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Football et décolonialisme: au Brésil, dribbler la domination blanche

Du pionnier Arthur Friedenreich, premier footballeur noir admis en sélection nationale, aux soulèvements des supporters ultras contre la Coupe de monde en 2014 ou plus récemment contre Jair Bolsonaro, l’histoire du futebol est intimement liée à la volonté d’émancipation et de reconnaissance des descendants d’esclaves.

Ce 29 mai 1919, à Rio de Janeiro, un soleil de plomb écrase le stade de Laranjeiras. Les jambes épuisées des vingt-deux footballeurs semblent s’enfoncer dans la pelouse grasse. Depuis maintenant près de deux heures, la rencontre n’arrive pas à départager qui du Brésil ou de l’Uruguay remportera le championnat sud-américain de football, ancêtre de la Copa América.

Soudain, le Brésilien Arthur Friedenreich frappe la balle qui part s’engouffrer dans les buts adverses. Les tribunes exultent : le Brésil vient de remporter son premier titre international. Un malaise traverse pourtant les gradins. L’artisan de cette victoire historique est métis. Arthur Friedenreich est en effet le fils d’un businessman allemand et d’une Brésilienne à la peau noire (en voir plus ici).

Introduit au Brésil en 1894 par le fils d’un ingénieur britannique des chemins de fer, le football est officiellement réservé à la bourgeoisie blanche en ce début de XXe siècle. Les Noirs, les Métis et les Amérindiens sont exclus de toute compétition.

Toutefois, à Campinas, une cité ouvrière de l’État de São Paulo, naît en 1900 le club Ponte Preta qui rassemble des travailleurs non-blancs des chemins de fer. En 1907, dans la banlieue de Rio, le Bangu AC, club de l’usine locale, accueille des footballeurs-ouvriers noirs et se voit de facto prohibé de championnat carioca.

Dans le sud du pays, à Porto Alegre, les joueurs noirs, interdits de s’inscrire dans les clubs blancs, mettent sur pied leur propre ligue autonome, la Liga Nacional de Futebol Porto-Alegrense vite surnommée péjorativement la Liga das Canelas Pretas (Ligue des Tibias Noirs). Son premier championnat est organisé le 13 mai 1920, date anniversaire de l’abolition de l’esclavage au Brésil. « Dans cette ligue, l’apprentissage du football a été indépendant, plus ludique et plus intense, ce qui a conduit les Noirs et les pauvres, en général, à jouer encore mieux que l’élite bourgeoise », explique l’historien José Antônio dos Santos.

 

Dans les grands clubs blancs, quelques rares Métis font leur apparition sous contrainte de masquer leur afro-brésilianité. Quand, en 1914, le premier footballeur métis, Carlos Alberto, rejoint l’équipe du Fluminense FC, il est obligé de se blanchir la peau avec de la poudre de riz avant d’entrer sur le terrain.

Arthur Friedenreich est quant à lui victime du racisme des arbitres blancs. Durant ses matchs à São Paulo, les fautes que pratiquent sur lui ses adversaires ne sont pas sifflées, ce qui l’oblige à élaborer des feintes de corps afin d’esquiver leurs charges violentes. Selon la légende populaire, c’est en évitant une voiture, par un mouvement de bassin alors qu’il traversait la rue, qu’il aurait eu l’idée de reproduire ce geste sur le terrain.

« Ruse et technique de survie des premiers joueurs de couleur, le dribble leur évite tout contact avec les défenseurs blancs, écrit l’auteur Olivier Guez dans son ouvrage Éloge de l’esquive paru en 2014. Le joueur noir qui ondule et chaloupe ne sera pas rossé, ni sur le terrain ni par les spectateurs à la fin de la partie ; personne ne l’attrapera ; il dribble pour sauver sa peau. » À travers ses dribbles ravageurs, Friedenreich met en scène sur le terrain la condition même du dominé qui, pour exister, doit avant tout se soustraire à la violence du dominant.

La question raciale devient progressivement source de tension au sein du football brésilien. En 1921, le président de la République du Brésil, Epitácio Pessoa, émet un « décret de blancheur » pour qu’au sein de la sélection nationale ne soit admis que « le meilleur de notre élite footballistique, les garçons de nos meilleures familles, les peaux les plus claires et les cheveux les plus lisses ».

 

Deux ans plus tard, le championnat de Rio de Janeiro est remporté par le CR Vasco de Gama. L’équipe, fondée par des immigrés portugais, comporte trois joueurs noirs, un métis et six ouvriers blancs. Un véritable affront pour les clubs bourgeois de Rio qui tentent d’imposer au sein du tournoi des règles discriminatoires à l’encontre des footballeurs noirs ou issus des classes populaires.

Le président du CR Vasco de Gama, dans une lettre datée du 7 avril 1924 – entrée dans la postérité sous le nom de « Réponse historique » – répond qu’il continuera à aligner ses joueurs habituels. Quelques semaines plus tard, l’équipe fait tomber les barrières de la ségrégation raciale en remportant pour la deuxième fois consécutive le championnat de Rio.

À l’occasion de la Coupe du monde 1938 en France, le Vieux Continent découvre, stupéfait, le style de jeu des Afro-Brésiliens de la Seleção. L’avant-centre noir Leônidas da Silva, meilleur buteur de ce Mondial, popularise la bicyclette – frappe à la volée du ballon en effectuant un saut arrière. Le défenseur métis Domingos da Guia a pour sa part conquis le public avec ses domingadas (le fait de sortir de la défense en dribblant un à un ses adversaires). « Il y a quelque chose qui rappelle la danse, la capoeira, dans le football brésilien, qui adoucit et arrondit ce jeu inventé par les Britanniques, analyse alors l’anthropologue brésilien Gilberto Freyre. Ce jeu pratiqué de façon si aiguë et anguleuse par les Européens – tout cela semble exprimer […] le métissage à la fois flamboyant et ingénieux qui peut aujourd’hui être décelé à travers toute affirmation propre au Brésil ».

 

 

En 1950, c’est au tour du Brésil d’accueillir la Coupe du monde. Après avoir emporté haut la main l’ensemble de ses matchs, la Seleção, grande favorite de la compétition, affronte en finale l’Uruguay à Rio de Janeiro. Le match est dépeint comme une formalité au vu de la supériorité technique des Brésiliens et les journaux ont déjà titré sur les futurs vainqueurs. Mais le 16 juillet 1950, dans un stade Maracanã pétri de stupeur, la sélection uruguayenne est sacrée championne du monde après deux buts contre un.

La défaite est vécue au Brésil comme une humiliation nationale, un trauma dénommé depuis Maracanaço, le « choc du Maracanã ». Désigné comme principal coupable, le gardien noir Barbosa est ostracisé et condamné à vivre comme un paria – il faudra attendre le Mondial 2006 pour qu’un gardien noir, Dida, soit titulaire de la Seleção. Les footballeurs noirs sont suspectés de ne pas supporter la pression psychologique des grands matchs et de ne pas être suffisamment combatifs. « Les joueurs de race nègre perdent une grande partie de leur potentiel dans les compétitions mondiales », affirme en 1956 un rapport officiel de la Confédération brésilienne de football.

 

Résistances indigènes et avant-garde ultra

Huit ans après le Maracanaço, le Brésil s’envole pour le Mondial en Suède avec la volonté farouche de surmonter l’humiliation de la Coupe du monde 1950. À bord de l’avion, deux jeunes espoirs. Né avec une malformation congénitale (ses jambes sont arquées vers l’extérieur), Garrincha est issu d’une famille pauvre amérindienne. Son handicap physique qui rend ses dribbles virevoltants et ses origines modestes en ont fait une idole populaire.

Pelé, du haut de ses 17 ans, est quant à lui perçu comme le jeune prodige noir du Santos FC. Il voit dans la profession de footballeur un ascenseur social pour s’échapper du déterminisme racial de la société brésilienne. Le joueur passe ses heures libres à s’entraîner intensivement.

 

Mais Garrincha et Pelé sont avant tout perçus par la direction sportive comme des joueurs non-blancs. Le psychologue appelé par la fédération brésilienne pour évaluer mentalement les footballeurs juge Pelé « incontestablement infantile » et dépourvu du « sens des responsabilités indispensable à tout jeu d’équipe ». Garrincha aurait pour sa part un quotient intellectuel inférieur à la moyenne et manquerait d’agressivité.

Ces conceptions racistes font que les deux joueurs ne sont pas titularisés lors des premiers matchs. Après un nul contre l’Angleterre, le sélectionneur brésilien se risque toutefois à faire entrer le duo face à l’équipe de l’URSS. Dès lors, Garrincha martyrise par ses dribbles la terrible défense soviétique tandis que Pelé marque les buts de la victoire en quart de finale et en demi-finale.

La finale du Mondial 1958 s’achève par une victoire éclatante du Brésil face à la Suède 5 buts à 2. Le sacre international de la Seleção conjure la malédiction du Maracanaço.

Pour le dramaturge Nélson Rodrigues, cette consécration sportive symbolise l’avènement de la fierté afro-brésilienne : « Je me souviens juste après la fin du match Brésil-Suède d’avoir vu une petite femme à la peau noire. Une habitante typique des favelas. Mais le triomphe des Brésiliens l’avait transfigurée. Elle marchait le long du trottoir avec l’assurance d’une Jeanne d’Arc. Il en était de même pour les hommes noirs qui – attirants, éclatants, somptueux – ressemblaient aux fabuleux princes d’Éthiopie. »

Le jogo bonito (beau jeu), à coups de feintes ludiques, d’esquives et de dribbles, traduit aux yeux des Brésiliens une forme d’expression collective à dimension décoloniale. Ce détournement créatif d’un sport symbolisant l’hégémonie culturelle blanche réhabilite par ailleurs une figure mythique populaire, celle du malandro.

Incarné sur les terrains par Garrincha grâce à son jeu de jambes – la ginga, un mot désignant à la fois la démarche de la crapule des favelas et un mouvement de capoeira –, le malandro est le voyou qui mise sur sa roublardise pour accéder aux échelons sociaux qui lui sont interdits. « Le malandro danse et marche, simule et dissimule, à la frontière du bien et du mal, de la légalité et de l’illégalité, précise le musicien Chico Buarque dans un opéra dédié au dandy des rues. Bluffeur, provocateur, c’est un dribbleur social. »

 

 

La Seleção s’impose par la suite aux Coupes du monde 1962 et 1970, toujours grâce à son dénommé futebol arte, un football que l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano définit comme « fait d’esquives de la taille, d’ondulations du corps et d’envols de jambes qui venaient de la capoeira, danse guerrière des esclaves noirs, et des joyeux bals populaires des faubourgs des grandes villes ».

Le style de jeu et les victoires des joueurs non-blancs brésiliens, à l’instar de Garrincha, marquent profondément les communautés amérindiennes qui vont entrevoir dans le football un porte-voix pour leurs revendications. Ainsi, lorsque le Brésil organise la Coupe du Monde en 2014, les Amérindiens y décèlent une opportunité sans précédent pour rendre visibles à l’échelle internationale les résistances indigènes brésiliennes (relire ici notre dossier sur le Brésil face à son Mondial).

Le mouvement amérindien décide en effet de pleinement s’inscrire dans les luttes sociales alors en cours contre la tenue du Mondial au Brésil. « Nous allons nous joindre aux différents mouvements sociaux de Rio de Janeiro, ceux des favelas comme ceux du centre-ville, ceux des gitans, ceux des Noirs, nous allons tous nous unir pour organiser la contestation », annonce dès 2012 Carlos Pankararu, l’un des porte-parole de l’Aldeia Maracanã, centre culturel amérindien de Rio.

À partir de juin 2013, les communautés indigènes se joignent aux millions de manifestants qui descendent dans les rues avec pour slogan « Não vai ter Copa » (« La Coupe n’aura pas lieu »). Le 27 mai 2014, à Brasília, la police charge une manifestation de milliers d’Amérindiens autour du nouveau stade national baptisé Garrincha, après avoir occupé le siège de la société propriétaire de l’enceinte sportive.

Lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde, le 12 juin 2014, un garçon blanc, un jeune Amérindien guarani et une fillette noire lâchent devant des millions de téléspectateurs une colombe, symbole de paix entre les peuples. En quittant le terrain, l’enfant guarani de 13 ans, Werá Jeguaka Mirim, sort une petite banderole rouge sur laquelle on peut lire « Demarcação jà ! » (« Démarcation maintenant ! »). Le slogan se rapporte à la lutte indigène pour obtenir de l’État brésilien qu’il délimite les terres amérindiennes qui subissent la pression foncière des grands propriétaires terriens. Le geste de protestation sera furtif car censuré, les caméras se détournant rapidement vers les tribunes.

 

Quatre ans plus tard, Jair Bolsonaro est élu à la tête du pays. Surnommé durant la campagne électorale « le candidat des footballeurs », l’ancien militaire d’extrême droite a reçu le soutien de stars brésiliennes du foot, comme Rivaldo, Felipe Melo ou Ronaldinho.

Une semaine à peine après l’élection, le 4 novembre 2018, le Esporte Clube de Bahia, club professionnel de 1re division, rencontre le Fluminense FC dans le cadre du championnat brésilien. Les joueurs de Bahia entrent sur le terrain avec floqué au dos de leur maillot les noms des grandes figures noires de la lutte anticoloniale. Les footballeurs arborent devant des milliers de spectateurs les noms de Zumbi Dos Palmares, pionniers de la résistance contre l’esclavage au XVIIe siècle, ou encore de Maria Felipa, ouvrière qui a mené un groupe de 200 femmes noires et d’Amérindiens combattant contre les Portugais en 1822.

L’année suivante, au stade Maracanã de Rio de Janeiro, les deux clubs s’affrontent à nouveau le 13 octobre 2019. Le nouvel entraîneur du Fluminense, Marcão, et Roger Machado, coach de Bahia, s’affichent côte à côte, portant chacun un T-shirt de l’Observatoire de la discrimination raciale dans le football, une organisation antiraciste brésilienne. Dans un pays où plus de la moitié la population est non-blanche, Roger Machado et Marcão représentent les deux uniques entraîneurs noirs de la première division de football du pays.

 

À la conférence de presse d’après-match, Roger Machado condamne : « S’il n’y a pas de préjugés au Brésil, alors pourquoi les Noirs reçoivent-ils une moins bonne éducation ? Pourquoi 70 % de la population carcérale est-elle noire ? Pourquoi les jeunes Noirs sont-ils plus susceptibles d’être tués au Brésil ? » De janvier à juin 2019, la police de l’État de Rio avait tué 885 personnes, principalement des non-Blancs des favelas dont une jeune fille noire de 8 ans, Ágatha Félix. Un record absolu.

Et Machado de conclure : « La vérité, c’est que dix millions de personnes ont été réduites en esclavage. Il y a plus de 25 générations. Cela a commencé dans le Brésil colonial, s’est poursuivi dans le Brésil impérial et a été masqué par la République brésilienne. […] Les gens disent que le fait que je sois ici est la preuve que le racisme n’existe pas. La preuve que le racisme existe est que justement je suis un des seuls Noirs à être ici. »

 

La contestation antiraciste et décoloniale s’est également intensifiée dans les tribunes avec l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro. Une soixantaine de torcidas – groupes de supporters organisés – antifascistes ont récemment éclos dans les gradins des plus emblématiques clubs brésiliens. Les supporters du SC Internacional de Porto Alegre se mobilisent avec les mouvements noirs de la ville et participent au Quilombo Lemos, un espace urbain autogéré par la communauté afro-brésilienne locale et historiquement issu de la résistance d’esclaves fugitifs.

Les supporters Palmeiras Antifascistas de São Paulo font quant à eux régulièrement hommage dans les stades à Marielle Franco. La conseille municipale noire a été exécutée en plein centre-ville le 14 mars 2018 alors qu’elle était une des rares figures politiques dénonçant les crimes policiers racistes.

Depuis le 31 mai, ces collectifs de supporters ont temporairement mis de côté leurs rivalités sportives pour faire front commun à la politique racialement discriminatoire de Bolsonaro face à la pandémie. À São Paulo, les groupes ultras des quatre grands clubs de la métropole, dont les supporters Corinthians et leurs ennemis de toujours, ceux du Palmeiras, manifestent désormais ensemble.

La torcida du Grêmio marche en tête des défilés anti-Bolsonaro de Porto Alegre avec une énorme banderole qui clame « Contre la violence raciale », tandis que ceux du Fluminense et du Flamengo reprenaient à leur compte le slogan Black Lives Matter dans les cortèges de Rio de Janeiro le 7 juin dernier.

https://www.mediapart.fr/journal/international/190720/football-et-decolonialisme-au-bresil-dribbler-la-domination-blanche?utm_source=20200719&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20200719&M_BT=135393249294

  • Aimer 1

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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Dopage financier: comment l'UEFA a ruiné sa procédure contre Manchester City

Condamné en première instance par l'UEFA pour le plus gros dopage financier de l'histoire du foot, Manchester City a été relaxé en appel. L'UEFA a commis une étrange série d'erreurs qui ont sabordé sa propre procédure, en renonçant notamment à obtenir des documents accablants pour le club, que nous révélons aujourd'hui.

C’est une victoire inespérée pour Manchester City, et une sévère défaite pour ceux qui rêvent d'un football plus équitable. En février dernier, l’UEFA avait banni le club anglais de la Ligue des champions pour deux ans pour violation du fair-play financier, les règles édictées par la fédération européenne de football afin d’empêcher les clubs de fausser les compétitions en dopant artificiellement leurs revenus. Mais le 12 juillet, la sanction a été annulée en appel par le tribunal arbitral du sport (TAS). 

L’affaire semblait pourtant imperdable pour l’UEFA, qui avait ouvert une enquête à la suite des révélations publiées en novembre 2018 par Mediapart, Der Spiegel et nos partenaires de l’EIC grâce aux documents Football Leaks. Nous avions démontré, grâce à des courriels et documents internes, que le cheikh Mansour d’Abu Dhabi, propriétaire de City, avait injecté 2,7 milliards d’euros d’argent émirati dans le club, dont des centaines de millions grâce à des contrats de sponsoring surévalués entre le club et des entreprises d'Abu Dhabi, dont la plus grande partie était en réalité payée en sous-main par la holding personnelle du cheikh Mansour. 

La fraude de Manchester City est « de loin la plus importante violation des règles » du fair-play financier jamais portée à sa connaissance, a reconnu l’UEFA lors de la procédure. La fédération européenne a donc demandé au TAS d’infliger une « punition » exemplaire aux Skyblues, afin de « protéger l’intégrité de la Ligue des champions », « dissuader » d’autres fraudeurs de faire la même chose, et « rendre justice » aux clubs honnêtes, qui ont « souffert de l’avantage indu » que s’est octroyé City en se dopant aux pétrodollars.

L’analyse de la sentence arbitrale de 93 pages, publiée lundi soir, montre toutefois que les actes de l’UEFA lors de l'appel devant le TAS semblent en décalage avec son discours très offensif. La fédération européenne a en effet commis une série de bourdes et pris des décisions qui semblent contraires à ses intérêts, qui ont grandement aidé City à remporter la victoire.

 

L'UEFA a commencé par accepter que Manchester City choisisse deux des trois arbitres. Au final, le club a gagné à la majorité de deux contre un. C'est toujours à deux voix contre une que les arbitres ont donné tort à l'UEFA sur la prescription, mais aussi qu'ils ont exigé un très haut niveau de preuves.

La majorité des arbitres a estimé qu'il ne suffisait pas que les dirigeants de City décrivent la fraude dans des courriels. Ils ont exigé que le financement caché des sponsors par Abu Dhabi soit confirmé par les sponsors eux-mêmes, ou que l'UEFA retrouve la trace des transferts de fonds. Ce second type de preuve était impossible à obtenir, puisqu'il aurait fallu accéder aux comptes des sponsors, sur lesquels l'UEFA n'a aucune autorité.

Le TAS a estimé au final par deux voix contre une qu'une partie des infractions étaient prescrites, et que l’UEFA n’a pas apporté suffisamment de preuves pour celles qui ne l’étaient pas.

Pourtant, des éléments non prescrits et impliquant directement les sponsors existaient dans les Football Leaks, comme le montrent de nouveaux documents que nous révélons aujourd’hui. Mais l’UEFA a, de façon inexplicable, renoncé au dernier moment à demander ces preuves, alors que City avait l’obligation de les fournir. Ce qui a grandement contribué à la victoire du club.

L’attitude de l'UEFA est d'autant plus problématique qu’on retrouve le même schéma avec le PSG, qui avait lui aussi massivement fraudé le fair-play financier, mais a été sauvé par le TAS pour vice de procédure. La fédération européenne avait alors renoncé à contester cette décision alors que ses chances de gagner étaient jugées importantes en interne, selon une enquête du New York Times

Bref, l’UEFA a appliqué sa philosophie habituelle : forte avec les faibles, faible avec les forts. L’affaire de Manchester City consacre le fait que le fair-play financier est devenu un système à deux vitesses : seuls les clubs petits et moyens sont sanctionnés, tandis que les clubs les plus riches et influents peuvent continuer à se doper financièrement en toute impunité, alors même que leur domination sur le terrain n’a jamais été aussi écrasante.

 

Contactée par Mediapart, l’UEFA a refusé de répondre à nos questions factuelles au motif que la procédure devant le TAS est « confidentielle », mais dément fermement avoir fait exprès de blanchir City : « Il est totalement inacceptable de suggérer que l’UEFA n’a pas férocement défendu » sa position. La fédération européenne de foot indique qu'elle n'est « pas satisfaite du résultat » et qu'elle a «  investi des ressources considérables en argent, en temps et en énergie » pour tenter de faire condamner City.

Pour comprendre, il faut revenir à nos révélations issues des Football Leaks du 5 novembre 2018 sur le dopage financier de City. Peu après la parution, l’UEFA se contente de demander des explications au club. La fédération européenne n’a jamais demandé les documents au lanceur d’alerte Rui Pinto, à l’origine des Football Leaks, poursuivi au Portugal, notamment pour piratage informatique présumé. 

Cette décision est absurde. L’UEFA a en effet plaidé par la suite devant le TAS que, vu l’ampleur de la fraude présumée, les documents étaient parfaitement admissibles, même s'ils avaient été piratés. Le TAS a jugé que l’UEFA avait raison. Il n’y avait donc aucune raison de ne pas demander les documents à l’homme qui les avait obtenus.

