Voici un article intéressant trouvé sur un forum du Bayern Münich !
( Je sais je ne suis pas un grand posteur sur le forum, mais n'arrivant plus à dormir, j'ai trouvé ça en me baladant sur le net et ai décidé de vous le faire partager )
L'Allemagne, modèle (aussi) pour le football
Le Bayern Munich reçoit le Real Madrid mardi soir en demi-finale de la Ligue des champions. La nouvelle preuve d'un modèle efficace.
"Le football est un sport qui se joue à onze contre onze et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent." Cette petite maxime du foot - fruit d'un Gary Lineker dévasté après la défaite anglaise face à la Mannschaft de Franz Beckenbauer en 1990 - n'a pas perdu de sa justesse aujourd'hui. Michel Platini déclarait même, en février dernier : "L'Allemagne est actuellement la meilleure équipe d'Europe. Elle est jeune, réactive et aborde l'Euro 2012 en tant que grande favorite avec l'Espagne." Alors, avant même de voir s'affronter le Bayern Munich et le Real Madrid, mardi soir à l'Allianz Arena, pour le compte des demi-finales de la Ligue des champions, le football allemand peut s'enorgueillir d'avoir bâti un modèle solide. Peut-être même le plus complet d'Europe.
Car dans les faits, le football allemand, c'est : des stades remplis, du spectacle à foison, un public populaire, des clubs bénéficiaires et une formation pointue. À première vue, la Bundesliga réunit toutes les forces des championnats européens. Comme en Angleterre, les stades regorgent de spectateurs ; comme en Espagne, le jeu est plaisant et offensif ; comme en France, la formation est reconnue. Sauf que le modèle allemand innove, évitant les écueils de ses voisins : l'assise populaire demeure, les transferts ne sont pas mirobolants, l'endettement est quasi inexistant et les jeunes formés restent au pays pour alimenter la Nationalmannschaft.
Le championnat le plus rentable d'Europe
Alors évidemment, d'aucuns mettront en exergue l'absence de titre majeur depuis plus de dix ans (1) ou la défaite de l'équipe de Joachim Löw face aux Bleus de Laurent Blanc (1-2 à Brême en février dernier). Mais c'est bien connu : un arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse.
Le championnat allemand de football est en effet le plus rentable d'Europe avec douze clubs bénéficiaires (sur 18) la saison dernière. Selon le cabinet Deloitte, la Bundesliga a généré en 2009-2010 un chiffre d'affaires de 1,7 milliard d'euros, le tout pour un bénéfice net s'élevant à 138 millions d'euros. Même la Premier League anglaise ne fait pas mieux (101 millions d'euros de bénéfices). Et la bonne santé du football rhénan s'étend au-delà des frontières du ballon rond. L'étude réalisée par le cabinet McKinsey en 2010 montre tout le poids économique des activités footballistiques professionnelles : 110 000 emplois en découlent directement ou indirectement et l'Etat perçoit près de 1,5 milliard d'euros d'impôts.
Le tournant des années 2000
Pour en arriver là, les dirigeants du foot allemand ont dû d'abord faire face à une grave crise au début des années 2000. L'élimination au premier tour de l'Euro 2000 couplée à la faillite du géant des médias Kirch en 2002 ont contraint la Fédération, la Ligue et les clubs à changer leurs politiques. "Le groupe Kirch représentait 30 % de nos revenus. Du coup, la Bundesliga a failli disparaître et il a fallu se réinventer", explique Christian Seifert, le P-DG de la Ligue allemande de football (DFL). La rigueur budgétaire devient alors la règle avec un principe simple : on ne dépense pas plus qu'on ne gagne. Pour défendre ce principe, la DFL voit le jour sous sa forme la plus aboutie en 2001 et impose aux clubs allemands de faire examiner leurs bilans par des cabinets d'audit type KPMG ou Deloitte, avant chaque début de saison. "Nous demandons juste aux équipes de nous prouver avant le début du championnat qu'elles ont suffisamment d'argent pour financer la saison à venir", précise Christian Seifert.
