu’à l’inverse de tous ceux qui se demandent encore comment il est possible de s’intéresser à la fois à Spinoza et à Lionel Messi, j’aurais plutôt tendance, pour ma part, à voir dans le mépris du football le signe d’une véritable infirmité intellectuelle ! Ce n’est bien sûr là – j’en suis parfaitement conscient – que la forme symétrique du préjugé intellectuel dominant. Et qui doit sans doute beaucoup au fait que j’ai été élevé dans un milieu où l’intérêt pour le sport était la chose du monde la mieux partagée (mon père était journaliste sportif à L’Humanité et rédacteur en chef de Miroir du cyclisme). Il reste qu’en un double entretien de Xavi et d’Iniesta récemment (dans Sofootnuméro 115, ndlr), je me suis encore surpris à penser que bien peu d’intellectuels de métier seraient capables, aujourd’hui, d’une telle humanité et d’une telle profondeur de pensée. Comme vous le voyez, mon “populisme” est décidément incorrigible !

 

 

Quel rôle a joué la victoire de la France en 1998, sur la perception du football par l’élite socioculturelle ? 

La victoire de 1998 a certainement joué un rôle dans le nouveau regard porté par une partie de l’élite intellectuelle et artistique sur le football (jusque là, les Camus, les Pasolini ou les Jorge Semprun étaient clairement des exceptions). Mais bien moindre, toutefois, que l’arrêt Bosman, en 1995. C’est surtout, en effet, à partir de cet arrêt imposé à l’UEFA par la Cour de justice européenne – arrêt qui permettait de lever les derniers obstacles juridiques à l’introduction de la “concurrence libre et non faussée” dans le monde du football européen – que le montant des transferts a commencé à atteindre un niveau surréaliste et que l’image des stars du football en est venue, en conséquence, à changer du tout au tout. Dès lors, en effet, que ces stars pouvaient s’offrir “une Rolex avant 50 ans”, poser dans des clips publicitaires ou sortir avec des top models, plus rien ne s’opposait à ce qu’elles soient désormais célébrées par Le Grand Journal de Canal Plus. Reste à savoir si cette consécration du football par le monde de l’élite et des privilégiés repose sur une véritable connaissance du jeu. On peut aussi en douter.

 

 

Comment expliquez-vous le manque de spectacle souvent décrié et dénoncé dans le football français. Ses critiques peuvent-elles être mises en lien avec un manque de connaissance des élites dirigeantes du football de l’histoire de ce sport ?

La pauvreté du spectacle offert par la Ligue 1 tient précisément à cette intégration croissante du football moderne dans la logique de l’économie de marché. D’une part, en effet, la plupart des clubs français – à l’exception du PSG et de Monaco – sont de moins en moins capables de conserver leurs meilleurs joueurs d’une saison sur l’autre, y compris ceux qu’ils ont eux-mêmes formés. Et de l’autre, les intérêts économiques en jeu font qu’une descente en Ligue 2, ou une absence prolongée au niveau européen  peuvent aujourd’hui avoir des conséquences très graves sur l’équilibre financier, et donc sur la survie sportive de ces clubs. Personne n’a évidemment envie de connaître le sort du Racing club de Strasbourg par exemple (le club a été mis en liquidation judiciaire et a perdu son statut professionnel pour raisons financières en août 2011 – ndlr).

C’est pourquoi, de nos jours, la grande majorité des équipes entrent sur le terrain avec pour seule idée en tête de ne pas perdre, tout en tablant sur les contres et les coups de pied arrêtés pour espérer inscrire un but. C’est là, en somme, l’effet le plus visible de la logique économique sur l’organisation du jeu lui-même. Naturellement, une pression économique aussi intense n’existait pas encore à l’époque de Georges Boulogne. Sa croisade en faveur d’un football dit “réaliste” relevait donc beaucoup plus, chez lui, d’une véritable adhésion personnelle aux dogmes de la culture libérale (l’idée qu’il n’y a “que le résultat qui compte”). Doublée, d’ailleurs, d’une étrange fascination pour la “virilité” (le “jeu à la rémoise” – construit à partir de la multiplication des passes courtes vers l’avant et au sol – lui paraissant le comble d’un football “efféminé”). Si l’on ajoute que la Direction technique nationale est toujours profondément marquée par l’héritage philosophique de Georges Boulogne – et qu’elle contrôle la formation de tous les entraîneurs français – on ne doit donc pas s’étonner de la qualité du spectacle proposé sur les stades de Ligue 1.

 

 

Le football, et encore plus le football moderne est-il le théâtre de la tricherie ? Que pensez-vous de l’usage de la vidéo dans le football ? Comprenez-vous les réticences du président de l’UEFA, Michel Platini (l’idée que le football devrait préserver son caractère “humain”, jusque dans ses erreurs) ? 