Le 2 mars 2019, notre partenaire Der Spiegel publie une suite de l’enquête, illustrée par six courriels originaux issus des Football Leaks, dans lesquels les dirigeants de City écrivent que la société du cheikh Mansour verse en sous-main aux sponsors la majorité des sommes qu’ils paient au club. 

C’est la publication de ces documents qui décide enfin l’UEFA à ouvrir, cinq jours plus tard, une enquête interne. Mais l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC), le tribunal financier de l’UEFA, choisit de se baser uniquement sur les six courriels reproduits par Der Spiegel, ignorant les autres documents cités dans nos précédents articles.

L’UEFA a donc décidé sciemment d’attaquer l’un des clubs les plus riches et les plus procéduriers du monde avec des mails accablants mais peu nombreux, et qui risquaient d'être prescrits. En matière de fair-play financier, la prescription est de cinq ans, ce qui signifie qu’il faut prouver que City a fraudé après mai 2014. L’UEFA ne pouvait pas l’ignorer, puisqu’elle a elle-même fixé ce délai. Or cinq des six courriels datent d’avant 2014.

Le TAS a reconnu que Manchester City a fraudé en 2013, en inscrivant dans ses comptes comme des revenus de sponsoring un virement en fait versé par un individu ou une entité d'Abu Dhabi (qui n'est pas nommé dans la sentence arbitrale), sur instruction de la société du cheikh Mansour. L'UEFA a plaidé que ce n'était pas prescrit, car les comptes trafiqués lui ont été soumis une seconde fois en 2014. Mais le TAS lui a donné tort, toujours par deux voix contre une.

L’UEFA avait un autre atout maître, qui aurait pu lui permettre de gagner. Mais elle y a subitement renoncé.

Comme d’habitude dans le sport, les affaires se règlent devant une justice privée, où il n’y a ni policiers ni perquisitions. Pour compenser cela, le règlement de l’UEFA prévoit que les clubs mis en cause ont l’obligation de coopérer, en fournissant les documents demandés par l’ICFC, son tribunal financier interne. 

En première instance, l’ICFC avait demandé au club de nombreux documents, dont d’autres e-mails liés aux opérations de sponsoring, ainsi que l’accès aux documents financiers des sponsors de City et de la société du propriétaire du club. Manchester City a refusé.

Dans ce cas, comme l’a rappelé le TAS dans sa sentence, City était présumé de mauvaise foi. Si un club refuse une demande raisonnable de produire des documents, les arbitres peuvent en effet en déduire que c’est parce qu’il dissimule des preuves incriminantes pour lui.

À la veille du procès en appel devant le TAS, l’UEFA est donc dans une position favorable. D’autant plus que son propre règlement stipule que le TAS peut juger uniquement sur la base des élément produits en première instance. Le refus du club de produire des documents était donc normalement définitif, tout comme sa mauvaise foi.

Mais l’UEFA prend alors deux décisions contraires à ses intérêts. Elle autorise City à produire de nouveaux éléments, alors que son propre règlement l’interdit. Le club en profite pour produire les témoignages de ses dirigeants et de ses sponsors, qui jurent qu’aucune fraude n’a été commise. Mais côté documents, City ne verse que les six courriels déjà publiés par le Spiegel… en version partiellement censurée. C’est-à-dire rien de neuf.

De son côté, l’UEFA avait demandé, comme en première instance, que le club produise des courriels supplémentaires. Mais juste avant l’audience elle y a renoncé, officiellement parce que cela ralentirait la procédure et qu’il fallait absolument un verdict d’ici à l’été 2020, avant l’ouverture de la prochaine Ligue des champions. L’argument est très discutable : puisque la fraude de City durait depuis huit ans, l’UEFA aurait très bien pu attendre une saison de plus. 

Ce renoncement de l’UEFA a eu des conséquences catastrophiques. Le TAS a souligné dans son jugement que City a tout fait pour ne pas donner les documents, à tel point qu’il a condamné le club à 10 millions d’euros d’amende pour refus de coopérer. Mais comme l’UEFA a renoncé à demander les preuves, les arbitres écrivent qu’ils ont été obligés de considérer que le club était de bonne foi dans la procédure principale pour dopage financier.

 

« Il apparaît que l’UEFA était consciente des conséquences du fait qu’elle n’insiste pas sur le fait que Manchester City produise des preuves supplémentaires », insiste la sentence arbitrale. En clair, l’UEFA a fait un très beau cadeau au club.

Cette absence de documents a beaucoup frustré Noel Lindsay, l’expert financier désigné par l’UEFA pour tenter de démontrer la fraude de City. « Je ne suis pas satisfait de ce qu’on m’a montré, car j’ai le sentiment qu’on ne m’a montré que la partie émergée de l’iceberg », a-t-il indiqué devant le TAS. Au sujet des paiements qu’aurait faits le cheikh Mansour pour le compte du sponsor Etihad, « on a eu de gros problèmes, car on ne nous a pas fourni les e-mails et les documents qui auraient permis de comprendre le contexte de ces transactions », a-t-il déploré. 

Interrogée à ce sujet, l’UEFA s’est refusée à tout commentaire au sujet de ses décisions, au motif que « la procédure devant le TAS est confidentielle ». « La base factuelle de vos questions est inexacte. L’UEFA a utilisé tous les arguments possibles pour faire aboutir son dossier », s’est contentée de nous répondre la fédération européenne de foot.

Sauf que l’UEFA a bien renoncé à demander les documents à City, comme le TAS l’a écrit noir sur blanc. Il y avait pourtant, dans les courriels internes du club, de nouveaux éléments à charge, y compris sur la période non prescrite et sur l'implication des sponsors. C’est ce qu’ont constaté Mediapart et Der Spiegel après de nouvelles recherches dans les documents Football Leaks.

Dans ces documents inédits, les dirigeants de City confirment que les sponsors ont été financés en sous-main par ADUG, la holding du cheikh Mansour, propriétaire du club et demi-frère de l’émir d’Abu Dhabi. 

Le 6 mars 2015, Jorge Chumillas, le directeur financier de Manchester City, écrit à l’un des administrateurs du club, Simon Pearce, à propos des 64,5 millions de livres sterling que doit verser par Etilasat l’un des sponsors émiratis du club. « Etilasat doit verser seulement 34,5 millions de livres à Manchester City Football Club. Le reste correspond au montant que ADUG doit “recouvrer” des paiements qu’ADUG a faits par le passé au nom d’Etilasat. »

Simon Pearce affirme d’ailleurs, dans d’autres échanges avec Chumillas, qu’on « fait ce qu’on veut » avec les sponsors, et qu’il a toute latitude pour mobiliser les fonds du cheikh Mansour : « Je suis devenu de facto le directeur général d’ADUG, et toi son directeur financier de facto », écrit-il au directeur financier de Manchester City.

Les nouveaux e-mails que nous avons découverts montrent aussi, pour la première fois, que des sponsors de City semblent avoir été financés en secret sur instruction d’une agence gouvernementale d’Abu Dhabi, c’est-à-dire sur ordre des autorités de l’émirat.

Car le rachat de City en 2008 n’est pas seulement une lubie du cheikh Mansour, mais un projet politique destiné à faire briller l’image de l’émirat d’Abu Dhabi, comme le Qatar l’a fait avec le PSG.

 

Deux des hommes clés du club sont des proches du prince héritier Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, dit « MBZ ». Considéré comme le véritable patron de l’émirat, MBZ est président du Conseil exécutif d’Abu Dhabi, c’est-à-dire premier ministre. Il dispose, pour le conseiller dans cette tâche, d’une agence gouvernementale qui ne répond qu’à lui : l’Executive affairs authority (EAA).

En avril 2011, un cadre de la compagnie aérienne Etihad écrit à des cadres de City que sur les 12 millions dus au titre du sponsoring, « l’engagement d’Etihad ne porte que sur 4 millions de livres » : « Le solde (8 millions de livres) est géré séparément par l’Executive affairs authority. Merci de clarifier ce point avec votre service comptabilité et de voir directement avec l’EAA. »

Le sponsoring de Manchester City par Etihad a-t-il été financé en sous-main par le gouvernement d’Abu Dhabi ? Contactés, la compagnie aérienne et l’EAA n’ont pas donné suite.

Il se trouve que le président de l’EAA, Khaldoon Al Mubarak, est aussi le patron de Manchester City. Tandis que Simon Pearce, administrateur de City et responsable des relations avec les sponsors, est aussi le « directeur des affaires stratégiques de communication » de l'EAA. Lorsqu’il écrit aux sponsors du club, il ne le fait pas au nom de Manchester City, mais en tant que cadre d’EAA, depuis son adresse e-mail de l’agence gouvernementale d'Abu Dhabi. 

Dans l’un des e-mails que nous avions révélés en 2018, versé à la procédure devant le TAS, Pearce écrivait au PDG d’Aabar, l’un des sponsors émiratis de City, qu’il n’avait que 3 millions de livres à payer au club, que les 12 millions supplémentaires seraient payés par « des sources alternatives fournies par son altesse ».

Lors de son audition devant le TAS, Pearce a indiqué que l’altesse en question était le patron de l’agence de tourisme d’Abu Dhabi, qui était à l’époque prête à subventionner les sponsors de City, mais que l’opération ne s’est finalement pas réalisée.

Au sujet d’Etihad, Simon Pearce a admis que les courriels versés au dossier ont pu créer de la « confusion » au sein du club, en laissant penser qu’une partie de l’argent payé par les sponsors venait du cheikh Mansour. Mais il assure que ce n’était pas le cas.

Plusieurs e-mails contredisent cette ligne de défense. Le 16 décembre 2013, Simon Pearce écrit au PDG d’Etihad Peter Baumgartner pour lui dire que la compagnie aérienne doit à Manchester City « 99 millions de livres, sur lesquels tu dois fournir 8 millions ». En clair, Pearce devait virer 91 millions d’argent émirati à Etihad, qui devait par la suite ajouter 8 millions de sa poche puis verser 99 millions au club

 

Mais Simon Pearce a fait une erreur. « C’est embarrassant, mais il semble que je ne t’ai pas donné assez, écrit-il au PDG d’Etihad. Alors que j’aurais dû te virer 91 millions, je ne t’en ai envoyé que 88,5 millions. Je te dois donc 2,5 millions. »

L’administrateur de City et cadre de l’agence gouvernementale EAA propose deux solutions au patron d'Etihad pour réparer cette erreur. « Pas de problème », répond Peter Baumgartner, en lui indiquant sa solution préférée.

Le système a semble-t-il perduré. Le 24 août 2015, un cadre de City écrit que sur les 67,5 millions de livres dus par Etihad au titre de la saison 2015/2016, il y a seulement « 8 millions financés directement par le partenaire ». Cela chagrine un contrôleur financier du club. « Pouvez-vous m'expliquer ce que signifie “financé directement par le partenaire” ? » Il n’a, à notre connaissance, pas reçu de réponse.

Interrogés par Mediapart et Der Spiegel, Simon Pearce, Etihad, Peter Baumhartner et l’EAA n’ont pas donné suite. Manchester City a refusé de répondre à nos questions sur les faits, mais dément fermement toute irrégularité: « [Vos] questions [...] apparaissent comme une tentative cynique de rejuger et de discréditer une affaire qui a été jugée de façon détaillée et régulière par le tribunal arbitral du sport. La politique de Manchester City reste inchangée, et consiste à ne pas commenter des documents sortis de leur contexte, dont il est soupçonné qu'ils ont été obtenus de façon illégale. » 

 

https://www.mediapart.fr/journal/international/300720/dopage-financier-comment-luefa-ruine-sa-procedure-contre-manchester-city?utm_source=20200730&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20200730&M_BT=135393249294

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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Fifa: Nasser Al-Khelaïfi sur le banc des prévenus en Suisse (affaire 2020)

Le patron du PSG et de BeIN Sports est jugé en Suisse à partir de lundi pour avoir acheté une luxueuse villa à l’ancien secrétaire général de la Fifa, sur fond de manœuvres autour des droits télévisés de la Coupe du monde.

Nasser Al-Khelaïfi joue très gros. Trois semaines après la finale de Ligue des champions perdue par le Paris-Saint-Germain, le président qatari du club et de la chaîne BeIN Sports se retrouve, à partir de lundi, sur le banc des prévenus du tribunal pénal fédéral suisse, à Bellinzone, aux côtés du Français Jérôme Valcke, ancien numéro 2 de la Fifa, la fédération internationale de football.

Ils devaient au départ être jugés pour corruption. Nasser Al-Khelaïfi était accusé par le ministère public de la confédération (MPC), le parquet fédéral suisse, d’avoir acheté Jérôme Valcke, lorsqu’il était secrétaire général de la Fifa, en mettant à sa disposition une luxueuse villa dans le village de Porto Cervo, en Sardaigne, très prisé de la jet set internationale.

 

Mais les procureurs ont dû changer leur fusil d’épaule au dernier moment. En février dernier, juste après la clôture de l’enquête, la Fifa a retiré sa plainte suite à une transaction amiable conclue avec Nasser Al-Khelaïfi. Lequel aurait payé 950 000 euros à la Fifa en échange de l’abandon des poursuites, selon The Times.

Le MPC ne pouvant plus poursuivre pour corruption, il a finalement décidé de renvoyer Jérôme Valcke pour « gestion déloyale aggravée », et Nasser Al-Khelaïfi pour « incitation » à commettre ce délit. Les deux hommes risquent jusqu’à cinq ans de prison.

Cette nouvelle charge, « très récemment conçue par l’accusation pour tenter de sauver son dossier, est manifestement artificielle, manquant de tout fondement en fait comme en droit. Nous plaiderons l’acquittement et l’innocence de Nasser Al-Khelaïfi sera établie », ont indiqué ses avocats dans un communiqué.

L’accusation est également fragilisée par le scandale sans précédent qui frappe le parquet fédéral suisse dans sa gestion du Fifagate, cette énorme série d’enquêtes ouverte en 2015 sur la corruption à la fédération internationale de foot sous l’ère de Sepp Blatter, et dont l’affaire de Valcke et Al-Khelaïfi est la première à être jugée. 

Accusé de collusion avec la Fifa, l’ex-patron du MPC Michael Lauber a récemment été contraint à la démission, tandis qu’une enquête pénale a été ouverte contre lui et le patron de la Fifa Gianni Infantino (lire ici). Un soupçon de complaisance renforcé par le récent abandon de l’enquête pour corruption sur l’attribution de la Coupe du monde 2006, pour cause de délai d’instruction trop long.

Nasser Al-Khelaïfi compte bien en profiter. « La souillure et les turpitudes de Lauber tombent en pluie d’acide sur tous ceux qui ont travaillé sous ses ordres. Je ne demanderai pas la récusation, mais je mettrai en cause l’autorité du parquet, qui a été sous l’autorité de Lauber », indique à Mediapart Marc Bonnant, l’un des avocats du patron du PSG.

 

 

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La villa luxueuse villa Bianca à Porto Cervo (Sardaigne), mise à la disposition de l'ancien secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke. © Guardia di Finanza

Le dossier d’accusation, basé en grande partie sur les courriels et SMS de Jérôme Valcke, est truffé d’éléments très embarrassants pour les deux prévenus. À l’été 2013, l’ancien journaliste à Canal+ et secrétaire général de la Fifa convoitait la villa Bianca, une somptueuse demeure à 5 millions d’euros qu’il n’avait manifestement pas les moyens d’acheter. 

 

Tout s’est joué à la Factory, le siège du PSG et de BeIN Sports, située à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Le 24 octobre 2013, vers 16 heures, Jérôme Valcke pénètre dans l’immeuble de verre pour y retrouver Nasser Al-Khelaïfi.

Ami de l’émir du Qatar, ministre et homme d’influence de l’émirat dans le sport, Nasser Al-Khelaïfi aurait fait, ce jour-là, selon l’accusation, une alléchante promesse à son ami de la Fifa : acheter la villa Bianca, la lui mettre à disposition gratuitement durant deux ans, puis la lui donner, à condition que la confiance règne toujours entre les deux (« if trust remains », comme l’a écrit Valcke dans un message).

Pour les procureurs du MPC, c’est un exemple on ne peut plus clair de pacte corruptif : je te prête une villa et je te la donne dans deux ans, mais uniquement si j’obtiens ce que je veux.

Le MPC estime que la contrepartie était l’attribution par la Fifa à BeIN des droits télévisés des Coupes du monde 2026 et 2030 pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Mais, comme le souligne la défense de Nasser Al-Khelaïfi, cette explication ne tient pas la route. « Les conditions économiques de l’octroi de ces droits sont très, très, très favorables à la Fifa », indique Me Bonnant. BeIN Sports avait, en effet, payé un prix de base de 480 millions d’euros, soit 60 % de plus que le contrat précédent.

Comme l’a révélé Mediapart, il y avait une autre explication possible : Nasser Al-Khelaïfi aurait acheté à la fois Jérôme Valcke (avec la villa) et la Fifa (avec le contrat BeIN) afin d’obtenir que le Mondial 2022 au Qatar soit organisé en hiver. L’émirat aurait, en effet, risqué de perdre sa Coupe du monde si elle avait eu lieu en été comme d’habitude, en raison des trop fortes chaleurs.

Cette piste est étayée par plusieurs éléments matériels. Début septembre 2013, juste après que Jérôme Valcke a signé la promesse d’achat de la villa, il s’est rendu à Doha avec Nasser Al-Khelaïfi pour une réunion avec l’émir du Qatar, Tamim Al-Thani, au sujet du décalage du Mondial 2022 en hiver.

Un mois plus tard, Jérôme Valcke annonce, lors d’une réunion de la Fifa, que le Qatar est prêt à compenser la perte de revenus liée à l’organisation du Mondial en hiver par des versements effectués par des « partenaires commerciaux qataris ». Le généreux contrat avec BeIN Sports a été rédigé un mois et demi plus tard.

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La montre Cartier à 40 000 euros offerte à Jérôme Valcke à Doha le 24 février 2015. © D.R.

II y a enfin l’heureux dénouement du 24 février 2015, lorsqu’un comité spécial de la Fifa, réuni à Doha, vote en faveur du Mondial en hiver. En sortant de la réunion, Jérôme Valcke rencontre en secret Nasser Al-Khelaïfi. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi », lui écrit Valcke. « Tu es le meilleur », répond le patron de BeIN Sports. Le soir même, le numéro 2 de la Fifa trouve sur son lit d’hôtel une montre Cartier à 40 000 euros. « Merci Nasser pour ton cadeau. Elle est belle », écrit-il au patron du PSG, comme nous l’avons révélé.

Nasser Al-Khelaïfi a nié avoir offert la montre. Et les procureurs du MPC ont classé sans suite ce volet de l’affaire, se déclarant incapables d’identifier la contrepartie à ce cadeau. De façon inexplicable, le MPC n’a jamais envisagé la piste du transfert du Mondial en hiver, malgré les éléments en ce sens figurant au dossier et les enquêtes publiées dès octobre 2019 par Mediapart et ses partenaires du réseau de médias d’investigation EIC

Reste donc l’accusation « d’incitation à la gestion déloyale aggravée » liée à la villa. « Jamais Nasser Al-Khelaïfi n’a dit à M. Valcke : “J’achèterai pour toi ou je ferai acheter pour toi la villa Bianca.” Ça n’a aucun sens. Non seulement il ne l’a jamais dit, mais il ne l’a jamais fait », indique Me Bonnant.

Selon plusieurs éléments versés au dossier, Nasser Al-Khelaïfi l’a envisagé, avant d’avoir recours à un montage plus complexe : il a créé une société au Qatar, Golden Home, avant d’en transférer la propriété à un ami, qui a acheté la villa grâce à un prêt consenti par Nasser Al-Khelaïfi, puis l’a mise à disposition de Jérôme Valcke.

Cet homme, Abdelkader Bessedik, était-il un prête-nom ? Il n’est autre que le frère d’un des plus proches conseillers du patron du PSG. « La proximité de Nasser avec Abdelkader Bessedik ne fait pas de lui le propriétaire de la villa », rétorque Me Bonnant.

Des SMS versés au dossier, et révélés par Mediapart, montrent aussi que c’est Nasser Al-Khelaïfi, et pas le propriétaire officiel Abdelkader Bessedik, qui était assailli de demandes pressantes émanant de Jérôme Valcke, afin qu’il règle des factures liées à la villa. « La facture n’a toujours pas été payée. Pourrais-tu t’en occuper d’urgence ? » écrivait le secrétaire général de la Fifa en novembre 2014. « Oui patron », a répondu Nasser Al-Khelaïfi.

Marc Bonnant répond que son client n’a pas réglé les factures, qui ont été « payées par la société Golden Home ». « Jérôme Valcke, compte tenu qu’il a connu Abdelkader Bessedik, qui est un ami de Nasser, a continué à considérer que Nasser était son correspondant, alors qu’il ne l’était pas », ajoute-t-il. 

Puisque les deux hommes ne sont plus poursuivis pour corruption, les procureurs vont tenter de prouver à l’audience qu’il y a eu « gestion déloyale », c’est-à-dire que Jérôme Valcke a accepté des cadeaux auxquels il n’avait pas droit et qu’il aurait dû déclarer à la Fifa. Tandis que Nasser Al-Khelaïfi est accusé de l’avoir incité à commettre ce délit présumé.

 

« Cette accusation, totalement contestée, est une pitoyable contorsion du MPC pour tenter de sauver son dossier, estime Me Bonnant. M. Valcke n’avait pas le devoir d’annoncer ces avantages à la Fifa. Et à supposer qu’il l’avait, Nasser Al-Khelaïfi n’a pas pu inciter quelqu’un à violer un devoir dont il n’avait pas conscience, et qu’il aurait, par hypothèse subsidiaire, déjà résolu de violer. » En d’autres termes, si Jérôme Valcke n’avait aucune intention de déclarer ses cadeaux à la Fifa, son ami qatari ne pouvait pas le pousser à le faire…

Contacté par Mediapart, l’avocat de Jérôme Valcke n’a pas donné suite. L’ancien bras droit de Sepp Blatter, banni pour dix ans de la Fifa en 2016, sera également jugé lundi pour « corruption » aux côtés d’un homme d’affaires grec, Dinos Deris. Selon l’acte d’accusation, Deris a versé 1,25 million d’euros de pots-de-vin à Valcke pour obtenir les droits télé de plusieurs éditions de la Coupe du monde pour la Grèce et l’Italie.