En parallèle, la formation devient un axe majeur - et forcé - de la politique des clubs. En effet, pour obtenir l'autorisation de la Ligue à prendre part au championnat, les 36 clubs professionnels allemands doivent obligatoirement disposer d'un centre de formation digne de ce nom ainsi que d'une équipe de jeunes dans chaque catégorie d'âge. Un quota de joueurs nationaux susceptibles d'intégrer la Nationalmannschaft est même imposé à partir des moins de 16 ans (12 par équipe). Du coup, depuis 2002, ce sont plus de 515 millions d'euros qui ont été investis dans les centres de formation et près de 5 000 jeunes y séjournent actuellement. Et ces efforts ne sont pas restés vains puisque actuellement 52,4 % des footballeurs de Bundesliga ont été formés dans ces centres.
"Ces joueurs n'exigent pas d'énormes salaires en début de carrière et cela limite les charges de leurs équipes", souligne Christian Seifert. En effet, la masse salariale des clubs allemands ne dépasse pas en moyenne 40 % de leurs recettes, un chiffre aux antipodes des championnats européens. Le taux d'endettement en Bundesliga est donc préservé (39,8 %) alors qu'il crève le plafond en Espagne (246 %) ou en Angleterre (129 %).
Des stades, une culture
Mais la réussite du modèle allemand ne tient pas qu'à sa rigueur budgétaire et sa politique de formation. La Coupe du monde 2006 a ainsi amené l'Allemagne à effectuer des investissements structurels afin de se doter d'enceintes sportives ultramodernes, faisant qu'aujourd'hui, plus de neuf stades dépassent les 50 000 places. Sièges à l'abri de la pluie, escalators dans les stades, parkings nombreux, commerces abondants, vidéosurveillance renforcée, tout a été pensé pour faciliter la vie du supporter. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le public le plus nombreux d'Europe se trouve outre-Rhin (42 700 spectateurs en moyenne, soit deux fois plus qu'en France et 25 % de mieux qu'en Angleterre).
N'étant pas enseveli sous des amas de dettes, les clubs rhénans ont alors pu instaurer des prix accessibles à tous. "À l'inverse de l'Angleterre, il n'y a pas eu de sélection par l'argent, ce qui a permis de développer un football populaire", remarque Patrick Mignon, chercheur au Laboratoire de sociologie du sport de l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance). La culture du supporter est très présente outre-Rhin et elle s'ajoute à une autre particularité allemande. Le merchandising est très développé et les produits dérivés (écharpes, maillots, bonnets, etc.) s'écoulent comme des petits pains. D'autant que le public ne se déplace pas seulement pour voir un match de foot, il vient aussi pour consommer. Ainsi, à chaque rencontre, un supporter dépense en moyenne plus de 10 euros alors qu'en France, un spectateur ne débourse pas plus de... 1,5 euro !
Alors, avec plus de six millions de licenciés, le foot est une vraie religion qui brasse un maximum d'Allemands, de la simple pratique sur les terrains aux encouragements vigoureux dans les gradins. L'identification des supporters à leur club ou à leur équipe nationale est particulièrement forte. Ainsi, pour préserver cette culture identitaire, la DFL a mis en place la règle du "50 + 1", selon laquelle au moins 51 % d'un club doit être détenu par ses membres. Concrètement, ce principe interdit à tout investisseur extérieur de devenir majoritaire dans un club sauf s'il détient des actions depuis... plus de 20 ans ! De quoi éviter les scénarios type Qatar/PSG ou les dérapages que connaissent les clubs de Premier League. Et surtout, de bien placer ses billes en vue de l'imminente instauration du fair-play financier, cher à Michel Platini, dès 2013 et qui prévoit d'assainir les comptes des clubs européens. L'Allemagne est déjà passée par là et compte bien profiter de son avant-gardisme en la matière.
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