Concernant le recours à la vidéo, je comprends parfaitement ses réticences. Mais cette position ne me semble plus guère tenable à l’ère de l’écran généralisé et des replays ou des ralentis passés en boucle, y compris sur les écrans des stades. L’arbitre se retrouvant ainsi, par un curieux paradoxe, le seul à devoir être privé des éléments d’information dont disposent aujourd’hui tous les journalistes et tous les spectateurs (ce qui contribue à rendre l’exercice de son métier encore plus anxiogène). Sans compter que l’usage de la vidéo pourrait également rendre plus beaucoup difficile cette multiplication des matchs truqués – notamment en Asie – que le développement des paris en ligne a rendue inévitable. Un tel usage devrait, bien sûr, être strictement limité aux cas les plus litigieux. Et si – après trois visionnages, par exemple, d’une action contestée – la vidéo ne permet toujours pas de trancher, ce serait naturellement à l’arbitre de prendre, comme aujourd’hui, l’ultime décision. Il reste que si ce problème a pris, de nos jours, une telle ampleur, c’est bien parce que l’esprit de fairplay – celui qui pousse, par exemple, un joueur à reconnaître la faute qu’il a commise – trouve de moins en moins sa place dans un univers dominé par l’idée que business is business et que tous les coups sont donc permis. Comme l’écrivait Christopher Lasch*, le “déclin de l’esprit sportif” est la contrepartie inexorable du développement capitaliste.

 

 

Vous décrivez le football comme un des instrument efficaces du “soft power”. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il  s’agit ?

Le concept de soft power a été avancé par Joseph Nye en 1990 dans le cadre de ses réflexions sur les nouvelles formes de la puissance américaine. L’intérêt de ce concept – aussitôt repris par Collin Powell et les théoriciens du Pentagone – est de nous rappeler que les progrès planétaires du capitalisme s’expliquent aujourd’hui beaucoup moins par l’usage direct de la force et de la coercition (ce que Nye appelle le “hard power”) – usage qui n’a évidemment pas disparu – que par le pouvoir de séduction qu’exercent son imaginaire consumériste et son omniprésente propagande publicitaire. Il n’est effectivement pas nécessaire de mettre un policier derrière chaque adolescent moderne pour l’obliger à boire du Coca-Cola ou à mettre sa casquette de baseball à l’envers ! Marx l’avait, du reste, bien pressenti lorsqu’il écrivait, dans le Manifeste, que “le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui [permet au capitalisme] de battre en brèche toutes les murailles de Chine et (…) force toutes les nations à introduire chez elles la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises”.

En ce sens, “l’idéologie sportive” – que je distingue toujours soigneusement de l’esprit sportif – est bien devenue l’un des éléments fondamentaux du soft power. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la mise en scène médiatique de plus en plus outrancière – et le merchandising corrélatif – qui entoure désormais les grandes cérémonies sportives mondialisées, qu’il s’agisse d’une Coupe du monde de football ou des Jeux olympiques.

 

 

Le sport, par le prisme du football, n’est-il pas devenu le vecteur numéro de la diffusion culturelle dans le monde et à travers les peuples ?

En 1995, Eduardo Galeano soulignait déjà qu’une finale de Coupe du monde avait désormais le pouvoir de rassembler “le public le plus nombreux de tous ceux qui se sont réunis tout au long de l’histoire de la planète” (le match Brésil-Italie de 1994 a, de fait, été regardé par plus de deux milliards de spectateurs). Je ne vois cependant pas de raison particulière de séparer ici l’existence de ce football industrialisé des autres formes de la culture mainstream – qu’il s’agisse de la mode vestimentaire, des séries télévisées ou de la world music (un concert géant de musique rock relève, au fond, de la même logique industrielle). Si ce n’est, justement, que le football peut encore s’appuyer sur un véritable public de connaisseurs majoritairement issus des classes populaires (les Etats-Unis étant l’exception qui confirme la règle). C’est l’existence de ce public international d’aficionados – donc massivement attaché au beau jeu et à la diversité des styles nationaux – qui représente toujours le principal obstacle à l’uniformisation marchande intégrale de ce sport. Mais, au train où vont les choses, rien ne dit – je le rappelle régulièrement – que le football d’élite ne finisse un jour par se transformer en une nouvelle variante hollywoodienne de Rollerball, sur fond de pom-pom girls déchaînées, de coupures publicitaires incessantes et de vente industrielle des reliques marchandes appropriées.

 

 

Franz Beckenbauer a récemment affirmé que le jeu du Bayern “l’ennuyait”, maintenant que Guardiola entraîne l’équipe. Pourtant beaucoup louaient le jeu proposé par le FC Barcelone les saisons précédents. Autre exemple, un des plus beau matchs de football des ces dernières années, la finale de Ligue des champions 2006 Liverpool-Milan, a vu l’opposition de deux styles de jeu diamétralement opposés. La notion de beau jeu ne repose-t-elle pas davantage sur le message délivré par les entraîneurs aux joueurs que sur le système ?