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Athlétisme ; digne d'un film :

est-il possible que l’échantillon d’un sportif italien propre, Alex Schwazer, devenu héraut de la lutte antidopage, ait été volontairement manipulé dans le but de le disqualifier ? Toute l’Italie se prend de passion pour ce feuilleton.

 

L’affaire Alex Schwazer tient l’Italie en haleine depuis près de 5 ans. Il faut dire que le scénario est digne d’un polar : un athlète, ancien dopé, se confesse, revient à sa discipline, et pour prouver qu’il est fort même sans dopage, s’associe à un coach paladin du sport propre. Mais il se fait de nouveau contrôler positif dans des conditions extrêmement douteuses. Après avoir blanchi des athlètes dopés, un complot a-t-il pu être mis en place pour rendre coupables des athlètes propres mais gênants ? Le procès qui se tient actuellement à Bolzano, en Italie, tente de répondre à cette question.

Schwazer est un athlète italien spécialiste de la marche athlétique, la même discipline que le Français Yohann Diniz. En 2008, aux JO de Pékin, il remporte la médaille d’or sur 50 km à seulement 24 ans. Puis commence une longue traversée du désert qui le pousse, dit-il, « à faire comme les Russes. La tête n’y était plus, j’ai décidé de faire comme eux », expliquera Schwazer, en larmes, face à la presse en juillet 2012.

 

À la veille des JO de Londres, il est en effet rattrapé par la brigade, avec de l’EPO dans le sang. En Italie, c’est le psychodrame : la presse accable Schwazer. Chacun a un avis sur ce garçon qui a trahi ses supporters et les règles du sport propre.

Même Yohann Diniz, qui avait auparavant de l’estime pour le talent du transalpin, le décrit comme « un sale type ». Dans ses aveux, Schwazer détaille sa collaboration avec les sulfureux médecins Francesco Conconi et son dauphin Michele Ferrari, mais aussi le fait que le staff de la fédération italienne d’athlétisme était au courant de ses pratiques illicites, notamment par les deux médecins fédéraux.

Un procès est donc ouvert contre ces deux praticiens, dont l’un, Antonio Fischetto, est un étroit collaborateur de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF à l’époque, renommée depuis World Athletics).

Pendant l’enquête, courant 2013, Fischetto, sans savoir qu’il est sur écoutes, parle de Schwazer au téléphone en des termes peu amènes : « Ce boche doit mourir tué, ils doivent enculer Kostner. » « Boche » car Schwazer vient du département du Tentrin-Haut-Adige où la population est en partie de langue maternelle allemande. Quant à la patineuse Carolina Kostner, il s’agit à l’époque de sa petite amie.

Fischetto, son collègue et une employée de la fédération italienne ont été condamnés en première instance pour complicité de pratique dopante. Puis blanchis en appel, il y a tout juste quelques mois.

En dépit de sa collaboration avec les institutions qui luttent contre le dopage, Schwazer est quant à lui suspendu pour 3 ans et 9 mois. L’athlète transalpin soutient cependant qu’il a remporté sa médaille la plus importante, celle des JO de 2008, en étant propre.

Et pour démontrer à ceux qui en doutent qu’il peut gagner sans se doper, il décide, en 2015, de se faire entraîner par Alessandro Donati, professeur de sport, coach d’expérience et surtout figure de la lutte antidopage en Italie et dans le monde.

Donati, qui fut un temps un étroit collaborateur de l’Agence mondiale antidopage, accepte de relever le défi à une condition : Schwazer doit être contrôlé très régulièrement par une équipe de scientifiques qui ont la confiance de Donati, et qui ne travaillent pour aucune fédération ou agence qui puisse laisser penser à un conflit d’intérêts.

La collaboration porte vite ses fruits, avec, en ligne de mire, les JO de Rio.

Mais l’année 2016, qu’il rêve fastueuse, commence de façon inhabituelle pour l’athlète transalpin. Le 1er janvier 2016, peu après 7 heures du matin, une équipe de deux contrôleurs d’une société allemande, GQS, mandatés par l’IAAF, débarque chez lui, dans le hameau de montagne de Racines (quelques dizaines d’habitants tout au plus). Il s’agit d'un contrôle antidopage sang-urine.

La tête encore dans les brumes du réveillon qui s’est terminé quelques heures plus tôt, Schwazer se soumet au contrôle qui dure un peu plus d’une heure. Tous les tests auxquels il est soumis depuis quelques mois en vue de la fin de sa disqualification (fin avril 2016), mandatés par l’agence italienne, l’AMA ou l’IAAF, sont parfaitement réguliers.

Celui du jour de l’An 2016 le sera aussi d’ailleurs ! Fin janvier 2016, l’IAAF reçoit les résultats du test du laboratoire de Cologne : négatif. Ce résultat est aussi notifié à l’athlète qui poursuit sa préparation tranquillement à Rome.

Mais le département antidopage de l’IAAF, dirigé par Thomas Capdevielle, n’est visiblement pas convaincu par le résultat de ce contrôle du 1er janvier commandé le 16 décembre 2015, soit le jour même de la déposition au tribunal de Schwazer mettant en cause le docteur Antonio Fischetto.

Ainsi, le 29 mars 2016, l’IAAF demande au laboratoire allemand de garder l’urine de l’athlète, alors que normalement les échantillons négatifs sont détruits 90 jours après l’analyse. L’IAAF demande aussi au laboratoire de Cologne de « mieux regarder », et d’exécuter en particulier un examen sur le profil hormonal de l’athlète.

L’examen, qui commence le 14 avril 2016 pour se terminer le 12 mai, conclut cette fois à la positivité de l’échantillon à la testostérone exogène. Capdevielle reçoit cette nouvelle le 13 mai, mais l’IAAF diffuse officiellement la communication de la positivité de Schwazer plus d’un mois après, le 21 juin. L’athlète est immédiatement suspendu.

L’athlète est alors revenu à un excellent niveau, redevenu une chance de médaille : il a brillamment remporté le 50 km des championnats du monde par équipes à Rome le 8 mai. Même si pendant la compétition, quelques athlètes italiens, comme le sauteur en hauteur Gianmarco Tamberi, qualifient le marcheur de « honte d’Italie », contestant sa sélection en équipe nationale.

Au soir du 21 juin le staff de Schwazer s’affole : une plainte contre X est déposée, ainsi que la demande d’analyse urgente de l’échantillon B du prélèvement du 1er janvier. La date limite pour les inscriptions aux JO est fixée au 2 juillet, mais Thomas Capdevielle n’est pas pressé et fixe la date pour l’analyse de l’échantillon B au 5 juillet.

 

Par la suite, le directeur du laboratoire de Cologne déclarera qu’il y avait la possibilité de les faire pour le 28 juin, mais que l’IAAF avait choisi la date du 5 juillet. Les conseils de Schwazer frappent à la porte du TAS de Lausanne pour demander la levée provisoire de la suspension de l’athlète, mais le Tribunal arbitral du sport rejette cette demande lors d’une audience qui se tient à Rio de Janeiro, dans le cabinet d’un avocat brésilien. Schwazer écope d’une disqualification de 8 ans, jusqu’en 2024.  

Le dopage étant, dans le système juridique italien, une infraction qui relève du droit pénal, une enquête est ouverte contre Schwazer fin septembre 2016. Cette enquête a duré 4 ans ; elle vient de se terminer le 14 septembre 2020 et on connaîtra le fin mot de l’affaire d’ici un mois.

Mais, tout de suite, les auditions et les premières investigations révèlent de nouveaux faits étonnants s’agissant du contrôle du 1er janvier.

D’abord, le lieu du contrôle est indiqué dans le PV. Normalement ce n’est pas le cas, pour éviter d’identifier l’athlète. La bourde, volontaire ou pas, des préleveurs est « corrigée » par le laboratoire qui, sur son PV, note « non renseigné ».

Ensuite, la procédure d’acheminement des échantillons qui doit être garantie par les préleveurs jusqu’au laboratoire n’est pas respectée – ce qui suffit normalement à rendre invalide un contrôle antidopage.

En effet, le jour de l’An, le laboratoire de Cologne est fermé (c’est d’ailleurs une journée où normalement on ne pratique pas de contrôle antidopage). L’échantillon va dès lors reposer dans un frigo dans un local, dont une seule personne est censée avoir la clef. On découvrira que six personnes en possèdent une en réalité. « Pour un éventuel sabotage d’échantillon, le 1er janvier après-midi, c’est royal, vu que les bureaux sont vides », commente Donati, coach de l’athlète italien.

Les enquêteurs italiens demandent donc les échantillons A et B de l’athlète pour les faire analyser par le département de recherche scientifique des Carabinieri, dirigé par le colonel Giampietro Lago. Ce dernier, avant d’être un militaire, est un biologiste, spécialisé dans l’ADN.

S’ensuit une longue bataille juridique entre les justices italienne et allemande. Puis quand la justice italienne obtient enfin gain de cause, c’est le laboratoire allemand qui bloque, avant de se soumettre, ce qui aboutit à un résultat stupéfiant : l’échantillon de l’urine B de Schwazer contient une concentration d’ADN infiniment trop haute pour l’ADN physiologique d’un homme.

D’autant que les sportifs de haut niveau n’ont pas des concentrations d’ADN plus hautes que le reste de la population, bien au contraire. Cette urine a tout l’air d’avoir été manipulée, même si l’Agence mondiale antidopage réfute cette analyse.

Un complot est-il possible ? La thèse est renforcée par le travail de hackers qui révèlent des échanges de courriels entre Thomas Capdevielle, responsable de l’antidopage à l’IAAF, l’avocat de l’IAAF Ross Wenzel et le directeur du laboratoire de Cologne Hans Geyer.

 

Dans ces échanges, qui datent du 20 février 2017, Thomas Capdevielle s’inquiète du fait que le laboratoire allemand ne se plie pas aux exigences de l’IAAF. Il écrit à l’avocat de l’IAAF : « Est-ce qu’ils réalisent qu’ils font partie du complot contre AS [Alex Schwazer – ndlr] et les possibles conséquences pour eux ? »

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/260920/l-italie-se-dechire-sur-une-folle-histoire-de-dopage?utm_source=20200926&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20200926&M_BT=135393249294

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  • 2 semaines plus tard...

Ali Benarbia, ancien joueur et consultant, rattrapé par le fisc

Ali Benarbia est bien connu des fans de foot. L’international algérien était l’un des meilleurs milieux offensifs de la Ligue 1 dans les années 1990 : champion de France sous les couleurs de l’AS Monaco puis des Girondins de Bordeaux, il a rejoint le PSG en 1999 et Manchester City deux ans plus tard. Il a ensuite réalisé une lucrative fin de carrière au Qatar entre 2003 et sa retraite sportive en 2006, à l’âge de 37 ans. Ali Benarbia est alors resté dans le richissime émirat gazier, où il est devenu consultant pour la chaîne Al Jazeera et conseiller de la fédération qatarie de football, selon RFI.

En juin 2010, il a rejoint la « dream team » de consultants de RMC, aux côtés de Luis Fernandez, Rolland Courbis ou Jean-Michel Larqué. Il a été embauché par la structure RMC Sport, chargée d’alimenter en contenus sportifs les médias de NextRadioTV (RMC, BFM, etc.), rachetée en 2018 par le groupe Altice du milliardaire Patrick Drahi.

 

Ali Benarbia, qui a été remercié l’an dernier par Altice, intervenait notamment au micro de « L’After foot », l’émission phare de la radio RMC, retransmise à la télé sur BFM Sport (devenue RMC Sport News, puis fermée en juin 2020). Il n’hésitait pas à l’occasion de vanter les mérites de l’émirat qui lui a tant donné. Dans une chronique de juin 2017, il expliquait longuement pourquoi « la Coupe du monde [2022] au Qatar sera la plus belle de l’histoire ».

Le fisc a ajouté une ligne peu glorieuse au palmarès d’Ali Benarbia. Selon nos informations, l’ancien footballeur a subi en 2019 un redressement fiscal de 3,95 millions d’euros, dont 3,33 millions en lien avec ses revenus de consultant football pour les antennes de NextRadioTV. Le dossier est jugé si grave par le fisc qu’il « fait l’objet d’une proposition de poursuites » pénales, écrit la Direction générale des finances publiques (DGFIP) dans un rapport rédigé en juillet 2020 (lire notre Boîte noire).
 

Selon ce document confidentiel, obtenu par Mediapart, l’enquête fiscale a établi que depuis 2013, Ali Benarbia bénéficiait du statut de résident fiscal au Qatar, alors qu’il habitait en France. Pour masquer cette réalité, il détenait ses biens immobiliers français à travers une société offshore au Luxembourg.

L’affaire est également embarrassante pour son employeur. Pendant au moins six ans, NextRadioTV puis Altice ont versé les rémunérations d’Ali Benarbia à une société qatarie fictive, sans aucune existence légale – seul le compte bancaire, détenu directement par Benarbia, était réel.

Le groupe a-t-il fait des vérifications lorsque son consultant a demandé à être payé via cette société qatarie ? Altice France a refusé de répondre sur ce point, soulignant seulement que « [n]ous ne pouvons laisser sous-entendre que la direction actuelle aurait manqué de vigilance », au motif que l’embauche d’Ali Benarbia est intervenue huit ans avant la prise de contrôle à 100 % de NextRadioTV par Altice. 

L’argument peine à convaincre, vu la continuité dans le management de NextRadioTV. Altice en avait racheté 49 % en 2015, et le fondateur de NextRadioTV, Alain Weill, est actuellement le PDG d’Altice France, qui coiffe les activités du groupe dans les télécoms (SFR) et les médias. 

Altice France affirme qu’« à [sa] connaissance, M. Benarbia n’était pas domicilié à Paris, ses interventions se faisaient en studio ou à distance ». Le groupe ajoute avoir mis fin au contrat d’Ali Benarbia en 2019 « pour des raisons budgétaires », sans rapport, donc, avec le redressement fiscal qu’il a subi la même année. 

Sollicité par Mediapart, Ali Benarbia n’a pas répondu (lire notre Boîte noire).

L’ancien international algérien s’est retrouvé dans le viseur du fisc à cause de son amitié avec un sulfureux personnage : Christophe d’Amico. Gérant d’un établissement de nuit du côté de Martigues, ville où Ali Benarbia a fait ses débuts de footballeur, Amico s’est mis, au début des années 2010, au service de membres du milieu corso-marseillais qui rackettaient des boîtes de nuit d’Aix-en-Provence, ce qui lui a valu d’être condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis en 2013.

Grâce aux écoutes téléphoniques réalisées dans cette affaire de racket, les policiers ont constaté que Christophe d’Amico semblait aussi aider ses amis à toucher des commissions occultes sur les transferts de footballeurs à l’Olympique de Marseille. C’est le point de départ de l’affaire dite « Mercato », ouverte en 2011 et dont l’instruction est toujours en cours.

Il se trouve que Christophe d’Amico est très proche d’Ali Benarbia. « C’est mon meilleur ami. Je l’ai connu comme adversaire sur les terrains de foot. Nous avons le même âge », a-t-il confié aux policiers. Comme l’a révélé le livre enquête Les Parrains du foot (Robert Laffont), l’ancien footballeur, devenu consultant de RMC Sport, a « prêté » un total de 215 000 euros à Christophe d’Amico en 2010 et 2011, pour financer les travaux de sa maison en Corse. 

Le patron de boîtes de nuit utilisait aussi Ali Benarbia pour acheter des montres de luxe hors taxe (dont une Rolex à 13 700 euros), pour lui et certains de ses amis voyous. « Il est domicilié au Qatar, donc il peut bénéficier de la détaxe », a indiqué aux policiers Christophe d’Amico.

Il achetait les montres en cash dans une bijouterie parisienne de la place Vendôme, qui émettait des factures au nom d’Ali Benarbia. Puis d’Amico accompagnait le consultant de RMC à l’aéroport lorsqu’il partait au Qatar : « Ali passe à la douane et reçoit le reçu, et il me redonne les montres. » Sollicité par Mediapart, l’avocat de Christophe d’Amico n’a pas donné suite. 

Décidément très serviable, Ali Benarbia a aussi, selon nos informations, proposé à son ami de lui fournir une carte bancaire connectée à l’un de ses comptes aux Qatar. C’est ce que montre un coup de fil du 28 mai 2011 écouté par la police :

« Ce qui serait bien, Tof, pour que tu sois tranquille, tu sais, les cartes bleues, commence à expliquer Ali Benarbia.
Oui ?, demande Christophe d’Amico.
Tu veux régler des fonds en carte bleue mais sans que ça soit toi qui règles. […] J’ai une carte bleue sur un compte Qatar National Bank où je peux transférer de l’argent à n’importe quel moment et toi tu gardes cette carte-là ! Quand tu veux retirer ou quoi, tu vois ? Tu le fais quand tu veux ! 
Ah ouais, pas con. 
Ça te servira toujours, ça, on ne sait jamais !
 Ouais, beh, ouais ! » 


La justice a par la suite transmis les procès-verbaux concernant Ali Benarbia à la Direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF). Intrigués par l’histoire de la carte bleue qatarie, les limiers du fisc déclenchent un contrôle.

L’enquête de la DNEF a montré qu’Ali Benarbia et son épouse sont rentrés en France en 2013 mais ont continué à prétendre qu’ils résidaient au Qatar. Ils habitent un « grand appartement » dans le XVIe arrondissement de Paris, scolarisent leurs enfants dans la capitale et sont affiliés à la Sécu française. « Les époux Benarbia n’ont pas pu produire de justificatifs probants d’une vie régulière au Qatar », conclut le rapport du fisc.

Selon ce document, ils ont « masqué leur installation en France » grâce à une société offshore au Luxembourg, qui détient leur appartement parisien et leur résidence secondaire dans le sud de la France. « L’ensemble des factures d’abonnement (eau, électricité et téléphonie/télévision) sont au nom de cette société dont la gestion est assurée en direct par M. Benarbia », indique le fisc.

Les enquêteurs ajoutent que l’ancien milieu algérien a exercé son activité de commentateur sportif de façon « occulte ». Selon le rapport du fisc, entre 2010 à 2013, Ali Benarbia était « salarié » de NextRadioTV et déclarait ses revenus en France. Puis il a « interposé dès août 2013 une société qatarie, […] pour dissimuler la perception de revenus de source française ». Interrogé par Mediapart, Altice France indique qu’Ali Benarbia n’a pas été salarié de NextRadioTV et qu’il « était rémunéré via sa société dès 2010 ».


Détail piquant : l’enquête a établi que cette société n’existait pas. Elle « n’était pas immatriculée au Qatar et lui seul [Ali Benarbia] percevait les revenus des prestations sur un compte dont il disposait dans une banque qatarie », écrit le fisc. La DNEF souligne que les époux Benarbia « ont très peu collaboré avec le service », et qu’il a fallu faire des demandes aux banques pour identifier la vingtaine de comptes qu’ils contrôlent, en France, au Qatar et au Luxembourg.

En définitive, Ali Benarbia a écopé d’un redressement fiscal de 3,95 millions d’euros, pénalités comprises, dont 3,35 millions pour ses revenus de consultant et plus de 600 000 euros au sujet de sa société luxembourgeoise. Et ce n’est peut-être pas fini : le fisc a identifié dans la société luxembourgeoise un « passif non identifié » de 1,28 million d’euros, « qui pourrait correspondre à des avoirs figurant sur un compte étranger restant non identifié à ce stade ».

https://www.mediapart.fr/journal/france/061220/ali-benarbia-ancien-joueur-et-consultant-rattrape-par-le-fisc?utm_source=20201206&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20201206&M_BT=135393249294

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Le cache-cash fiscal du président du FC Nantes

 

Enquêtes judiciaires, contrôle fiscal, échecs sportifs, entraîneur viré, manifestations de supporters en colère : Waldemar Kita, président du FC Nantes, est cerné de toutes parts. À tel point que le riche l’homme d’affaires de 66 ans, propriétaire du club de football depuis 2007, a publiquement dit envisager un possible départ. « Moi, je suis prêt à ouvrir le capital, prêt à partir », a-t-il déclaré dimanche à Presse Océan.

Grâce à des documents inédits issus notamment du dossier judiciaire, Mediapart est en mesure de révéler les détails et l’ampleur de la fraude fiscale présumée reprochée à Waldemar Kita, qui fait l’objet depuis 2017 d’une enquête préliminaire menée par le parquet national financier (PNF). 

 

Selon notre enquête, réalisée en partenariat avec Mediacités et les quotidiens belges Le Soir et De Standaard, Waldemar Kita, qui a fait fortune grâce à ses laboratoires de médecine esthétique, risque une amende fiscale de plusieurs dizaines de millions d’euros. Sollicité, le PNF s’est refusé à tout commentaire sur le contenu de l’enquête.

Selon un document judiciaire obtenu par Mediapart, le président du FC Nantes a lésé le fisc français de 14,8 millions d’euros, uniquement au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le fisc envisage en prime de lui infliger une pénalité de 80 %, la plus élevée, applicable en cas de « manœuvres frauduleuses ». Il risque donc un redressement de plus de 20 millions d’euros, rien que pour l’ISF.

Selon notre enquête, Waldemar Kita a par ailleurs touché, entre 2010 et 2019, au moins 70 millions d’euros au Luxembourg, sur lesquels il n’a payé aucun impôt sur le revenu en France, puisqu’il est résident fiscal en Belgique. L’enquête du PNF a rassemblé de nombreux éléments montrant que cette domiciliation à Bruxelles serait fictive.

Joint par téléphone, Waldemar Kita a démenti (« Je suis résident belge, vous confondez tout ») et nous a immédiatement renvoyés vers son conseiller en communication de crise, avec cet avertissement : « Faites attention à ce que vous écrivez quand même. Peut-être que vous voulez un petit peu ma peau. Mais faites attention. »

Nous avons ensuite reçu une réponse écrite de ses avocats, Jean Reinhart et Louis-Marie Absil (à lire intégralement dans l’onglet Prolonger). Ils ont refusé de répondre sur les faits « afin de respecter le secret de l’enquête », et menacent « d’engager des poursuites contre les personnes qui [nous] auraient communiqué des prétendues informations issues de l’enquête actuellement en cours ».

« M. Waldemar Kita réaffirme être parfaitement en règle avec l’ensemble des administrations fiscales dont il relève et continuera, comme il l’a toujours fait, à s’expliquer avec les seules personnes ayant qualité à l’interroger sur son statut fiscal personnel », ajoutent ses avocats, estimant que notre article relève d’une « volonté de nuire à M. Waldemar Kita et à sa famille ».

La justice a ouvert un second front la semaine dernière. Le 8 décembre, des policiers de la PJ de Nantes ont débarqué au centre d’entraînement du FC Nantes à La Jonelière. Une perquisition réalisée dans le cadre d'une nouvelle enquête préliminaire, menée cette fois par le parquet de Nantes, pour « exercice illégal de la profession d’agent sportif, faux et usage de faux », selon Presse Océan et Ouest France. Contacté, le parquet de Nantes a refusé de répondre.

Selon plusieurs sources internes au club, les enquêteurs s’intéressent à certaines ventes de joueurs orchestrées par le sulfureux Mogi Bayat. Cet agent franco-iranien vivant en Belgique, très proche de Waldemar Kita, a une telle influence sur les transferts qu’il est considéré comme le directeur sportif officieux du FC Nantes.

 

En Belgique, Mogi Bayat a fait un mois de détention provisoire à l’automne 2018, et a été inculpé pour « blanchiment d’argent » et « participation à une organisation criminelle » dans le cadre du « Footbelgate », une vaste enquête judiciaire menée par le parquet fédéral belge sur des fraudes présumées lors de transferts de joueurs. 

Selon des sources judiciaires belges, l’enquête du parquet de Nantes a démarré fin 2018 après que le parquet fédéral a alerté la justice française sur le transfert du milieu de terrain belge Anthony Limbombe au FC Nantes pour 10 millions d’euros, un record dans l’histoire du club. Le joueur a été placé en garde à vue à Nantes en novembre 2018. Selon L’Équipe, Mogi Bayat est soupçonné d’avoir touché la moitié de la prime à la signature de 3 millions d’euros payée au joueur, afin de contourner la loi française qui plafonne les commissions d’agent à 10 % du montant du transfert.

« L’enquête préliminaire [du parquet de Nantes] ne me vise pas personnellement », a démenti Mogi Bayat à Mediapart. « C’est n’importe quoi ! Je suis serein, décontract’. Quand vous pensez faire bien, il n’y a pas de raison de s’alarmer », a réagi Waldemar Kita dimanche dans Presse Océan.

En plus des deux enquêtes judiciaires sur le club et son patron, le FC Nantes fait actuellement l’objet, selon nos informations, d’un nouveau contrôle fiscal. Le FC Nantes avait déjà subi, au début des années 2010, un redressement fiscal pour avoir éludé en partie le paiement de la taxe professionnelle, via la comptabilisation d’opérations avec sa holding belge, comme l’a révélé notre partenaire Mediacités. Waldemar Kita contrôle le club via une société boîte aux lettres immatriculée à Bruxelles, Flava Groupe. Il a injecté 55,6 millions d’euros dans le FC Nantes, qui ne lui a reversé à ce stade que 18,7 millions de dividendes.

Cette multiplication des affaires intervient au pire moment, tant la situation du club est inflammable. L’entraîneur Christian Gourcuff a été limogé le 7 décembre dernier (c’était le 14e coach en treize ans…) pour cause de défaites à répétition, qui ont fait tomber le FC Nantes à la 14e place de la Ligue 1, et sur fond de critiques sur le management de Waldemar Kita et de son fils Franck, directeur général du club.

 

Chez les ultras, la colère gronde, et pas seulement à cause de l’échec sportif. Le projet de construction d’un nouveau stade YelloPark, porté par Kita, a été abandonné par la métropole de Nantes après la révélation de l’affaire de fraude fiscale présumée en février 2019.

Certains supporters ont manifesté dimanche 13 décembre aux abords du stade de la Beaujoire. Le mot d’ordre est « Kita dégage ! », ou #KitaOut sur les réseaux sociaux. Des banderoles, parfois dures, voire insultantes, s’affichent dans Nantes pour dénoncer le « FC Kita ».

L’affaire la plus dangereuse pour le patron du FC Nantes reste toutefois l’enquête pour « fraude fiscale aggravée » et « blanchiment » ouverte par le PNF en octobre 2017, à la suite d'un article publié en 2016 par Le Monde. Grâce aux Panama Papers, le quotidien a révélé que Waldemar Kita possède un yacht à 2,5 millions d’euros, le K Grace, acquis par le biais d'une discrète société offshore immatriculée aux îles Vierges britanniques, Dylan Limited.

 

À l’époque, l’homme d’affaires avait choisi une ligne de défense à la Donald Trump. Sa résidence belge ? « Ce n’est pas mon adresse. Ce n’est pas moi, voilà merci. » Le yacht aux îles Vierges ? Une homonymie malencontreuse. « Des Kita, j’en ai trouvé plein. C’est un nom très connu en Asie, où il y a des Waldemar Kita, mais ils sont noirs, ils ne sont pas blancs. »

C’est pourtant bien Waldemar Kita qui s’est offert ce navire, après la vente en janvier 2007, au géant américain Allergan (fabricant du Botox), de sa première entreprise : le laboratoire Cornéal, spécialisé dans l’ophtalmologie, puis dans les produits esthétiques à base d’acide hyaluronique, utilisés pour combler les rides ou agrandir les pénis.

Société boîte aux lettres, sans bureaux ni salariés

Waldemar Kita s’est fiscalement installé en Belgique juste à temps pour toucher sa part de la vente, soit 130,8 millions d’euros, sur lesquels il n’a payé d’impôts ni en France, ni en Belgique, où les plus-values ne sont pas taxées. « Il a voulu s’affranchir d’un assujettissement à l’ISF et l’impôt sur les plus-values en France », nous a confié un ancien proche collaborateur.

C’est grâce à cet argent défiscalisé qu’il a acheté à partir de 2007 le FC Nantes, le yacht, un jet privé, mais aussi son luxueux appartement parisien de l’avenue Hoche pour 6,4 millions d’euros, celui de son fils dans la très chic avenue Montaigne pour 4,8 millions, et les bureaux parisiens de son nouveau laboratoire dans le XVIe arrondissement. 

Le 19 février 2019 au petit matin, les policiers de la Brigade nationale de répression de la délinquance fiscale (BNRDF) perquisitionnaient simultanément le FC Nantes, les bureaux et les domiciles parisiens de Waldemar et de son fils, Franck. Dans la foulée, l’homme d’affaires, son épouse Chantal et leur fils étaient placés en garde à vue et interrogés par les policiers. 

Lors de la perquisition avenue Hoche, les enquêteurs ont constaté que « les époux Kita étaient tous deux présents à cette adresse, qui semblait constituer leur domicile principal », selon un document judiciaire.

 

Le même jour, à la demande du PNF, des policiers belges se sont rendus à Uccle, dans la banlieue de Bruxelles, pour perquisitionner un étroit et modeste immeuble en briques. Il s’agit, officiellement, de la résidence principale du couple. Surprise, ce n’était pas Waldemar Kita à l’intérieur, mais un autre individu, dont nous n’avons pas pu obtenir l’identité.

Selon nos informations, le PNF a accumulé de nombreux éléments tendant à démontrer que les Kita n’habitent pas en Belgique. L’analyse de sa téléphonie, de ses dépenses, factures, remboursements de santé et voyages en jet privé montrent que le couple passerait la majorité de son temps en France.

Lors de ces vérifications, les enquêteurs ont découvert que le FC Nantes a créé et alimenté un compte au nom de Waldemar Kita, doté d’une carte bancaire. Ce compte sert à payer les frais professionnels du président, dont ses voyages en jet privé pour assister aux matches du club en France.

Est-il bien raisonnable que le FC Nantes finance de telles dépenses ? La question se poserait d’autant plus si des vols payés par le club ont été effectués à bord des jets de Waldemar Kita. En 2009, il avait confié au magazine Ultimate Jet qu’il utilisait son propre avion dans le cadre de ses fonctions au FC Nantes : « Quand je dois aller signer un contrat avec un joueur ou le faire venir, j’utilise le jet. » 

 

Waldemar Kita s’est d’abord offert un Cessna Citation II, puis en 2018 un Hawker 900XP. L’appareil est exploité par la compagnie française Valljet, dont Waldemar Kita détient 30 %. Elle facture l’heure de vol entre 2 000 et 3 000 euros. 

Le FC Nantes a-t-il contribué, en payant les trajets de son président, à financer son avion personnel ? Waldemar Kita a refusé de répondre.

Selon un de ses proches, à la suite des perquisitions de février 2019, Waldemar Kita s’est mis à chercher d’urgence un nouveau logement belge plus conforme à son standing que le précédent, avec l’aide de l’indispensable Mogi Bayat. Interrogé par Mediapart, l’agent dit ne pas être intervenu « dans le choix du logement ». « Par contre, les Kita étant des amis, c’est avec plaisir que je leur donne mon avis si nécessaire sur les quartiers de Bruxelles. »

Waldemar Kita a trouvé, en mars 2019, une luxueuse maison de 780 m2 à Bruxelles, dans le « square du bois ». Il s’agit d’une partie privatisée de l’avenue Louise, protégée par une imposante grille, surnommée « le square des milliardaires ». Le couple réside administrativement à cette adresse.

 

Le fisc a estimé qu’en omettant de déclarer son patrimoine en France, le couple Kita a éludé 14,8 millions d’euros d’ISF, hors intérêts de retard et pénalités. D’où les saisies pénales, révélées par L’Équipe, effectuées début 2020. Le PNF a fait saisir l’appartement parisien de l’avenue Hoche et le yacht K Grace, basé au port d’Antibes. Waldemar Kita a obtenu par la suite sa restitution, en échange de la saisie conservatoire de 2,5 millions d’euros. 

Le montant total des impôts éludés est en réalité plus élevé, puisque qu’en plus de son patrimoine, l’enquête judiciaire porte aussi sur « les revenus de M. Kita », nous a confirmé le PNF. Or, il a, selon notre enquête, touché, au travers de ses sociétés, au moins 70 millions d’euros au Luxembourg depuis 2010.

Cet argent vient de sa seconde entreprise, les Laboratoires Vivacy. Le labo et l’usine sont à Archamps, en Haute-Savoie, près de la frontière suisse. Tout comme Cornéal, Vivacy fabrique des produits pour la médecine esthétique à base d’acide hyaluronique. 

L’entreprise a été créée en mai 2007, officiellement par une ancienne collaboratrice de Kita chez Cornéal. Il n’y a nulle trace du patron du FC Nantes parmi les actionnaires. Mais apparaît ensuite un nouvel associé, un gestionnaire de fortune suisse nommé Jurg Kundert. En 2010, le labo passe sous le contrôle d’une holding luxembourgeoise, V Plus, comme l’a révélé Mediacités. Là encore, c’est Kundert qui en est l’actionnaire majoritaire, avec 67 % des parts. 

Jurg Kundert, qui n’a pas répondu à nos questions, semble donc avoir été utilisé comme prête-nom par Waldemar Kita. Sans doute l’homme d’affaires ne voulait-il pas apparaître car la vente de Cornéal à Allergan en 2006 incluait une clause de non-concurrence pendant trois ans. 

Waldemar Kita n’est devenu officiellement actionnaire de V Plus qu’en 2015, à travers une société offshore luxembourgeoise nommée Dylan (comme celle qui possède son yacht). La même année, il monte une nouvelle société en Suisse, Vivacy International, chargée de distribuer les produits du groupe à l’étranger. Cette société boîte aux lettres, sans bureaux ni salariés, était basée, lors de sa création, au siège du cabinet fiduciaire de Jurg Kundert, l’homme qui aurait servi de prête-nom à Waldemar Kita.

Vivacy International sert-elle à transférer en Suisse une partie des profits de Vivacy afin de réduire l’impôt payé en France ? « C’est l’Europe. J’ai le droit. En quoi ça vous gêne ? », avait-il répondu en 2018 à Mediacités. 

Le montage est en tout cas fiscalement avantageux. Selon nos informations, Waldemar Kita a reçu, entre 2010 et 2019, plus de 20 millions d’euros de dividendes de V Plus, sur lesquels il n’a payé aucun impôt en France.

Il a aussi gagné beaucoup d’argent en revendant des actions. En 2012, le fonds d’investissement français Initiative & Finance acquiert 37,3 % du capital de V Plus, pour un montant inconnu. Waldemar Kita n’a, là encore, payé aucun impôt en France sur cette vente.

En 2015, Initiative & Finance a revendu ses parts au groupe chinois Bloomage contre 59 millions d’euros. « L’enjeu, c’était l’enregistrement de notre gamme de produits en Chine pour une commercialisation là-bas, ni plus ni moins », confie un ancien dirigeant de Vivacy.

Trois ans plus tard, les relations se tendent avec les Chinois. En 2018, Waldemar Kita créée une nouvelle société au Luxembourg, Valeron, qu’il détient à 51%, avec pour associé à 49 % son fidèle bras droit Michel Cheron. Valeron rachète les parts de Bloomage pour 70 millions d’euros, intégralement financés par une dette bancaire.

En 2019, Valeron et Dylan, la holding luxembourgeoise de Kita, vendent 38 % du groupe Vivacy à deux fonds d’investissement (Bock Capital et TA Associates) pour 140 millions d’euros. Une fois la dette de Valeron remboursée, la plus-value s’élève, selon nos informations, à 68 millions d’euros, dont 50 millions d’euros pour Waldemar Kita. Lequel n’a, une fois encore, pas payé d’impôts en France.

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/171220/le-cache-cash-fiscal-du-president-du-fc-nantes?utm_source=20201217&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20201217&M_BT=135393249294

  • Aimer 1

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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PSG et Mondial 2022: le déjeuner de l’Elysée où tout s’est joué

Nanterre, 18 juin 2019, 10 heures. Trois interrogatoires simultanés démarrent dans les locaux de l’office anticorruption (OCLCIFF) de la police judiciaire. Les enquêteurs ont convoqué Michel Platini, immédiatement placé en garde à vue, et deux anciens collaborateurs du président Nicolas Sarkozy à l’Élysée : son secrétaire général, Claude Guéant, et sa conseillère sportive, Sophie Dion.

Les trois suspects ont un point commun : leur participation présumée au déjeuner de l’Élysée du 23 novembre 2010, en compagnie de Nicolas Sarkozy, du prince héritier (et actuel émir) du Qatar, Tamim al-Thani, et du premier ministre de l’émirat à l’époque, Hamad ben Jassem al-Thani. Ce déjeuner est aujourd’hui au cœur de l’enquête judiciaire pour « corruption » sur l’attribution au Qatar de la Coupe du monde 2022, initiée il y a quatre ans par le Parquet national financier (PNF).
 

Michel Platini n’est ressorti que vers 1 heure du matin. « Vu le nombre de questions, ça ne pouvait être que long », a-t-il expliqué aux journalistes. L’ancien patron de l’UEFA et vice-président de la Fifa dit ne pas avoir compris « pourquoi [il] était là ». Il « n’a strictement rien à se reprocher et affirme être totalement étranger à des faits qui le dépassent », avaient déclaré un peu plus tôt ses avocats.

Selon des documents issus de la procédure judiciaire, que Mediapart a pu consulter, les enquêteurs ont pourtant rassemblé de nouveaux éléments qui renforcent significativement la piste révélée en 2013 par France Football : celle d’un pacte conclu lors du déjeuner, neuf jours avant le scrutin attribuant le Mondial. En échange du vote de Michel Platini pour le Qatar, le président Sarkozy aurait obtenu que l’émirat achète les droits télé du foot français et aide ses amis Arnaud Lagardère (en entrant au capital de son groupe) et Sébastien Bazin (en lui rachetant le PSG).

Selon nos informations, les enquêteurs ont obtenu des témoignages et documents, dont des notes de l’Élysée trouvées en perquisition chez Sophie Dion, qui montrent que le déjeuner a bien été organisé à l’initiative de Nicolas Sarkozy pour vaincre les « réserves » de Michel Platini envers le Qatar, et qu’il aurait changé d’avis à cette occasion.

Les policiers ont également mis la main sur un document rédigé par l’ancien directeur de cabinet adjoint du président Sarkozy, qui suggère que Michel Platini aurait déclaré lors du déjeuner qu'il voterait en faveur de la Russie pour le Mondial 2018, alors qu'il penchait auparavant pour l'Angleterre et le duo Belgique/Pays-Bas. Moins de trois jours après le déjeuner, la cellule diplomatique de l’Élysée a en effet reçu instruction d’organiser un entretien entre Nicolas Sarkozy et le premier ministre (et actuel président) russe Vladimir Poutine ou le président Dmitri Medvedev, afin de discuter « coupe du monde de football suite déjeuner Platini ».

es enquêteurs ont aussi saisi le téléphone de l’actuel patron d’Accor, Sébastien Bazin, qui dirigeait en 2010 le fonds Colony, propriétaire du PSG. Ils y ont trouvé des SMS qui montrent que Nicolas Sarkozy a bien négocié avec Tamim al-Thani, lors du déjeuner, que le Qatar rachète le club s’il obtenait la Coupe du monde de football. « NS m’a rappelé. HH [Son Altesse – ndlr] a confirmé que le deal aura lieu après le 2 décembre », écrivait Sébastien Bazin le 24 novembre, au lendemain du déjeuner de l’Élysée.

Contactés par Mediapart, la plupart des protagonistes de l’affaire, dont Michel Platini, Nicolas Sarkozy et Tamim al-Thani, n’ont pas répondu à nos questions (voir notre Boîte noire). Un porte-parole de Sébastien Bazin nous a envoyé une courte réponse écrite, où il indique que la vente du PSG au Qatar « s’est faite sans contrepartie et sans conditions autres que les conditions financières et les due diligence habituelles pour ce type d’opération ».

Dans ses interviews à la presse sur le sujet, Michel Platini a toujours affirmé qu’il pensait manger en tête à tête avec le président de la République et qu’il n’a découvert la présence des Qataris qu’une fois à l’Élysée, ce que plusieurs de ses anciens collaborateurs ont confirmé aux policiers.

L’ancien numéro 10 des Bleus a aussi répété que Nicolas Sarkozy ne lui a jamais demandé de voter pour l’émirat. « On ne m’a jamais demandé de voter pour eux. […] Personne ne m’a dit pour qui je devais voter. Jamais le Qatar ne m’a demandé de voter pour lui. Ni Sarkozy ni personne ! Je l’ai toujours dit », déclarait-il à L’Équipe en 2014.
https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/video-complement-d-enquete-pourquoi-platini-a-choisi-le-qatar-pour-la-coupe-du-monde_737949.html

 

« J’ai voté pour le Qatar et pour la Russie parce que c’étaient deux territoires tout à fait nouveaux pour les coupes du monde, et que pour le développement du football, c’était important qu’on aille dans de nouveaux territoires », a-t-il indiqué au magazine de France 2 « Complément d’enquête » (voir la video ci-dessus)

Mais il a modifié son récit sur un point clé. En 2014, il déclarait que c’était « Sophie Dion, responsable des sports à l’Élysée », qui lui avait demandé de venir déjeuner. Il reconnaissait que Nicolas Sarkozy lui avait fait passer « un message subliminal » en faveur du Qatar.

Michel Platini a changé de version en décembre 2017, lors de sa première audition par les enquêteurs, révélée par L’Équipe. Il affirme désormais qu’il avait déjà tranché en faveur du Qatar avant le déjeuner, et que c’est lui qui a sollicité un « rendez-vous avec Nicolas Sarkozy afin de lui annoncer » son vote. 

Selon nos informations, l’ancien numéro 10 des Bleus est resté sur la même ligne lors de sa garde à vue en juin 2019. Il a reconnu avoir envisagé de voter pour les États-Unis, mais affirme que son choix s’était rapidement porté sur le Qatar.

Il n’a pas convaincu les policiers. « Les propos tenus par Michel Platini semblaient être infirmés » par les éléments découverts lors de l’enquête, indique le rapport de synthèse de l’OCLCIFF, que Mediapart a pu consulter. « Les investigations […] laissent présumer que des faits de corruption peuvent avoir été commis, mettant possiblement en cause non seulement des Qataris, mais aussi des ressortissants français », conclut ce document daté du 12 août 2019.

Quatre mois plus tard, le PNF ouvrait une information judiciaire, confiée aux juges d’instruction parisiens Marc Sommerer et Bénédicte de Perthuis. Ils n’ont prononcé, à ce stade, aucune mise en examen. Tous les protagonistes sont présumés innocents.

Pour comprendre, il faut revenir au mois de juin 2010. Les relations sont au beau fixe entre Nicolas Sarkozy et Michel Platini, qui a aidé en secret l’Élysée à décrocher l’organisation de l’Euro 2016 (lire le précédent volet de notre enquête). En parallèle, le président de la République s’est engagé à aider le Qatar à obtenir le Mondial.

La bataille s’annonce d’autant plus complexe que la Fifa a décidé, pour la première fois, d’attribuer deux éditions en même temps. Plusieurs pays, dont les États-Unis, sont candidats à la fois pour 2018 et 2022. 

À la demande du secrétaire général de l’Élysée, Sophie Dion avait, dès le début du mois de mars, contacté Michel Platini pour sonder ses intentions. Mauvaise nouvelle : il a des réserves sur la candidature de l’émirat, écrit-elle à Claude Guéant le 10 mars, précisant que le président de l’UEFA souhaite aborder le sujet « avec le président de la République ».
 

Cette forte réticence a été confirmée par deux très proches collaborateurs de Michel Platini à l’époque, auditionnés comme témoins par les policiers. Le premier, William Gaillard, était le directeur de la communication de l’UEFA. Il a indiqué que Michel Platini a d’abord privilégié l’Angleterre pour 2018 et les États-Unis pour 2022.

« La délégation qatarie espère obtenir le soutien de la France et de Michel Platini »

Le second témoin est Kevin Lamour, recruté comme stagiaire pour la campagne victorieuse qui a mené Michel Platini à la tête de l’UEFA. Il a été ensuite son conseiller, puis son directeur de cabinet jusqu’à sa chute en 2015, provoquée par l’affaire du paiement de 1,8 million d’euros que lui a octroyé l’ancien président de la Fifa Sepp Blatter (lire ici).

Dans son audition par le comité d’éthique de la Fifa, qui figure dans les Football Leaks, Kevin Lamour explique avoir démissionné pour des raisons éthiques, après s’être senti « profondément trahi » par son patron lorsque l’affaire a éclaté. Il est aujourd’hui secrétaire général adjoint de l’UEFA.