Si la raison d’être du football est bien toujours de marquer des buts, j’aurais tendance à dire que la vérité de ce jeu se joue donc essentiellement dans les trente derniers mètres. C’est dans cette zone spécifique du terrain – où tous les gestes deviennent décisifs – que l’art de combiner déplacement collectif et prises de risques individuelles doit être à son apogée. Le problème actuel de Barcelone – et celui, pour l’instant, du Bayern de Munich de Guardiola – c’est que cet art n’a plus aucun secret, aujourd’hui, pour les équipes adverses. Le même problème s’était d’ailleurs déjà présenté dans les années soixante lorsque Helenio Herrera avait justement inventé le catenaccio moderne pour contrer le 4-2-4 dévastateur des équipes formées à l’école hongroise et brésilienne. Et tant que ce problème n’aura pas été résolu, le jeu à la barcelonaise court effectivement le risque de devenir de plus en plus un simple jeu de passe à dix, stérile et monotone. Il existe pourtant déjà des solutions. Le Bayern Munich de Jupp Heynckes avait, par exemple, su perfectionner le jeu du Barca en y ajoutant la vitesse et l’habitude des passes longues, créatrices d’espace et d’appels en profondeur. Et, quitte à vous surprendre, je dirais qu’il y a également beaucoup de choses intéressantes dans le Real Madrid de Carlo Ancelotti. Car si le jeu de ce dernier demeure essentiellement fondé sur le contre, ces “contres” constituent en réalité de véritables “attaques placées”, reposant sur un système de passes vers l’avant non seulement explosif mais collectivement construit. Il reste que si l’opposition des styles offre, en effet, presque toujours la garantie d’un match ouvert et agréable à regarder, ce n’est forcément plus le cas lorsque les deux équipes privilégient simultanément le contre et que chacune d’entre elles attend donc que l’autre prenne le jeu à son compte et fasse le spectacle. Or c’est bien à ce type de situation que conduit inévitablement la généralisation d’un football fondé sur le primat du moment défensif. Une équipe entraînée par Mourinho pourra certes toujours contribuer à la beauté d’un match (l’entraîneur de Chelsea est assurément un tacticien et meneur d’hommes exceptionnel). Mais il va de soi qu’un football dont l’affiche permanente serait Mourinho contre Mourinho aurait toutes les chances d’être soporifique.

 

 

Aujourd’hui, sont apparus de nombreux investisseurs dont la puissance financière paraît illimitée. Pour y répondre, l’UEFA veut mettre en place un fairplay financier. Pensez-vous que cette réponse est adéquate ? Ou que ce système peut exploser dans un futur proche ?

A partir du moment où la structure du football moderne s’inscrit de plus en plus dans la logique du capitalisme (l’organisation d’un Mondial – à commencer par le choix des sites – n’obéit déjà plus à des critères purement sportifs) il y a effectivement de quoi être inquiet. Tout le système repose, en effet, sur une pyramide de Ponzi, en tout point équivalente à celle de la finance internationale (la question de l’endettement des clubs y joue d’ailleurs déjà un rôle central). Cela signifie que le football d’élite n’est absolument pas à l’abri, dans les années qui viennent, d’une version ballon rond de la crise des subprimes. Quelqu’un comme Platini – qui reste, avant tout, un aficionado – en est certainement très conscient. D’où sa modeste proposition d’un fairplay financier, au nom, en somme, de cette exception culturelle que représente encore en partie l’univers du sport professionnel. Le problème, on l’a bien vu avec l’arrêt Bosman, c’est qu’aux yeux de la nomenklatura européenne, toute forme d’”exception culturelle” représente, par définition, une entrave inacceptable au libre mouvement des capitaux et à la recherche incessante du profit. On retrouve donc bien ici les analyses de Christopher Lasch. Si l’”idéologie sportive” est incontestablement devenue une dimension majeure du soft power libéral, le véritable esprit sportif, en revanche, apparaît tout aussi incompatible avec les principes fondamentaux du système capitaliste que la gratuité, l’entraide, l’amitié ou l’esprit du don.

 

 

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Jean-Claude Michéa est d'ailleurs un grand amateur de football, sur lequel il a écrit un livre si ça en intéresse certains : "Le plus beau but était une passe".

 

EDIT ; J'avais pas vu que c'était mentionné en fait. Mais je peux cependant ajouter qu'écouter/lire les différentes interviews de Michéa est très intéressant.

1494507745-logo.png

Analyses tactiques, focus, stats,...

https://kevinbernard13.wixsite.com/latelier-tactique

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