Kevin Lamour a raconté aux policiers qu’en juin 2010, Michel Platini lui avait dit qu’un succès russe pour l’édition 2018 et qu’une victoire du Qatar pour 2022 seraient très mauvais pour l’image du football et de la Fifa. Il a confirmé que le président de l’UEFA était à l’époque favorable à l’Angleterre et aux États-Unis, et qu’il avait reçu le président de la fédération américaine de football, Sunil Gulati.

Sollicités par Mediapart, William Gaillard, Kevin Lamour et Sunil Gulati se sont refusés à tout commentaire. Mais nous avons pu reconstituer cet épisode, déjà évoqué par Le Monde, grâce à plusieurs sources européennes et américaines au fait du dossier.

À l’époque, l’objectif principal de Michel Platini était qu’un pays européen obtienne le Mondial 2018. En septembre 2010, le cabinet du président de l’UEFA appelle Sunil Gulati, pour lui dire que Michel Platini souhaite que les États-Unis retirent leur candidature pour 2018.

Le président de la fédération américaine s’envole donc pour la Suisse pour négocier en direct avec Platini, lors d’un petit déjeuner qui se tient dans les tout derniers jours du mois de septembre au siège de l’UEFA, à Nyon. Selon plusieurs sources américaines, Michel Platini laisse entendre à Sunil Gulati, sans toutefois le dire explicitement, qu’il soutiendra les États-Unis pour 2022 s’ils se retirent pour 2018. « Surtout, il a été très clair sur le fait qu’il ne soutiendrait pas le Qatar », ajoute un de nos témoins.

Le président de la fédération américaine accepte, persuadé que Platini votera pour lui. « Lorsqu’il est sorti de la réunion, j’ai croisé Gulati dans le couloir. Il m’a dit : “OK, tout est arrangé, très bien, on renonce à 2018 et l’Europe nous soutiendra” », nous a raconté un cadre de l’UEFA.

À deux mois du scrutin, la religion de Michel Platini semble faite. Mais en cette période électorale, il est très sollicité.

Lors de son audition, Kevin Lamour a indiqué que début octobre 2010, Michel Platini lui avait raconté que le Chypriote Marios Lefkaritis, vice-président de l’UEFA et membre du comité exécutif de la Fifa, lui avait annoncé qu’il allait voter pour le Qatar et lui avait suggéré de faire de même.

l se trouve que Marios Lefkaritis, qui est proche de Michel Platini, est aussi un riche homme d’affaires actif dans le pétrole et le gaz. Et que, selon le quotidien chypriote Haravgi, le groupe Lefkaritis a vendu, quelques mois après l’attribution du Mondial, un terrain à un fonds souverain qatari pour 32 millions d’euros. Le Chypriote a-t-il approché son ami Platini pour le compte du Qatar ? Il n’a pas répondu à nos questions.

Le lobbying de l’émirat est ensuite devenu beaucoup plus direct. Le 21 octobre 2010, une délégation qatarie se rend au siège de l’UEFA pour présenter son projet pour le Mondial 2022, comme l’avaient déjà fait d’autres pays candidats.

Mais selon le livre-enquête L’Homme qui a acheta une coupe du monde (Hugo Sport), des journalistes britanniques Jonathan Calvert et Heidi Blake, Michel Platini avait dîné secrètement en privé, la veille, avec le prince héritier du Qatar (et actuel émir) Tamim al-Thani, dans un grand restaurant de Genève. Curieusement, le cheikh Tamim n’est pas venu le lendemain à la réunion officielle à l’UEFA avec la délégation qatarie, selon nos informations.

Dans le régime ultra-hiérarchisé du Qatar, l’implication directe du prince héritier ne doit rien au hasard. Le comité de candidature était présidé par le cheikh Mohammed, un autre fils de l’émir. Mais c’est son grand frère Tamim qui dirigeait à l’époque la politique sportive de l’émirat (lire ici). « Jusque-là, le prince héritier était resté discret dans la campagne pour la Coupe du monde. Mais alors que l’échéance du vote approche, il est temps pour le Qatar de sortir les poids lourds », commentent les auteurs du livre au sujet de son dîner secret du 20 octobre 2010 avec Michel Platini.

Tamim al-Thani n’a manifestement pas obtenu le soutien espéré. Car six jours plus tard, il décide de s’inviter au déjeuner avec Michel Platini prévu le 23 novembre à l’Élysée, qui était déjà en préparation.

À ce moment-là, il était prévu que le président de l’UEFA déjeune avec le président Sarkozy, puis que le premier ministre Hamad ben Jassem al-Thani (dit HBJ) et le cheikh Mohamed, président du comité de candidature Qatar 2022, se joignent à eux pour le café.

Le 26 octobre, Claude Guéant écrit une note à Nicolas Sarkozy pour l'informer que HBJ vient de le prévenir que Tamim al-Thani a décidé de remplacer son petit frère. Vu l’importance du prince héritier, Claude Guéant suggère, et obtient, de changer de stratégie : il y aura d’abord un tête-à-tête Platini-Sarkozy, puis un déjeuner avec les Qataris.

L’événement a donc été préparé plus d’un mois à l’avance par la conseillère sport Sophie Dion et la cellule diplomatique de l’Élysée, sous la supervision de Claude Guéant. Jean-David Levitte, qui était le conseiller diplomatique et sherpa du président, a confirmé aux policiers que le déjeuner a bien été organisé à l’initiative de Nicolas Sarkozy.

« Michel Platini a une influence non négligeable sur le vote des membres de la Fifa […]. La délégation qatarie […] espère obtenir le soutien de la France et du président de I’UEFA, Michel Platini », écrivait Sophie Dion dans une note préparatoire rédigée en novembre 2010. 

« Le déjeuner avait clairement pour objet de faire en sorte que les Qataris puissent parler avec Michel Platini et lui exposer les atouts de leur candidature, a confirmé Claude Guéant aux enquêteurs. Si Michel Platini n’avait pas été un homme d’influence au sein des instances dirigeantes du football, il n’aurait pas été l’objet de ces sollicitations. »

Le 22 novembre, Sophie Dion rédige plusieurs notes à son patron. Elles portent le visa manuscrit du président Sarkozy, qui les a donc lues. L’une d’entre elles est intitulée « La candidature du Qatar à la Coupe du Monde 2022 – Michel Platini, sa réélection au sein de l’UEFA et sa candidature à la tête de la Fifa ».

Il s’agit du plan de bataille pour le déjeuner du lendemain. « Michel Platini devrait être réservé sur cette candidature [du Qatar – ndlr] lors de la première séquence du rendez-vous », prévient Sophie Dion. L’objectif est « naturellement » que « sa position doit être plus favorable » lors du déjeuner avec les Qataris.

« Nicolas Sarkozy m’a rappelé. Son Altesse a confirmé que le deal se fera après le 2 décembre »

Selon la note, il est prévu que de 12 h 30 à 13 heures, Nicolas Sarkozy « travaille » d’abord Michel Platini en tête à tête, en lui promettant le soutien de la France pour sa réélection à la tête de l’UEFA en mars 2011, ainsi que pour sa candidature potentielle face à Sepp Blatter pour la présidence de la Fifa deux mois plus tard (Michel Platini ne s’est finalement pas présenté).

Nicolas Sarkozy doit ensuite achever de convaincre Platini lors du déjeuner avec le premier ministre et le prince héritier Tamim al-Thani, qui sera consacré la candidature du Qatar pour le Mondial 2022.

Lors des interrogatoires menés en juin 2019, les protagonistes n’ont guère été loquaces sur le contenu du déjeuner. « On a parlé de tout et de rien », a éludé Michel Platini. « Ma mémoire n’est pas si fidèle », s’est excusé Claude Guéant, qui assure n’avoir gardé quasiment aucun souvenir de l’événement. 

Sophie Dion a affirmé qu’elle n’y a « pas assisté », alors qu’elle figure sur le plan de table. Michel Platini avait déclaré qu’elle était bien là lors de sa première audition en 2017. Il s’est ravisé lors de sa garde à vue, affirmant qu’il n’avait finalement « aucun souvenir » de sa présence.

Claude Guéant était lui aussi sur le plan de table officiel, et Michel Platini a confirmé qu’il était bien « autour de la table ». « Je pense que Michel Platini confond le déjeuner avec le petit apéritif qui le précédait dans le salon jouxtant la salle à manger », a répondu Claude Guéant. L’ancien secrétaire général de l’Élysée affirme qu’il a seulement tenu compagnie « à nos hôtes qataris » avant l’arrivée du président Sarkozy, et qu’il n’a pas participé au déjeuner.

« La sollicitation de ce déjeuner est venue de moi car je voulais dire pour qui j’allais voter », a réaffirmé Michel Platini aux policiers, démentant formellement avoir changé d’avis à cette occasion.

Cette version est contredite par les notes préparatoires, mais aussi par des témoignages recueillis par les enquêteurs. Juste après le déjeuner, Michel Platini a appelé le président de la Fifa, Sepp Blatter, pour lui annoncer qu’il allait voter pour le Qatar au lieu des États-Unis.

Dans son livre, Ma vérité, et lors de son audition par les enquêteurs en 2017, Blatter a réaffirmé que Michel Platini lui a dit avoir accepté de voter Qatar lors du déjeuner à cause de l’insistance de Nicolas Sarkozy, qui avait évoqué les « intérêts supérieurs » de la France. L’ancien président déchu de la Fifa affirme que Michel Platini aurait convaincu trois autres membres de l’UEFA, ce qui aurait suffi à faire basculer le scrutin, le Qatar ayant obtenu 14 voix contre 8 pour les États-Unis.

Michel Platini a confirmé avoir appelé le président de la Fifa pour l'informer qu'il allait voter Qatar, mais dément formellement le reste. Il estime que le témoignage de Sepp Blatter est partial, les deux hommes étant en conflit ouvert depuis 2015, après avoir été très proches.

L’ancien directeur de la communication de l’époque à l’UEFA, William Gaillard, a indiqué aux policiers qu’il avait appris que son patron allait voter Qatar seulement après le déjeuner. Il a estimé que cette rencontre à l’Élysée avait joué un rôle important dans son choix.

Selon des sources proches de la fédération américaine de football, Sunil Gulati n’a appris lui aussi qu’après le déjeuner, de la bouche de Michel Platini, son revirement en faveur de l’émirat gazier.

Les enquêteurs soupçonnent également que Michel Platini aurait aussi indiqué à Nicolas Sarkozy, lors du même déjeuner, qu'il allait voter Russie pour l’édition 2018. L’ancien président de l’UEFA a déclaré publiquement avoir donné sa voix à ce pays, car il n’avait jamais eu le Mondial. 

Or, ses anciens collaborateurs Kevin Lamour et William Gaillard ont indiqué aux policiers que le président de l’UEFA penchait, à l’été 2010, pour l’Angleterre. D’autres proches de Michel Platini à l’époque nous l'ont confirmé, précisant qu'il a ensuite, plus tard dans l'année, indiqué qu’il soutiendrait le duo Belgique/Pays-Bas.

La piste d’un possible revirement est suggérée par un carnet de notes retrouvé lors d’une perquisition au domicile du directeur de cabinet adjoint du président Sarkozy, Guillaume Lambert. Juste après les agapes du 23 novembre à l’Élysée, il a écrit que le conseiller diplomatique Jean-David Levitte lui a demandé de réserver un créneau à l’agenda du président, afin qu’il s’entretienne avec le président russe Vladimir Poutine ou son premier ministre Dmitri Medvedev au sujet de « Russie 2022, coupe du monde de football suite déjeuner Platini »

Nicolas Sarkozy voulait-il annoncer à son homologue russe que le président de l’UEFA allait voter pour lui ? S’agissait-il d’obtenir que le membre russe de la Fifa vote pour Qatar 2022 en échange du vote de Michel Platini pour Russie 2018 ? Michel Platini et Nicolas Sarkozy ne nous ont pas répondu.

Le déjeuner de l’Élysée s’est par ailleurs révélé décisif pour Sébastien Bazin, grand ami de Nicolas Sarkozy et patron pour l’Europe du fonds américain Colony Capital, propriétaire du PSG. Sébastien Bazin, aujourd’hui patron d’Accor, voulait absolument que le Qatar lui rachète le club, alors en pleine déroute financière.

Nicolas Sarkozy lui avait donné un coup de pouce dès le mois de février 2010, en évoquant le sujet du PSG avec le prince héritier Tamim al-Thani. Sébastien Bazin avait ensuite été reçu en avril par Claude Guéant à l’Élysée (lire l’épisode précédent de notre enquête).

Histoire de mettre toutes les chances de son côté, Sébastien Bazin a fait appel à un lobbyiste de poids : Jean-Paul Gut, ancien numéro 2 du groupe Airbus et intime de la famille royale du Qatar. Ce « Lagardère boy » et supervendeur, qui pilotait le département commercial d’Airbus, a mis en place le service au cœur du système de corruption massive qui a valu au géant de l’aéronautique une amende record de 3,6 milliards d’euros (lire ici). Depuis son départ d’Airbus en 2007, avec un parachute doré de 80 millions d’euros, il fait fructifier son carnet d’adresses comme consultant.

« Aucun intermédiaire n’a été rémunéré pour faciliter la cession du PSG par Colony, ni Monsieur Gut ni qui que ce soit d’autre », nous a indiqué un porte-parole de Sébastien Bazin. Jean-Paul Gut n’a pas répondu.

Le patron de Colony Europe, alors en voyage d’affaires en Asie, n’a pas participé aux agapes de l’Élysée. Mais il suit la situation de très près. Le 23 novembre, juste avant le déjeuner, il écrit un SMS à Claude Guéant au sujet du prince héritier Tamim al-Thani. Dans la foulée, il s’entretient au téléphone avec le président Sarkozy. « NS vient de m’appeler, il déjeune aujourd’hui avec HH [« His Highness », soit « Son Altesse » – ndlr] Tamim à l’Élysée… Lui ai donné les messages clés », écrit Sébastien Bazin à Jean-Paul Gut.

Le lendemain, Sébastien Bazin envoie un nouveau texto très explicite à Jean-Paul Gut : « NS m’a rappelé, HH a confirmé que le deal se fera après le 2 décembre », le jour du vote de la Fifa attribuant les Mondiaux 2018 et 2022. Sept mois plus tard, le fonds souverain Qatar Sports Investments (QSI), présidé par Nasser al-Khelaïfi, rachetait 70 % du PSG.

Sébastien Bazin a refusé de commenter ses SMS. « Cette cession s’est faite à QSI sans contrepartie et sans conditions autres que les conditions financières et les due diligence habituelles pour ce type d’opération », nous a indiqué son porte-parole.

Un porte-parole de Nasser al-Khelaïfi, président de QSI et du PSG, nous a répondu que faire un lien entre le déjeuner de l’Élysée et le rachat du club par le Qatar relève du « conspirationnisme », au motif que « les négociations finales et détaillées […] ont commencé au début de l’année 2010, de nombreux mois avant le prétendu déjeuner de l’Élysée ». « Depuis des années, Mediapart continue à mettre en avant des théories conspirationnistes avec un mépris total pour les faits, malgré le fait que nous avons fourni les preuves exhaustives du contraire. Nous ne nous abaisserons pas à commenter de nouveau de telles théories », ajoute-t-il.

Michel Platini a affirmé publiquement qu’il était, à l’époque, opposé à une acquisition du club par l’émirat. Lors de son audition par l’ancien procureur américain Michael Garcia, qui a réalisé en 2014 une enquête sur le « Qatargate » pour la Fifa, Michel Platini a déclaré qu'il « s’était expressément opposé à cette transaction, et qu’il avait demandé à l’émir du Qatar de ne pas acheter le club, lors d’un déjeuner au Qatar en 2010 ».

Dans une enquête publiée en juillet 2011 par So Foot, Michel Platini avait reconnu que lors du déjeuner du 23 novembre 2010 à l’Élysée, Nicolas Sarkozy avait tenté de le faire changer d’avis sur une prise de contrôle du PSG par l’émirat : « Il m’a dit que les Qataris étaient des gens bien. »

Qu’il ait changé d’avis ou non, les textos de Sébastien Bazin montrent que Nicolas Sarkozy a bien obtenu du prince Tamim, actuel émir du Qatar, que l’émirat achète le club parisien lors du déjeuner.

Sébastien Bazin peut remercier son ami Nicolas Sarkozy. Le fonds qatari QSI monté en 2012 à 100 % du capital du PSG, et a payé un total de 64 millions d’euros, selon des documents confidentiels issus des Football Leaks. C’est moins que les quelque 100 millions engloutis par Colony dans le club. Mais vu le déficit du PSG à l’époque, c’était un très bon résultat.

https://www.mediapart.fr/journal/france/191220/psg-et-mondial-2022-le-dejeuner-de-l-elysee-ou-tout-s-est-joue?utm_source=20201219&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20201219&M_BT=135393249294

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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Football: les secrets du fiasco de Mediapro

C’est une très singulière histoire que celle de Mediapro, le groupe sino-espagnol qui a raflé en 2018, à la surprise générale, les droits de retransmission télévisuelle des championnats de football de Ligue 1 et de Ligue 2, en France, pour le montant record de 830 millions d’euros par an pour la période 2020-2024 ; et qui, dès le début de la première saison, en octobre 2020, a fait savoir qu’il ne paierait pas la deuxième traite prévue par le contrat conclu avec la Ligue de football professionnel (LFP).
 

Car après un tel séisme, qui a poussé tout l’univers du football professionnel français vers l’abîme, on aurait pu assister à un grand déballage généralisé révélant les coulisses parfois surprenantes de ce sport, depuis qu’il brasse des fortunes aussi colossales. On aurait même pu assister à un procès retentissant, soulignant les responsabilités des différents protagonistes de cet invraisemblable naufrage.

Et, pourtant, non. Cette fois encore, c’est l’argent qui a dicté sa loi. Craignant qu’une procédure judiciaire ne dure trop longtemps et l’empêche de récupérer ces droits télévisuels pour les rétrocéder au plus vite à un autre opérateur, la LFP a préféré conclure un pacte de sortie de crise avec Mediapro. Mardi 22 décembre, le tribunal de commerce de Nanterre a entériné l’accord conclu entre Mediapro et la LFP, signant ainsi la fin de la calamiteuse histoire du géant sino-espagnol en France et de la chaîne Téléfoot, que le groupe avait créée.

L’histoire officielle s’arrête donc là. Et ses protagonistes ne sont guère désireux aujourd’hui d’en dévoiler les péripéties. Ainsi fonctionne souvent la vie des affaires : elle n’aime guère que ses secrets, petits et grands, soient mis sur la place publique.

Mediapart a pourtant choisi d’aller y voir de plus près. Car cette aventure de Mediapro, qui s’achève sur un fiasco retentissant, est en réalité passionnante. Car elle révèle à quel point le football professionnel français a basculé dans l’univers du capitalisme financiarisé anglo-saxon, copiant jusqu’à ses excès les plus caricaturaux – on le savait de longue date pour les rémunérations mirobolantes des joueurs et les montants de plus en plus astronomiques des transferts, mais l’affaire Mediapro vient confirmer que c’est toute la planète foot qui est régie par les règles du capitalisme néolibéral, avec ses embardées et ses excès.

Et puis, c’est aussi une histoire rocambolesque et un tantinet schizophrénique, car l’acteur principal de cette saga financiaro-sportive, Jaume Roures, le fondateur catalan du groupe Mediapro, provient d’un univers qui est à l’exact opposé de ce monde du capitalisme le plus excessif. Longtemps, il a même voulu le renverser et faire la révolution, puisqu’il a été un dirigeant trotskiste en Espagne, et même de la IVe Internationale, et a toujours affiché des convictions très ancrées à gauche.

L’affaire Mediapro, c’est en somme le télescopage brutal de deux mondes, celui d’une époque ancienne où certains rêvaient encore de changer la vie, et puis celui de l’époque actuelle, où l’argent peut avoir raison de tout, même des plus belles convictions.

Il n’est certes pas facile de découvrir les méandres complexes de cette double histoire, car le secret des affaires est la règle absolue de cet univers. Personne ne veut donc parler, hormis en langue de bois. Grâce à des présidents de clubs, qui ont tous requis l’anonymat, nous sommes pourtant parvenus à reconstituer les pièces de cet invraisemblable puzzle.

  • 1 - Quand François Hollande sauve Vincent Bolloré

Pour comprendre les débuts de l’histoire, il faut remonter au milieu du quinquennat de François Hollande, en 2014. À l’époque, les dirigeants de la LFP espèrent vivement que l’appel d’offres en préparation pour attribuer les droits télévisuels pour les années 2016-2020 va donner lieu à des enchères spectaculaires, permettant d’engranger des sommes encore plus fabuleuses que par le passé, et donc d’apporter des financements considérables à tous les clubs professionnels, essentiellement ceux de Ligue 1, et pour une très modeste part ceux de Ligue 2.

Mais, cette année-là, une malencontreuse intervention du chef de l’État va fausser l’appel d’offres et décevoir les attentes de la LFP. Comme le raconteront, plus tard, les deux journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock), François Hollande s’alarme de l’arrivée en France, sur le marché des droits TV, de BeIN Sports, la chaîne du Qatar, et craint que Canal+, la chaîne sur laquelle Vincent Bolloré a mis la main et dont les retransmissions du foot ont longtemps été le fonds de commerce, n’y résiste pas. Ce sont les deux principaux dirigeants de la chaîne, Bertrand Meheut et Rodolphe Belmer, qui sont venus plaider leur cause à l’Élysée ; et François Hollande choisit de prendre leur défense.

C’est lui-même qui le racontera plus tard aux journalistes du quotidien : « J’ai appelé l’émir du Qatar, je lui ai dit : “Vous allez venir en France, en juin, on vous a défendu par rapport aux Saoudiens, on est à vos côtés, mais, là, qu’allez-vous faire sur les Rafale ? Il y a aussi l’histoire du foot… Je souhaite qu’il y ait un partage.” »

 

François Hollande intervient donc pour que la chaîne qatarienne BeIN Sports pactise avec Canal+ et partage avec elle les droits TV. L’histoire est hallucinante pour plusieurs raisons. D’abord, elle révèle qu’un chef de l’État, issu du Parti socialiste, décide d’intervenir pour sauver l’empire d’un grand patron qui défend, lui, des valeurs proches de la droite radicale. C’est d’autant plus invraisemblable que le même chef de l’État n’aura, par la suite, pas un seul mot de compassion ni de soutien pour les salariés de la chaîne i>télé (la filiale de Canal+ rebaptisée ultérieurement CNews), qui conduiront une longue et courageuse grève contre les censures et reprises en main du même Vincent Bolloré. En bref, François Hollande défend Vincent Bolloré, qui commence à construire les fondations d’une chaîne copiant tous les traits de Fox News, mais il ne lève pas le petit doigt pour soutenir les journalistes qui s’y opposent.

Et puis, surtout, en droit, l’intervention du chef de l’État pourrait s’apparenter à une forfaiture, puisqu’elle a pour effet de fausser l’appel d’offres. C’est du moins ce que suggère Frédéric Thiriez, qui est, à l’époque, le président de la LFP. Menaçant de porter plainte contre l’État pour « faute » – ce que finalement il n’osera pas faire –, il dénonce « un accord politique » entre la France et le Qatar, qui a pour effet de minorer les enchères des droits TV et de faire perdre de 100 à 150 millions d’euros à la LFP.

Quand, le 4 avril 2014, les enchères ont lieu pour répartir les droits TV pour la période 2016-2020, la chaîne qatarienne a, en effet, la possibilité de rafler les trois lots en jeu et d’écraser Canal+. Mais elle ne s’y résout pas et, minorant fortement ses enchères, elle perd les deux lots les plus importants, comprenant les trois meilleures affiches de chaque journée de Ligue 1. Grâce à Hollande, Canal+ est donc sauvé et la bulle financière des droits TV, qui a fortement gonflé les années antérieures, est, pour une fois, presque contenue.

  • 2 - Objectif : 1 milliard d’euros par an

Tout cela est, bien sûr, très relatif, parce que, même dans le foot, ce sont désormais les appétits financiers qui commandent. Et d’année en année, ils ont été de plus en plus féroces. À preuve, pour la période 2004-2007, Canal+ a mis sur la table pas loin de 500 millions d’euros par an pour rafler l’essentiel des droits TV – qui sont le principal produit d’appel de la chaîne –, une somme qui est déjà jugée totalement délirante à l’époque. Puis, pour le round d’après, portant sur la période 2008-2012, l’ensemble des droits atteint un nouveau record, à 668 millions d’euros par an. Et, enfin, pour la période 2012-2016, les droits sont vendus à peine moins, pour 607 millions d’euros par an.

Alors quand, en 2014, les droits TV des rencontres les plus prestigieuses pour la période 2016-2020 sont alloués à Canal+ pour 726 millions d’euros, et les autres rencontres aux Qatariens pour 186,5 millions d’euros et la Ligue 2 pour 22 millions d’euros, la LFP a, malgré tout, réalisé une excellente affaire. La bulle continue d’enfler. Mais les dirigeants de la Ligue 1 ont la conviction que, sans l’intervention de François Hollande, ils auraient pu faire beaucoup plus. Beaucoup, beaucoup plus.

Explication d’un président de club qui siège à la LFP : « C’est à cette époque que beaucoup arrivent à la conviction que nos droits TV pour la Ligue 1 et la Ligue 2 valent 1 milliard d’euros. Quand, en 2016, la Ligue recrute Didier Quillot, l’ex-patron de Lagardère active, comme directeur général, c’est très exactement la mission principale qui lui est assignée : atteindre cette barre du milliard d’euros par an pour la cession des droits couvrant la période 2020-2024. »

La somme est folle, mais, dans ce monde du capitalisme échevelé qui aspire tout l’univers du football, il a sa cohérence. Car, à l’époque, partout en Europe, les droits TV deviennent le nerf de la guerre : l’économie de plus en plus inflationniste du foot-business a la télévision pour principal ressort. Au même moment, les droits TV atteignent ainsi près de 1,2 milliard d’euros par an en Espagne et en Allemagne. En Italie, ils portent sur près de 1 milliard d’euros. Et, en Angleterre, le pays qui a versé le plus tôt dans cette nouvelle économie du football, les droits atteignent même la somme astronomique de 1,9 milliard d’euros par an.

Ces chiffres font donc à l’époque rêver tous les présidents de clubs français, qui ont la conviction qu’ils sont en retard sur les pratiques européennes et que les droits TV peuvent être vendus beaucoup plus chers. Ils en sont d’autant plus convaincus que la football français apparaît de plus en plus attractif aux yeux de nombreux investisseurs étrangers. Le foot français attire désormais les plus grands noms de ce sport : Neymar, pour ne citer que l'exemple le plus célèbre, débarque ainsi au Paris-Saint-Germain en août 2017.

La guerre des enchères

De la même façon que de nombreux groupes du CAC 40 ont ouvert leur capital aux grands fonds de pension anglo-saxons, ou aux fonds souverains asiatiques ou des monarchies du Golfe, de plus en plus de clubs français changent, par ailleurs, de mains à la même époque ou s’ouvrent à de nouveaux actionnaires. Exemple, l’OGC Nice : en juin 2016, le club est racheté à hauteur de 80 % du capital par des investisseurs chinois et américains, emmenés par le Sino-Américain Chien Lee, qui prend la présidence du conseil de surveillance, et le Chinois Alex Zheng. Exemple encore, l’Olympique lyonnais, qui, après avoir été introduit en Bourse en 2007, choisit, en août 2016, d’ouvrir son capital à hauteur de 20 % à un fonds d’investissement chinois, IDG Capital, et le club ne cesse de le rappeler (voir le tweet ci-dessous)

Bref, tout cela concourt à ce que les dirigeants des clubs français rêvent d’empocher, par le biais des droits TV, une somme encore plus fabuleuse que par le passé. Selon les récits concordants de plusieurs dirigeants de clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, la LFP, qui agit en leur nom, entre donc en campagne de septembre 2017 à avril 2018, de sorte que le plus de candidats à l’octroi des droits TV se mettent sur les rangs pour participer aux enchères. Et que ces enchères soient, du même coup, les plus élevées possibles.

Témoignage d’un membre du bureau actuel de la Ligue : « Les services de la Ligue ont démarché tous les candidats potentiels ! Aussi bien les opérateurs comme Canal+, BeIN ou encore SFR ; mais aussi d’autres acteurs présents sur le marché des droits dans d’autres pays, comme le groupe new-yorkais IMG, très présent dans de nombreux pays sur le marché sportif et événementiel, le groupe espagnol Mediapro, déjà très fort dans de nombreux pays en Europe, mais aussi aux États-Unis et en Amérique latine, ou encore le conglomérat chinois Wanda, spécialisé dans un nombre incalculable d’activités, allant de l’hôtellerie et la grande distribution jusqu’au cinéma, en passant, bien sûr, par le sport. Et puis, enfin, les géants de l’Internet et du numérique, tentés eux aussi de plus en plus par ce marché des droits TV, comme Facebook, Google ou encore Amazon… »

C’est donc une véritable guerre des droits du foot qui est ainsi organisée, pour que les enchères montent le plus haut possible. Et pour que cela soit bien certain, les enchères elles-mêmes sont organisées de manière très complexe.

  • 3 - Le coup fourré raté de Canal+

Concrètement, la LFP fait appel à Clifford Chance, le cabinet d’avocats le plus connu au monde pour les affaires sportives, afin qu’il rédige le règlement de l’appel d’offres. Et pour la gouvernance de l’appel d’offres, un comité de pilotage est créé rassemblant 15 personnes, dont une majorité de présidents de clubs, excepté celui du PSG, Nasser al-Khelaïfi, par ailleurs président du groupe BeIN, un personnage controversé auquel Mediapart a consacré de nombreuses enquêtes.

Récit d’un président de club, membre du comité de pilotage : « Après huit mois de préparation, c’est donc le 28 mai 2018 que les enchères ont finalement lieu. Pour être bien certains d’atteindre la barre du milliard d’euros, nous avions fixé un prix réserve, légèrement inférieur au milliard d’euros, de sorte que l’appel d’offres soit jugé infructueux si ce seuil n’est pas atteint – avec un prix de réserve intermédiaire pour les trois premiers lots, les plus importants. Les candidats potentiels aux enchères sont chacun dans leurs bureaux respectifs sans connaître l’identité de leurs rivaux, assistés dans leur bureau, surveillés par des huissiers assermentés à qui tous les participants ont dû remettre leurs téléphones portables. Et le comité de pilotage est réuni dans les bureaux de Clifford Chance, en présence d’autres huissiers. À partir de 10 heures commencent donc les enchères. Pour respecter la loi Lamour de 2003, qui interdit la constitution de monopole dans ces domaines, les droits TV ont été répartis en sept lots distincts. Et ces lots sont mis aux enchères les uns après les autres. »

C’est donc un système pousse-au-crime qui est organisé. Mais c’est aussi un étrange système à l’aveugle, puisque chaque candidat ignore qui sont ses rivaux potentiels. Et, dans cette partie de poker jouée les yeux fermés, dont l’enjeu porte sur des milliards, il peut y avoir des coups fourrés, des coups de bluff ou des coups maladroits.

Or, ce 28 mai 2018, c’est précisément ce qui advient : les dirigeants de Canal+ vont perdre leur pari, en faisant un coup fourré qu’ils vont… perdre ! « Quand ils apprennent qu’ils sont seulement numéro 2 sur le lot principal, poursuit notre président de club membre du comité de pilotage, ils n’imaginent pas que le numéro 1 puisse être un nouveau venu sur le marché français des droits TV du foot ; ils sont persuadés que c’est forcément SFR, la filiale du groupe du milliardaire Patrick Drahi. Or, comme SFR vient tout juste de débourser un an plus tôt près de 350 millions d’euros par an pour les droits de diffusion de la Ligue des champions et de la Ligue Europa de 2018 à 2021, les dirigeants de Canal+ sont persuadés que l’opérateur téléphonique ne pourra pas enchérir sur les lots 2 et 3, et que le prix de réserve intermédiaire ne sera donc pas atteint. Erreur magistrale ! »

Car, effectivement, le prix de réserve est finalement dépassé. Et les dirigeants de Canal+ se retrouvent Gros-Jean comme devant. Car le grand vainqueur est un groupe que personne n’attendait : le géant espagnol Mediapro.

Le groupe espagnol n’est certes pas un nouveau venu en France, mais il n’y exerce à l’époque qu’un seul métier, celui de producteur. C’est lui notamment le producteur de la chaîne BeIN. Mais il n’est pas diffuseur et personne n’a songé qu’il pourrait un jour s’intéresser au marché des droits TV en France, comme il l’a fait pourtant dans de nombreux autres pays.

Pour Canal+, c’est donc un électrochoc d’autant plus violent qu’il a longtemps été en guerre avec Mediapro en Espagne. Mais, passé le moment de surprise, cela apparaît comme une aubaine pour la LFP pour d’innombrables raisons.

  • 4 - La Chine, nouvel acteur du foot mondial

D’abord, le cap du milliard d’euros espéré est ainsi allègrement franchi. Mediapro, qui remporte le lot principal pour la Ligue 1 et la Ligue 2, a mis sur la table 830 millions d’euros par an ; BeIN s’est engagé pour un lot moins important sur les deux mêmes ligues pour 330 millions d’euros par an, avec la possibilité d’en rétrocéder une partie à Canal+ ; et Free a offert 42 millions d’euros pour le lot digital.

Deuzio, les dirigeants de la LFP découvrent en Mediapro un partenaire qu’ils pensent formidablement solide. Le groupe pèse à l’époque près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour un bénéfice de près de 200 millions d’euros. Face à une firme aussi prospère, les présidents de clubs pensent qu’ils n’ont pas de raisons de s’inquiéter.

Pour dire vrai, à l’exception d’un ou deux présidents de clubs de la L1 et de la L2, ils ont tous approuvé la procédure de bout en bout, via le comité de pilotage dans lequel ils étaient massivement représentés. Tous ont donc validé la procédure et le règlement de l’appel d’offres. Aucun ne s’est inquiété qu’aucune garantie bancaire ne soit demandé au vainqueur : le cabinet Clifford Chance leur a suggéré, comme cela s’est toujours fait dans le passé, qu’aucune garantie bancaire ne soit demandée, mais seulement une garantie aux actionnaires des groupes gagnants. Et tous, ou presque tous, ont donc applaudi l’arrivée du groupe Mediapro, qui leur garantissait une telle levée d’argent. 

L’arrivée de Mediapro dans le jeu français des droits TV est d’autant plus plébiscité à l’époque que le groupe espagnol ouvre spectaculairement son capital, quelques semaines à peine après ces enchères, à un groupe chinois. Les pourparlers avaient commencé en début d’année, mais le « closing », comme on dit dans le sabir de la vie des affaires, n’intervient qu’après la victoire de Mediapro dans la bataille des enchères françaises : le fonds d’investissement chinois Orient Hontai Capital, filiale du fonds Orient Securities Company Limited, prend le contrôle de 53 % d’Imagina, la holding de tête de Mediapro, 22 % étant entre les mains du groupe publicitaire britannique WPP, et le solde entre celles de deux des fondateurs de Mediapro, dont Jaume Raures.

Or, de notoriété publique, Orient Securities Company Limited est contrôlé en Chine par la province de Shanghai, c’est-à-dire, indirectement, par le gouvernement chinois. Tous les présidents de clubs sont donc, à l’époque, confortés dans l’idée qu’ils ont fait le bon choix. Non seulement ils vont profiter de financements à couper le souffle, mais, par surcroît, leur partenaire est des plus solides, puisque le président chinois, Xi Jinping, est lui-même un passionné de football – et un supporteur en particulier de Manchester United. Dès 2017, il a même « exprimé l’espoir, et le rêve de nombreux Chinois, que son pays puisse avoir l’occasion d’accueillir la Coupe du monde à un certain stade dans l’avenir », par exemple en 2030.

Alors que la Fédération française de football (FFF) a ouvert un bureau à Pékin en 2017 et que la Chine devient un acteur important du foot mondial, beaucoup pensent que le « deal » avec Mediapro a, somme toute, une grande cohérence.

En ce printemps 2018, aux lendemains de ces enchères fabuleuses, c’est donc l’euphorie dans les cercles du football professionnel. Et il n’y a personne pour penser que le propre d’une bulle financière, c’est de crever, fût-ce à cause d’un événement imprévisible. Et il n’y a personne non plus pour s’interroger sur la viabilité du projet de Mediapro.

La vérité, c’est pourtant que le groupe sino-espagnol est très atypique. Et son principal dirigeant, Jaume Roures, plus encore – c’est ici que la stupéfiante histoire du foot-business à la française croise celle d’un homme d’affaires totalement hors norme.

Une bulle financière autour des droits TV

Né dans un quartier à l’abandon de Madrid, « au milieu des bordels et des voyous »comme le relevait pudiquement Le Monde, il est élevé par une famille d’adoption pauvre et honnête. Mais, très vite, à l’âge de 14 ans, il s’en éloigne et commence à travailler dans une imprimerie et puis, surtout, il découvre la vie militante. C’est d’abord au Front ouvrier catalan, qui regroupe beaucoup de sensibilités de gauche, excepté les communistes, qu’il fait ses premiers pas en politique. Et, comme tant d’autres, pour des actions de propagande ou des réunions interdites par la dictature, il est envoyé à plusieurs reprises en prison.

  •  5 - Jaume Roures, ce grand patron qui a siégé au « secrétariat unifié » de la IVe Internationale

Mais, les années passant, c’est finalement vers le trotskisme qu’il se tourne et pour lequel il se dévouera de longues années. Malade et devant se faire opérer, il part un temps aux États-Unis, où le Socialist Workers Party (SWP), le parti trotskiste américain, était très influent dans les années 1960 et 1970.

Puis, Jaume Roures vient un temps en exil en France avant, finalement, de retourner clandestinement en Espagne, avant même que la dictature ne s’effondre. Il est alors membre du bureau politique de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) espagnole, l’organisation sœur de la LCR française, dirigée à l’époque par Alain Krivine, connaissant comme elle à l’époque une période faste d’expansion. Jaume Roures n’en est pas la figure la plus connue du parti d’extrême gauche, mais il fait partie de l’équipe de direction et a la responsabilité de l’appareil du parti ainsi que de son imprimerie. À l’époque, il fait même partie du « secrétariat unifié » de la IVe Internationale, l’instance de direction mondiale de l’un des deux courants trotskistes qui revendiquent le legs intellectuel et politique du fondateur de l’Armée rouge.

En 1983, Jaume Roures bifurque : après avoir passé un diplôme, il devient chef de production à TV3, la télévision publique catalane. Mais il n’en cesse pas moins de militer, puisqu’il y organise la première grande grève qui paralyse la chaîne. Il est alors sanctionné, renvoyé de son poste de chef de productions aux « actualités » et sommé d’aller au service des sports.

Pour finir, Jaume Roures décide donc de quitter l’entreprise publique. Et c’est alors que commence pour lui une tout autre aventure, cette fois dans la vie des affaires. Embauché par le groupe Dorna, qui gère les droits des grands prix de moto, il apprend un nouveau métier. Et, finalement, il décide de travailler pour son propre compte : c’est ainsi qu’il crée Mediapro en 1994, avec deux autres amis qui ont eu exactement le même parcours que lui.

Au tout début, l’entreprise est des plus modestes. Disposant d’un capital de seulement 5 000 euros, ils achètent des droits sportifs modestes en Espagne, dans divers sports, comme la boxe ou le football amical. Mais, progressivement, Mediapro grossit, acquiert les droits du basket – qui est le deuxième sport en Espagne –, puis prend pied dans le domaine des droits du foot. Et la suite de cette étonnante histoire, on la devine : le groupe finit par devenir un géant dans les domaines de la production audiovisuelle et des droits sportifs, faisant travailler plus de 7 000 salariés dans 36 pays aux quatre coins du monde.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jaume Roures est donc un grand patron pour le moins atypique. Immensément riche, il n’est pourtant pas réputé pour être un homme d’argent – c’est, en tout cas, beaucoup plus un homme attiré par le pouvoir que par l’argent. Il n’a d’ailleurs jamais acheté une action de sa vie. Et, pour immergé qu’il soit dans la vie des affaires, il n’en reste pas moins passionné par la vie publique. Combien a-t-il investi pour créer, en 2007, le journal Publico, puis pour le soutenir à bout de bras, afin qu’il mène campagne pour la gauche radicale, puis Podemos, avant que la publication ne finisse par faire faillite en 2012 ? On parle de la somme colossale de 50 millions d’euros qui aurait ainsi été engloutie…

De la complexité de cet homme d’affaires avec lequel ils viennent de conclure un contrat mirobolant, tout à la fois milliardaire et révolutionnaire, les présidents des clubs professionnels ne se doutent donc pas du tout, à la fin du printemps 2018, lors des enchères. Et, pourtant, deux ans plus tard, quand le contrat entre enfin en application pour la période 2020-2024, tout va aller très vite de mal en pis.

  • 6 - Les multiples raisons de la défaillance de Mediapro

D’abord, à cause du premier confinement décidé dans le cadre de la crise sanitaire, les compétitions sportives sont toutes aussitôt suspendues. Et les rentrées financières des clubs se tarissent brutalement, poussant certains d’entre eux dans une situation dangereuse, à deux doigts de la faillite.

Et puis, très vite, Mediapro annonce, contre toute attente, qu’il n’honorera pas son contrat. En octobre, il ne verse pas à la LFP la deuxième traite prévue, portant sur 172 millions d’euros ; et, début décembre, il fait de même pour la traite suivante, portant sur 153 millions d’euros. Que s’est-il donc passé pour que le foot français soit poussé de la sorte vers l’abîme ? À l’évidence, des facteurs innombrables se cumulent pour expliquer un tel désastre.

Assurément, c’est d’abord la faute de la pandémie de Covid-19, qui est venue ruiner les espoirs financiers mirobolants que caressaient aussi bien Mediapro que ses partenaires français. Mais le coronavirus a bon dos, car beaucoup d’autres raisons expliquent aussi le fiasco. D’abord, la bulle financière des droits TV n’a cessé d’enfler ces dernières années. Et, de la même manière que l’économie financière peut parfois se découpler de l’économie réelle, l’économie du foot-business est devenue beaucoup trop spéculative. Et elle devait sans doute, un jour ou l’autre, en payer le prix.

Certains des présidents de clubs que nous avons aussi interrogés avancent encore un autre argument : ils se prennent à penser que la direction de Mediapro songeait à faire une galipette financière insensée, en acquérant les droits TV pour ensuite essayer de les rétrocéder, comme le cahier des charges le permettait, par exemple à Canal+. Mais le stratagème n’aurait pas fonctionné, car Mediapro aurait mal apprécié que Canal+ n’ait plus le foot comme produit d’appel. Comme le révèlent ses accords avec Netflix ou Disney, il a réorienté sa stratégie pour devenir d’abord un agrégateur de distributeurs.

Autre explication, qui se cumule aux précédentes : Mediapro a indéniablement sous-estimé les problèmes de distribution en France. Car les différents opérateurs téléphoniques ont visiblement traîné des pieds pour diffuser la chaîne Téléfoot, créée par Mediapro et, sous la férule de Vincent Bolloré, CanalSat n’a pas conclu d’accord avec Mediapro, dans le but évident de compliquer au maximum les choses pour le groupe sino-espagnol. Résultat, la nouvelle chaîne Téléfoot, dont le business-plan prévoyait d’atteindre rapidement 3,5 millions d’abonnés à 25 euros par mois, se trouve plus rapidement que prévu en difficulté.

Quand ces difficultés s’amoncellent, à l’approche de l’automne, ce n’est certes pas rédhibitoire. Car nul n’ignore, et surtout pas Mediapro, les difficultés qu’a eues l’actionnaire qatarien de BeIN pour assurer son financement : il a dû engloutir pas loin de 1,2 milliard d’euros depuis 2012 pour frôler l’équilibre financier en 2017. Sans doute Mediapro pouvait-il espérer faire de même, mais à la condition que son actionnaire chinois vienne en appui en participant à une ou plusieurs augmentations de capital. Mais, en cet automne 2020, c’est précisément ce que refusent de faire ses actionnaires chinois : ils sont aux abonnés absents.

Réputé pour ne guère être diplomate, et même pour être trop sûr de lui, sinon arrogant, Jaume Roures a donc mal apprécié les difficultés de pénétrer le marché français. Et il a préféré battre en retraite précipitamment. De leurs côtés, les présidents de clubs et la LFP, qui ont foncé tête baissée dans cette folle aventure sans se poser la moindre question, ont préféré, eux aussi, baisser pavillon et, plutôt que d’entrer dans une guerre judiciaire interminable contre Mediapro pour être dédommagés de sa rupture du contrat, ils ont préféré trouver un compromis avec lui pour récupérer ces si précieux droits au plus vite et les rétrocéder, par exemple à Canal+.

Le dernier rebondissement se joue donc mardi 22 décembre au tribunal de commerce de Nanterre, qui valide ce jour-là l’accord entre la LFP et Mediapro, au terme duquel le premier protagoniste renonce à toute poursuite judiciaire et récupère l’intégralité des droits sportifs et le second accepte de lui verser un dédommagement de 100 millions d’euros.

  • 7 - Un trou de 200 millions d’euros dans les caisses des clubs

Mais l’épilogue de l’histoire est encore à venir, car les clubs qui étaient dans de graves difficultés financières dès le printemps dernier, comme l’enquête de Mediapart l’avait révélé, vont se retrouver dans une situation intenable dans les prochaines semaines. Car la suspension du versement des droits va fonctionner comme un garrot.

De nouveaux chiffres confidentiels de la LFP, auxquels Mediapart a eu accès, en attestent. En août dernier, tous les diffuseurs ont bien payé à la LFP 100 % de ce qu’ils lui devaient, ce qui permet à celle-ci de verser à tous les clubs de L1 et L2 100 % de ce qui était prévu, soit 191,4 millions d’euros. Mais, à l’échéance suivante, en octobre, la LFP n’encaisse des diffuseurs que 71 millions d’euros, au lieu des 214,6 millions prévus. Et elle ne reverse aux clubs que 55,3 millions d’euros sur les 167,6 millions escomptés, soit seulement 33 % de ce qui était prévu. La LFP est donc contrainte de faire un nouvel emprunt bancaire de 112,3 millions d’euros – selon nos sources, c’est auprès de JP Morgan qu’il a été contracté – pour l’apporter aux clubs, sous forme d’avances de trésorerie.

Et puis, à l’échéance suivante, le 18 décembre, la défaillance de Mediapro se fait sentir encore plus fortement, puisque la LFP n’a encaissé que 59,8 millions d’euros de Free, Canal+ et BeIN sur les 186,9 millions prévus au total. Et, sur cette somme, elle n’a pu redistribuer que 44 millions d’euros aux clubs sur les 137,5 millions prévus.

Au total, sur les trois dernières échéances, les clubs professionnels escomptaient donc empocher 496,4 millions d’euros, mais ils n’ont en réalité perçu que 290,6 millions d’euros, sans compter les sommes provenant de l’emprunt auprès JP Morgan, dont le remboursement proviendra d’un prélèvement prioritaire sur les droits TV attendus en mars. Conclusion : il manque au bas mot 200 millions d’euros dans les caisses des clubs de L1 et L2. Autant dire que le compromis trouvé avec Mediapro pourrait avoir pour prolongement la faillite retentissante d’un ou plusieurs clubs français de premier plan.

Interrogé par Mediapart, un porte-parole de la LFP nous a confirmé ces données chiffrées, mais en en minimisant la portée. Il nous a en particulier fait valoir que, grâce à l’homologation du tribunal de commerce, une somme de 64 millions d’euros provenant de Mediapro qui avait été placée sous séquestre allait pouvoir être versée aux clubs, minorant ainsi leur manque à gagner.

Il nous a aussi fait valoir que, sur un budget initial de 1,307 milliard d’euros de droits TV (dont 829 millions d’euros devaient provenir de Mediapro, 332 millions de Canal+, 42 millions de Free et 30 millions de BeIN), les versements pour l’instant sécurisés provenant des diffuseurs atteignaient la somme de 622 millions d’euros (dont 208 millions de Mediapro, 332 millions de Canal+, 42 millions de Free et 30 millions de BeIN), auxquels s’ajoute la soulte de 64 millions d’euros de Mediapro, soit un total de 686 millions d’euros. Autrement dit, il manque encore 621 millions d’euros à trouver, par rapport au budget initial. Est-ce une somme qui pourra être trouvée lors de la renégociation des droits qui va maintenant commencer ? Ou est-elle hors d’atteinte ? C’est l’équation que va devoir résoudre la nouvelle équipe de la LFP.

C’est, en tout cas, la morale de toute l’histoire : bien plus que du coronavirus, le foot-business est d’abord malade de ses propres excès. Et cela pose une question majeure : est-ce bel et bien une bulle spéculative qui a explosé sous la pression d’un événement contingent, celui de la crise sanitaire ? Et si les droits sportifs sont montés beaucoup trop haut, ne faut-il pas s’attendre, après l’éclatement de cette bulle en France, à un effet domino dans d’autres pays ?

https://www.mediapart.fr/journal/france/231220/football-les-secrets-du-fiasco-de-mediapro?utm_source=20201223&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20201223&M_BT=135393249294

 

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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  • 3 semaines plus tard...

il y a un an:

 

C’est l’homme de l’ombre qui fait la pluie et le beau temps au FC Nantes. Mogi Bayat, agent de joueur franco-iranien de 46 ans, est considéré par beaucoup comme le directeur sportif officieux du club canari et l’homme de confiance du propriétaire Waldemar Kita et de son fils Franck, directeur général. Il a, en tout cas, la haute main sur les transferts du club depuis plusieurs années. « C’est simple, à Nantes, tu laisses un message à la direction, c’est Mogi qui te rappelle », confiait à 20 Minutes un représentant de joueur français, en février 2020.

 

Mogi Bayat est devenu l’un de symboles de la crise profonde qui déstabilise le FC Nantes, sur fond de révolte des supporters, de déroute sportive, de valse des entraîneurs et de management très critiqué de Waldemar Kita, par ailleurs suspecté par la justice d'avoir commis une fraude fiscale de grande ampleur (lire notre enquête ici).

Le problème, c’est que l’agent est dans le collimateur de la justice au sujet de plusieurs ventes de joueurs. En France, il est, selon L’Équipe, soupçonné d’avoir touché la moitié des 3 millions d’euros de prime à la signature du milieu de terrain belge Anthony Limbombe au FC Nantes (le plus gros transfert de l’histoire du club), afin de contourner la loi française qui plafonne les commissions d’agent à 10 % du montant du transfert. « L’enquête préliminaire ne me vise pas personnellement », dément-il. En Belgique, Mogi Bayat a été placé en détention provisoire en 2018 dans le cadre du « Footbelgate », une vaste enquête judiciaire menée par le parquet fédéral sur des fraudes présumées lors de transferts.

Malgré ces soupçons, son influence au FC Nantes reste intacte, comme l’a confirmé une récente enquête de L’Équipe. Selon le quotidien sportif, il mettrait la pression sur certains joueurs pour qu’ils intègrent son « écurie » et scellerait le destin des entraîneurs. En refusant de lui accorder une entrevue, Raymond Domenech, viré début février au bout de seulement trois mois, se serait « tiré une première balle dans le pied ».

 

Interrogé, Mogi Bayat se décrit simplement comme « un fournisseur privilégié » : « Je suis un intermédiaire. […] Il y a énormément de clubs où je suis au moins aussi actif, mais on n’en parle pas ou moins. Il semble manifestement que Kita + Bayat, ça fait vendre et polémiquer. »

À voir. Car l’omniprésence de Mogi Bayat au sein du FC Nantes rappelle furieusement un autre épisode de sa carrière : son passage au RSC Anderlecht, l’un des plus prestigieux clubs de football belges. C’est ce que montrent des documents inédits issus des Football Leaks, transmis par le lanceur d’alerte Rui Pinto au magazine allemand Der Spiegel et partagés avec Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC).

Mélange des genres, conflit d’intérêts, multiplication des commissions, échanges de bons procédés : ces documents offrent un éclairage inédit sur les méthodes de l’ombre de Mogi Bayat.

 

Les étranges commissions du transfert d’Adrien Trebel

L’exemple le plus frappant est sans doute le transfert du milieu de terrain français Adrien Trebel, formé au FC Nantes et devenu le capitaine du Standard de Liège. À l’été 2016, le joueur veut partir. Son agent officiel, Nicolas Onissé, prévient le président du club, Bruno Venanzi, qui n’est pas très chaud : « J’ai toujours dit que je souhaitais garder Adrien encore un an. Et j’ai toujours dit aussi 4 millions net pour le club et je ne changerai pas de position », répond-il par SMS.

 

Ce message suffit à l’agent de Trebel pour indiquer au club bruxellois d’Anderlecht que le joueur est à vendre pour 4 millions. Il est trop tard pour le mercato d’été. Mais Adrien Trebel est impatient et fait grève fin décembre pour obliger son club à trouver une solution. C’est alors que Mogi Bayat entre en scène et tire les ficelles du deal, finalisé en janvier 2017 pour 3 millions d’euros.

Selon nos informations, les deux agents se sont partagé une énorme commission : 830 000 euros, soit 27 % du montant du transfert – la norme dans le milieu se situe plutôt autour de 10 %.

La répartition du magot est tout aussi surprenante. Anderlecht verse 200 000 euros à Mogi Bayat et 630 000 euros à Nicolas Onissé. Cette répartition est organisée par Mogi Bayat. C’est lui qui envoie la lettre signée par Adrien Trebel autorisant Anderlecht à payer Onissé, ainsi que la convention conclue entre Anderlecht et Onissé.

 

À première vue, Mogi Bayat a laissé la plus grosse part du gâteau à l’agent officiel d’Adrien Trebel. Mais un troisième document est envoyé le même jour à Anderlecht : l’accord conclu entre Nicolas Onissé et Mogi Bayat. Celui-ci stipule qu’Onissé doit reverser la moitié de sa commission, soit 315 000 euros, à Mogi Bayat pour récompenser ses « services de conseil et d’assistance » ayant permis de boucler le deal.

Cet accord secret permet donc à Bayat de toucher 515 000 euros de commission, contre seulement 315 000 pour Onissé. Pourquoi un tel tour de passe-passe ? Les deux agents n’ont pas souhaité répondre.

L’affaire ne s’arrête pas là. Le jour même du transfert d’Adrien Trebel, Anderlecht conclut un autre contrat avec Mogi Bayat, dans lequel le club bruxellois lui donne mandat pour vendre le joueur, « en contrepartie d’une indemnité de transfert à concurrence d’un montant minimal de 6 millions d’euros ». L’encre du contrat de transfert d’Adrien Trebel est à peine sèche qu’Anderlecht prévoit déjà son départ !

La mission confiée à Mogi Bayat est valable jusqu’au 14 janvier 2020, avec une reconduction automatique de trois ans si le joueur n’est toujours pas vendu. Soit un mandat de six ans. Anderlecht s’empêche donc de faire appel à un autre agent ou de s’occuper lui-même du futur transfert.

La convention prévoit que Mogi Bayat touchera 300 000 euros de commission si la vente est conclue pour 6 millions d’euros, dont il s’engage à partager la moitié avec Nicolas Onissé.

Clauses contradictoires et risque juridique

Mais la formulation de certaines clauses du contrat est surréaliste. L’article 2 stipule qu’Anderlecht versera la commission seulement si l’agent intervient « dans le cadre de la négociation de transfert du joueur ». Mais dans l’article 4, c’est l’inverse : « peu importe si l’intermédiaire a entrepris ou non quelque démarche quelconque préalable de négociation au nom et pour compte » d’Anderlecht, « l’intermédiaire a droit (sans délai) à la commission ».

 

Comment expliquer qu’Anderlecht ait accepté une convention aussi ambiguë, préparée par Mogi Bayat et son avocat Laurent Denis ? C’est d’autant plus étonnant que le club avait déjà été confronté aux mêmes clauses contradictoires lorsqu’il avait mandaté Mogi Bayat pour le transfert (avorté) de Guillaume Gillet à Reims six mois plus tôt.

Herman Van Holsbeeck, directeur général d’Anderlecht à l’époque, a refusé de nous éclairer, au motif qu’il réserve ses « réponses aux enquêteurs et au juge d’instruction qui dirigent l’enquête » du « Footbelgate ». Mogi Bayat estime que nos informations comportent « pas mal d’erreurs », avant d’ajouter : « Vous n’êtes pas sans savoir que si vos questions concernent une instruction judiciaire en cours, il y a la nécessité de respecter le secret de cette instruction. »

Au-delà de l’importance des commissions, le montage suscite la curiosité car il pourrait s’apparenter à une forme déguisée de TPO (pour third party ownership, ou tierce propriété). Cette pratique, qui consiste pour un club à céder une partie de la propriété d’un joueur à un agent ou à un fonds d’investissement, a été interdite par la Fifa en 2015 (lire nos enquêtes ici et ).

La convention rédigée par Bayat et approuvée par Anderlecht pourrait donc contrevenir à deux articles du règlement Fifa : le 18 bis, qui interdit toute influence extérieure dans la gestion sportive des clubs, et le 18 ter, qui interdit d’octroyer à un tiers un avantage financier sur la valeur d’un futur transfert.

Anderlecht joue avec le feu et le sait. Renaud Duchêne, juriste du club, a d’ailleurs informé la direction. Le 16 janvier, il contacte Laurent Denis, qui est l’avocat à la fois de Mogi Bayat et du club : « Tu me confirmes bien que sur le montant de 6 000 000 ou tout autre montant ramené à son delta, nous ne courons aucun risque relatif à l’interdiction TPO reprise dans l’article 18 ter du règlement Fifa ? C’est un point important sur lequel nous sommes contrôlés par la commission des licences. » La réponse de Laurent Denis ne figure pas dans les documents Football Leaks.

L’ingéniosité de Mogi Bayat pour multiplier les commissions ne s’arrête pas au transfert de Trebel. En juillet 2015, il est à l’origine du prêt de l’attaquant Imoh Ezekiel à Anderlecht. Le club lui a versé la bagatelle de 550 000 euros (300 000 pour la venue du joueur et 250 000 pour la négociation de son contrat de travail)… Une somme énorme pour un simple prêt, assorti d’une option d’achat fixée à 10 millions d’euros, autant dire impossible à payer pour un club au budget aussi modeste qu’Anderlecht.

Autre deal douteux : la levée d’option d’Isaac Kiese Thelin en mai 2017. Le Suédois avait été prêté gratuitement par Bordeaux en janvier 2017 pour une durée de six mois à Anderlecht, moyennant 100 000 euros, avec option d’achat à 2,25 millions.

Malgré la saison décevante du joueur, Anderlecht avait levé l’option à la surprise générale. À l’époque, le directeur général Herman Van Holsbeeck s’en était expliqué, sans convaincre : « Si vous me demandez si Kiese Thelin est un joueur pour Anderlecht, je vous réponds non. Il a reçu suffisamment sa chance ici. Mais je suis certain qu’on s’y retrouvera financièrement. »

En réalité, le seul qui semble en avoir profité est Mogi Bayat. Les documents Football Leaks montrent qu’une commission de 520 000 euros lui était due si l’option était levée. Et quatre ans plus tard, Anderlecht n’a toujours pas vendu Isaac Kiese Thelin, qui a fait l’objet de multiples prêts à d’autres clubs.

L’omniprésence de Mogi Bayat à Anderlecht

Ces transactions montrent que Mogi Bayat a fait d’Anderlecht son jouet, à l’époque où Herman Van Holsbeeck y officiait en tant que directeur général. En plus de son influence sur les transferts, il avait l’oreille de Van Holsbeeck et, de ce fait, pouvait exiger quasiment ce qu’il voulait des employés du club bruxellois.

Le 4 janvier 2016, alors qu’il est en train de finaliser le transfert du joueur Guillaume Gillet à Nantes, il envoie ce mail à une salariée d’Anderlecht : « Si tu es au club, peux-tu stp utiliser les tampons et les mettre sur le document rempli. Merci d’avance. » Alors qu’un agent n’a, normalement, pas d’autorité sur les employés des clubs.

Mogi Bayat demandait aussi à Anderlecht de réserver et d’imprimer ses billets d’avion, comme un billet daté du 2 juin pour un vol Nice-Bruxelles. Si, comme on nous l’a indiqué, l’agent payait ses voyages (que ce soit avec sa carte de crédit ou en remboursant Anderlecht), il bénéficiait ainsi des tarifs préférentiels négociés par le club avec la compagnie SN Brussels.

 

Le 26 juin 2016, ce n’est pas seulement pour lui qu’il fait imprimer les billets d’avion mais également pour son fils. Difficile dans ces conditions de plaider qu’il s’agissait d’un voyage professionnel. L’année suivante, il trouve une solution encore plus simple : il demande directement les codes de réduction au secrétariat du club, qui les lui fournit au moins à deux reprises.

Mogi Bayat utilisait également Anderlecht comme sa photocopieuse. Lorsqu’il avait besoin d’imprimer des documents, il n’hésitait pas à passer commande à la secrétaire ou au juriste du club. C’est un salarié d’Anderlecht qui a imprimé un reçu douanier daté de juillet 2015, au sujet d’un colis contenant une montre Patek Philippe à 49 535 euros, expédié au père de Mogi Bayat à Téhéran.

Or, la justice belge soupçonne l’agent d’avoir mis au point un système de fraude à la TVA pour ses montres de luxe, en utilisant les reçus et le nom de son père pour déduire plusieurs fois la TVA pour la même montre.

Mais ce qui retient l’attention, c’est le mode opératoire. Pourquoi Mogi Bayat faisait-il imprimer ses reçus personnels par Anderlecht ? Était-ce une façon de ne pas laisser de preuves à son domicile ? Il n’a pas souhaité répondre sur ce point.

Cette relation toxique entre le club et son agent privilégié débouchait parfois sur des échanges de bons procédés. Il n’était pas rare que Mogi Bayat intervienne dans une affaire dans laquelle il n’aurait dû avoir aucune relation avec Anderlecht.

En 2015, l’URBSFA, la fédération belge de football, décide de revoir le règlement concernant les agents. Mogi Bayat monte au front et décide, au nom de plusieurs agents, de contester la réforme. S'il est assez logique que Mogi Bayat combatte un règlement défavorable à ses intérêts, cela l’est beaucoup moins de mettre Anderlecht au courant de sa démarche, dans un mail de mai 2015.

Le juriste du club le remercie. Il écrit que « comme convenu » avec le patron du club Herman Van Holsbeeck, Anderlecht va lui donner un coup de main. De fait, Anderlecht se fend d’un mail à la fédération belge pour soutenir les revendications des agents, s’inquiétant du projet de publication « des activités des intermédiaires et des paiements liés à ceux-ci », ces informations étant « strictement confidentielles ». Avant envoi officiel aux pontes de la fédération, ce mail, a été transféré à Mogi Bayat pour relecture, comme convenu avec Herman Van Holsbeeck.

Quand un élu belge donne un coup de main à Mogi Bayat

Mogi Bayat a aussi de solides réseaux dans le monde politique. Le 1er février 2016, il vient de conclure le transfert de l’international sénégalais Stéphane Badji d’Istanbul Basaksehir vers Anderlecht. Ce fut un flop. Aujourd’hui, Badji végète en Bulgarie, au Ludogorets Razgrad, après avoir été prêté puis vendu par Anderlecht en juillet 2018.

Mais revenons à ce 1er février 2016. Comme il s’agit du dernier jour du mercato, il faut obtenir un visa pour le joueur le jour même. La veille, le directeur général du club, Herman Van Holsbeeck, avait écrit au consul général de Belgique en Turquie pour lui demander d’accélérer la procédure, « afin de permettre au joueur de prendre un vol ce 1er février au matin afin de signer son contrat de joueur professionnel ».

Mogi Bayat décide d’appuyer la demande d’Anderlecht en passant par Olivier Chastel, alors président du Mouvement réformateur (MR), un parti belge francophone de centre-droit. Les deux hommes se connaissent bien, du temps où Chastel était leader de l’opposition à Charleroi et Mogi Bayat directeur général du Sporting de Charleroi. « Je n’ai jamais rencontré Mogi Bayat en dehors de la tribune d’honneur du stade de Charleroi », nuance Olivier Chastel.

 

Le président du MR, qui maîtrise les rouages de l’administration des affaires étrangères pour avoir occupé le poste de ministre de la coopération au développement, chargé des affaires européennes, est sollicité dans la journée du 31 janvier. À 18 h 23, il transfère la demande de visa au chef de cabinet du ministre des affaires étrangères, Didier Reynders. À 21 h 26, le chef de cabinet envoie un mail au consul général, lequel se saisit du dossier moins d’une demi-heure plus tard : « Je viens de le transmettre à la consule et à l’agent visa pour traitement immédiat. Je suivrai ce dossier en direct demain matin. »

Le joueur a bien eu son visa à temps le 1er février. L’intervention d’Olivier Chastel a donc été décisive. Le président du MR ne manque pas de faire suivre à Mogi Bayat l’échange de messages entre le diplomate des affaires étrangères et le consul général. L’agent s’empresse de prévenir Anderlecht : « C’est en ordre pour le visa. »

Aujourd’hui député européen, Olivier Chastel reconnaît que Mogi Bayat a fait appel à lui mais affirme qu’il n’a « été d’aucune utilité » dans ce dossier : « L’office des étrangers est indépendant et travaille sur base d’un dossier complet. C’est une procédure très courante de relayer une demande de visa aux affaires étrangères. […] Je n’ai servi que de boîte aux lettres. Peut-être n’aurais-je pas dû relayer la demande. »

L’histoire ne s’arrête pas là. Toujours le 1er février 2016, Mogi Bayat demande au juriste d’Anderlecht de passer commande à la boutique du club d’« une vareuse adulte avec le numéro 22 et le prénom Olivier dessus », ainsi que de « deux ensembles enfant » floqués des prénoms des enfants de l’homme politique libéral. « Essaye de les faire aujourd’hui si possible, comme ça je vais les déposer chez Olivier Chastel demain pour le remercier. Demande aussi s’il te plaît à Herman l’autorisation d’avoir 3 TH [tribune d’honneur – ndrl] pour M. Chastel et ses enfants pour les inviter au match contre le Standard. »

Interrogé à ce sujet, Olivier Chastel a d’abord nié, avant de confirmer qu’il a bien reçu les maillots et a assisté au match, « sous invitation de Mogi Bayat ».

La saga du transfert avorté de Kara en Angleterre

Lorsque vous demandez aux dirigeants pourquoi ils continuent à travailler avec Mogi Bayat malgré son implication dans l’enquête judiciaire « Footbelgate », ils vous répondent tous invariablement : « C’est le meilleur, il nous fait gagner de l’argent. » Ce qu’ils ne veulent pas voir, c’est qu’il en fait perdre aussi. Car le conflit d’intérêts rôde à chaque opération. Quand on représente plusieurs parties (le club vendeur, le club acheteur et/ou le joueur), il y en a forcément une qui sera perdante dans la négociation. « Je n’ai jamais considéré qu’il était un magicien et qu’il faisait gagner de l’argent au club », résume un proche de la direction anderlechtoise de l’époque.

Cette zone grise, un mail daté du 5 mars 2015 la résume bien. Il émane du juriste d’Anderlecht, Renaud Duchêne. À cette époque, le club bruxellois attend toujours la dernière tranche de paiement de 750 000 euros de Bastia pour le transfert de Guillaume Gillet, le club corse usant de tous les artifices pour retarder l’échéance. Anderlecht décide alors de s’en ouvrir à Mogi Bayat, le représentant du joueur, pour qu’il intervienne auprès du club français.

« En raison de nos bonnes relations, nous avons conclu le transfert temporaire de notre joueur international belge […] à des conditions ridicules par rapport aux qualités du joueur, pour te faire plaisir à toi et à Guillaume », écrit le juriste d’Anderlecht à Mogi Bayat. En clair, le club est désormais tellement lié à Mogi Bayat qu’il n’a pas hésité à brader son joueur.

Une autre opération illustre parfaitement la perte de pouvoir des clubs au profit des agents : le transfert avorté du défenseur sénégalais Kara Mbodj d’Anderlecht à Swansea.

Le 19 juin 2016, Swansea envoie une offre à Anderlecht pour 5 millions de livres (5,75 millions d’euros). Le club bruxellois refuse et réclame 10 millions de livres. Huw Jenkins, président du club gallois, réplique dans l’heure que son prix maximum est de 5,5 millions. Et d’ajouter : « Le salaire du joueur et les commissions des agents seront aussi un problème, je le crains. »

Trois heures plus tard, Anderlecht fait une contre-proposition par mail (7 millions de livres et 15 % de la plus-value à la revente), avec copie à Mogi Bayat, qui joue les intermédiaires. Il prend contact avec Willy McKay, célèbre agent anglais, très proche de Jenkins. Bayat lui transmet l’échange de mails entre Anderlecht et le président de Swansea.

Huw Jenkins reste inflexible. Anderlecht accepte finalement son offre à 5,5 millions, mais avec en plus 10 % sur la future plus-value à la revente.

Mais alors que le deal semble bouclé, il va finalement capoter, à cause de la flopée d’intermédiaires qui se sont invités dans le dossier : Mogi Bayat, son correspondant anglais Willy McKay, Pierre Frelot (l’agent officiel de Kara), auxquels vient s’ajouter Ahmet Bulut qui, le 21 juin, transmet à Swansea un document indiquant que le joueur l’a désigné comme son représentant après avoir rompu avec Pierre Frelot.

Pour le président de Swansea, c’en est trop. Le 23 juin, il annule le transfert. « Prenant toutes les informations financières en compte, et ce inclus le salaire du joueur et les nombreuses commissions d’agents impliqués dans le deal, j’ai décidé que c’était trop cher pour un club comme Swansea », écrit-il à Anderlecht.

Le joueur sénégalais Kara Mbodj, qui pensait réaliser son rêve d’évoluer en Premier League grâce à ses agents, en a finalement été privé à cause de la multiplication de ceux-ci. Et Anderlecht a été privé d’une indemnité de somme de transfert importante.

Modifié par lô le gunners

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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  • 2 semaines plus tard...
Le 22/01/2022 à 11:22, lô le gunners a dit :

Athlétisme ; digne d'un film :

est-il possible que l’échantillon d’un sportif italien propre, Alex Schwazer, devenu héraut de la lutte antidopage, ait été volontairement manipulé dans le but de le disqualifier ? Toute l’Italie se prend de passion pour ce feuilleton.

 

 

la suite
 

Alex Schwazer, ancien champion olympique du 50 km marche, a été injustement accusé de dopage en 2016. C’est la conclusion de l’ordonnance de non-lieu qui blanchit l’athlète après cinq ans d’enquête. Schwazer est acquitté, selon la formule du droit italien, « pour ne pas avoir commis le fait », par le juge du tribunal de Bolzano Walter Pelino. Mediapart avait raconté à l’automne dernier cette affaire qui passionne l’Italie depuis plusieurs années (vous pouvez retrouver l’enquête ci-dessous).

Le choc avait été immense en Italie quand Alex Schwazer, dopé repenti devenu héraut de la lutte antidopage, avait à nouveau été contrôlé positif. L’athlète est aujourd’hui blanchi par la justice ordinaire. Mais pas encore par celle du sport.

Son avocat, Gerhard Brandstätter, travaille d’arrache-pied pour que son client, qui continue à s’entraîner, puisse participer aux JO de Tokyo l’été prochain. L’AMA (Agence mondiale antidopage) et World Athletics, qui étaient parties civiles dans la procédure instaurée en 2016 contre Schwazer, sortent plus qu’écornées de cette affaire. On savait que les autorités de contrôle exerçaient leur rôle sans entrain. Le scénario qui se dessine à présent est bien pire : elles auraient pu participer à un complot pour faire tomber un athlète dont le combat les gênait.

Les deux organisations ont publié deux communiqués de presse assez agressifs, la première s’en prenant à la magistrature italienne, la seconde en assurant que Schwazer n’a aucune possibilité de retourner à la compétition avant 2024, année où prend fin sa disqualification. En résumé, voici ce que dit l’ordonnance de 87 pages du juge Walter Pelino.

Rupture de la chaîne de possession

Le prélèvement, négatif à la première analyse, mais positif à la testostérone exogène à la deuxième, a été effectué au domicile de Schwazer le 1er janvier 2016 au petit matin. Cette date est une particularité en soi, car, souligne Pelino, c’est la première fois dans l’histoire de l’antidopage qu’on effectue un contrôle le 1er janvier, un jour férié. Le laboratoire de Cologne est fermé ce jour-là.

Aussi le préleveur, employé d’une entreprise de Stuttgart, rentre-t-il dans la capitale du Bade-Wurtemberg et laisse-t-il l’échantillon dans le frigo du bureau, avant de rentrer chez lui. Sauf que, après avoir commis une grave irrégularité en ayant écrit le lieu du prélèvement (Racines, le hameau de 200 habitants où vit Schwazer), il a aussi fait une fausse déposition en déclarant d’abord qu’il avait remis l’échantillon au laboratoire de Cologne le jour du prélèvement, pour ensuite se rétracter et expliquer que la livraison n’avait eu lieu que le lendemain matin.

Pendant tout l’après-midi du 1er janvier 2016, l’échantillon de Schwazer n’a donc pas été gardé et six personnes avaient les clefs du bureau. Ce point constitue, à lui seul, une bonne raison pour invalider le contrôle, selon le code mondial antidopage.

Un échantillon obtenu avec les dents

L’échantillon B, comme la Fédération internationale d’athlétisme le souligne, est un échantillon du même prélèvement qui constitue une garantie pour l’athlète. Mais cela n’a pas été le cas dans l’affaire Schwazer, souligne le magistrat italien, qui fustige la gestion autoréférentielle des contrôles antidopage.

Pour l’avenir, le magistrat préconise d’ailleurs qu’un échantillon soit laissé à l’athlète en guise de garantie. À charge pour ce dernier de le faire garder dans un laboratoire adéquat. Pour obtenir 6 ml d’urine de l’échantillon B conservé au laboratoire de Cologne, et les faire analyser par le colonel Lago, expert du tribunal, le magistrat italien a en effet dû combattre deux ans contre World Athletics et l’AMA, ainsi que contre le laboratoire allemand, qui ne voulaient pas fournir cet échantillon sous prétexte d’une rupture de la chaîne de possession.

Les trois institutions, en faisant une fausse déclaration sur la quantité d’urine présente dans l’échantillon B, ont ainsi induit en erreur la cour d’appel de Cologne afin qu’elle réponde négativement à la commission rogatoire internationale du tribunal de Bolzano. Le 7 février 2018, quand Lago se rend au laboratoire de Cologne accompagné par les avocats qui représentent les différentes parties, le directeur du laboratoire, Hans Geyer, lui sort un échantillon dans une fiole non scellée. Le colonel Lago refuse de repartir de Cologne avec un échantillon de ce type. Il appelle le juge Pelino, qui parle directement avec le directeur du laboratoire de Cologne et lui rappelle l’ordre finalement émis par la cour d’appel de Cologne de fournir l’échantillon B.

Lago rentrera en Italie avec quelque 6 ml d’urine, dose suffisante, donc, pour les analyses, mais pas avec le conteneur de tout l’échantillon, un Berlinger. « On voulait l’expertiser car ces conteneurs de la marque suisse, cela avait été démontré dans le rapport McLaren après les JO de Sotchi, peuvent être manipulés plusieurs fois sans que cela se voie », écrit le magistrat italien.

Une concentration anormale d’ADN dans l’échantillon B

L’échantillon de 6 ml que l’expert du tribunal est parvenu à « arracher » à Hans Geyer a livré sa vérité après deux ans d’analyses et d’études statistiques, menées par le colonel Lago et son équipe, et par le professeur Corradi, statisticien de la faculté de Florence. Une donnée apparaît tout de suite inhabituelle : la concentration d’ADN. Sur un liquide biologique comme l’urine, la concentration d’ADN a une décroissance naturelle autour de 90 % au bout de deux ans, dit la première expertise de Lago, alors que l’urine analysée, qui a déjà deux ans, révèle une concentration entre 20 et 50 fois supérieure à la moyenne de l’athlète.

Le juge italien ordonne une étude statistique qui parvient à la même conclusion : le taux d’ADN dans l’urine de Schwazer ne peut pas correspondre à un taux normal pour un humain. Le juge Pelino esquisse donc quatre hypothèses :

1° Schwazer souffre d’une pathologie ;

2° l’absorption de testostérone exogène (qu’il aurait faite) fait augmenter le taux d’ADN ;

3° l’échantillon B a été manipulé de façon à le faire devenir positif ;

4° l’activité physique intense fait monter le taux d’ADN.

Cette dernière possibilité est écartée grâce à une étude menée spécialement sur des athlètes de longue distance de la Fédération italienne d’athlétisme, dont le résultat est que le taux d’ADN tend à baisser et non pas à monter à cause de l’entraînement intensif. L’hypothèse de la pathologie est écartée également, car Schwazer ne signale aucune pathologie et un contrôle antidopage daté du 24 janvier 2016 est parfaitement dans la norme, comme tous ceux qui suivront.

Pour vérifier l’hypothèse que la prise du dopage puisse augmenter de façon spectaculaire le taux d’ADN dans l’urine, Walter Pelino demande leur collaboration à l’AMA et World Athletics : il faudrait livrer des échantillons d’urine (anonymes) dopés à la testostérone exogène. L’Agence mondiale, après avoir garanti sa pleine collaboration à l’enquête par le truchement de son directeur de département légal, Julien Sieveking, refusera finalement… World Athletics aura la même réponse négative.

Ces comportements agacent de plus en plus le juge Pelino, qui se convainc davantage que l’urine de Schwazer a été manipulée et que les attitudes de World Athletics et de l’AMA « ne sont pas juridiquement neutres ». En dédouanant Schwazer, Pelino n’oublie pas de lister quatre délits que les deux institutions ont, selon lui, commis dans cette procédure : du faux idéologique à la fraude procédurale, en passant par la diffamation. Tous imputés, donc, à deux organismes censés garantir le respect des règles.

Retrouvez ci-dessous l’enquête que nous avions publiée le 26 septembre 2020.

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L’affaire Alex Schwazer tient l’Italie en haleine depuis près de 5 ans. Il faut dire que le scénario est digne d’un polar : un athlète, ancien dopé, se confesse, revient à sa discipline, et pour prouver qu’il est fort même sans dopage, s’associe à un coach paladin du sport propre. Mais il se fait de nouveau contrôler positif dans des conditions extrêmement douteuses. Après avoir blanchi des athlètes dopés, un complot a-t-il pu être mis en place pour rendre coupables des athlètes propres mais gênants ? Le procès qui se tient actuellement à Bolzano, en Italie, tente de répondre à cette question.

Schwazer est un athlète italien spécialiste de la marche athlétique, la même discipline que le Français Yohann Diniz. En 2008, aux JO de Pékin, il remporte la médaille d’or sur 50 km à seulement 24 ans. Puis commence une longue traversée du désert qui le pousse, dit-il, « à faire comme les Russes. La tête n’y était plus, j’ai décidé de faire comme eux », expliquera Schwazer, en larmes, face à la presse en juillet 2012.

À la veille des JO de Londres, il est en effet rattrapé par la brigade, avec de l’EPO dans le sang. En Italie, c’est le psychodrame : la presse accable Schwazer. Chacun a un avis sur ce garçon qui a trahi ses supporters et les règles du sport propre.

Même Yohann Diniz, qui avait auparavant de l’estime pour le talent du transalpin, le décrit comme « un sale type ». Dans ses aveux, Schwazer détaille sa collaboration avec les sulfureux médecins Francesco Conconi et son dauphin Michele Ferrari, mais aussi le fait que le staff de la fédération italienne d’athlétisme était au courant de ses pratiques illicites, notamment par les deux médecins fédéraux.

Un procès est donc ouvert contre ces deux praticiens, dont l’un, Antonio Fischetto, est un étroit collaborateur de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF à l’époque, renommée depuis World Athletics).

Pendant l’enquête, courant 2013, Fischetto, sans savoir qu’il est sur écoutes, parle de Schwazer au téléphone en des termes peu amènes : « Ce boche doit mourir tué, ils doivent enculer Kostner. » « Boche » car Schwazer vient du département du Tentrin-Haut-Adige où la population est en partie de langue maternelle allemande. Quant à la patineuse Carolina Kostner, il s’agit à l’époque de sa petite amie.

Fischetto, son collègue et une employée de la fédération italienne ont été condamnés en première instance pour complicité de pratique dopante. Puis blanchis en appel, il y a tout juste quelques mois.

En dépit de sa collaboration avec les institutions qui luttent contre le dopage, Schwazer est quant à lui suspendu pour 3 ans et 9 mois. L’athlète transalpin soutient cependant qu’il a remporté sa médaille la plus importante, celle des JO de 2008, en étant propre.

Et pour démontrer à ceux qui en doutent qu’il peut gagner sans se doper, il décide, en 2015, de se faire entraîner par Alessandro Donati, professeur de sport, coach d’expérience et surtout figure de la lutte antidopage en Italie et dans le monde.

Donati, qui fut un temps un étroit collaborateur de l’Agence mondiale antidopage, accepte de relever le défi à une condition : Schwazer doit être contrôlé très régulièrement par une équipe de scientifiques qui ont la confiance de Donati, et qui ne travaillent pour aucune fédération ou agence qui puisse laisser penser à un conflit d’intérêts.

La collaboration porte vite ses fruits, avec, en ligne de mire, les JO de Rio.

Mais l’année 2016, qu’il rêve fastueuse, commence de façon inhabituelle pour l’athlète transalpin. Le 1er janvier 2016, peu après 7 heures du matin, une équipe de deux contrôleurs d’une société allemande, GQS, mandatés par l’IAAF, débarque chez lui, dans le hameau de montagne de Racines (quelques dizaines d’habitants tout au plus). Il s’agit d'un contrôle antidopage sang-urine.

La tête encore dans les brumes du réveillon qui s’est terminé quelques heures plus tôt, Schwazer se soumet au contrôle qui dure un peu plus d’une heure. Tous les tests auxquels il est soumis depuis quelques mois en vue de la fin de sa disqualification (fin avril 2016), mandatés par l’agence italienne, l’AMA ou l’IAAF, sont parfaitement réguliers.

Celui du jour de l’An 2016 le sera aussi d’ailleurs ! Fin janvier 2016, l’IAAF reçoit les résultats du test du laboratoire de Cologne : négatif. Ce résultat est aussi notifié à l’athlète qui poursuit sa préparation tranquillement à Rome.

Mais le département antidopage de l’IAAF, dirigé par Thomas Capdevielle, n’est visiblement pas convaincu par le résultat de ce contrôle du 1er janvier commandé le 16 décembre 2015, soit le jour même de la déposition au tribunal de Schwazer mettant en cause le docteur Antonio Fischetto.

Ainsi, le 29 mars 2016, l’IAAF demande au laboratoire allemand de garder l’urine de l’athlète, alors que normalement les échantillons négatifs sont détruits 90 jours après l’analyse. L’IAAF demande aussi au laboratoire de Cologne de « mieux regarder », et d’exécuter en particulier un examen sur le profil hormonal de l’athlète.

L’examen, qui commence le 14 avril 2016 pour se terminer le 12 mai, conclut cette fois à la positivité de l’échantillon à la testostérone exogène. Capdevielle reçoit cette nouvelle le 13 mai, mais l’IAAF diffuse officiellement la communication de la positivité de Schwazer plus d’un mois après, le 21 juin. L’athlète est immédiatement suspendu.

L’athlète est alors revenu à un excellent niveau, redevenu une chance de médaille : il a brillamment remporté le 50 km des championnats du monde par équipes à Rome le 8 mai. Même si pendant la compétition, quelques athlètes italiens, comme le sauteur en hauteur Gianmarco Tamberi, qualifient le marcheur de « honte d’Italie », contestant sa sélection en équipe nationale.

Au soir du 21 juin le staff de Schwazer s’affole : une plainte contre X est déposée, ainsi que la demande d’analyse urgente de l’échantillon B du prélèvement du 1er janvier. La date limite pour les inscriptions aux JO est fixée au 2 juillet, mais Thomas Capdevielle n’est pas pressé et fixe la date pour l’analyse de l’échantillon B au 5 juillet.

Par la suite, le directeur du laboratoire de Cologne déclarera qu’il y avait la possibilité de les faire pour le 28 juin, mais que l’IAAF avait choisi la date du 5 juillet. Les conseils de Schwazer frappent à la porte du TAS de Lausanne pour demander la levée provisoire de la suspension de l’athlète, mais le Tribunal arbitral du sport rejette cette demande lors d’une audience qui se tient à Rio de Janeiro, dans le cabinet d’un avocat brésilien. Schwazer écope d’une disqualification de 8 ans, jusqu’en 2024.  

Le dopage étant, dans le système juridique italien, une infraction qui relève du droit pénal, une enquête est ouverte contre Schwazer fin septembre 2016. Cette enquête a duré 4 ans ; elle vient de se terminer le 14 septembre 2020 et on connaîtra le fin mot de l’affaire d’ici un mois.

Mais, tout de suite, les auditions et les premières investigations révèlent de nouveaux faits étonnants s’agissant du contrôle du 1er janvier.

D’abord, le lieu du contrôle est indiqué dans le PV. Normalement ce n’est pas le cas, pour éviter d’identifier l’athlète. La bourde, volontaire ou pas, des préleveurs est « corrigée » par le laboratoire qui, sur son PV, note « non renseigné ».

Ensuite, la procédure d’acheminement des échantillons qui doit être garantie par les préleveurs jusqu’au laboratoire n’est pas respectée – ce qui suffit normalement à rendre invalide un contrôle antidopage.

En effet, le jour de l’An, le laboratoire de Cologne est fermé (c’est d’ailleurs une journée où normalement on ne pratique pas de contrôle antidopage). L’échantillon va dès lors reposer dans un frigo dans un local, dont une seule personne est censée avoir la clef. On découvrira que six personnes en possèdent une en réalité. « Pour un éventuel sabotage d’échantillon, le 1er janvier après-midi, c’est royal, vu que les bureaux sont vides », commente Donati, coach de l’athlète italien.

Les enquêteurs italiens demandent donc les échantillons A et B de l’athlète pour les faire analyser par le département de recherche scientifique des Carabinieri, dirigé par le colonel Giampietro Lago. Ce dernier, avant d’être un militaire, est un biologiste, spécialisé dans l’ADN.

S’ensuit une longue bataille juridique entre les justices italienne et allemande. Puis quand la justice italienne obtient enfin gain de cause, c’est le laboratoire allemand qui bloque, avant de se soumettre, ce qui aboutit à un résultat stupéfiant : l’échantillon de l’urine B de Schwazer contient une concentration d’ADN infiniment trop haute pour l’ADN physiologique d’un homme.

D’autant que les sportifs de haut niveau n’ont pas des concentrations d’ADN plus hautes que le reste de la population, bien au contraire. Cette urine a tout l’air d’avoir été manipulée, même si l’Agence mondiale antidopage réfute cette analyse.

Un complot est-il possible ? La thèse est renforcée par le travail de hackers qui révèlent des échanges de courriels entre Thomas Capdevielle, responsable de l’antidopage à l’IAAF, l’avocat de l’IAAF Ross Wenzel et le directeur du laboratoire de Cologne Hans Geyer.

Dans ces échanges, qui datent du 20 février 2017, Thomas Capdevielle s’inquiète du fait que le laboratoire allemand ne se plie pas aux exigences de l’IAAF. Il écrit à l’avocat de l’IAAF : « Est-ce qu’ils réalisent qu’ils font partie du complot contre AS [Alex Schwazer – ndlr] et les possibles conséquences pour eux ? »
 

Cet échange de courriels a été versé au dossier judiciaire. Thomas Capdevielle n’en a jamais contesté l’authenticité. Il n’a pas répondu à nos questions, et l’AIU (Athletics Integrity Unit), chargée de répondre en son nom, nous a fait savoir qu’elle ne « voulait pas commenter cette affaire car elle est en train d’être jugée en Italie. Nous la commenterons le moment venu ».

Mediapart a contacté à plusieurs reprises le professeur Hans Geyer du laboratoire de Cologne, ainsi que Ross Wenzel, l’avocat de l’IAAF. Ils n’ont pas plus répondu à nos sollicitations.

À présent, le parquet doit décider s’il maintient ses poursuites contre Schwazer ou y renonce. Toute l’Italie attend la décision, et Alex Schwazer, lui, s’entraîne. Persuadé qu’il pourra bientôt de nouveau marcher en compétition.

https://www.mediapart.fr/journal/international/060321/l-athlete-alex-schwazer-innocente-l-agence-mondiale-antidopage-mise-en-cause?utm_source=20210306&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20210306&M_BT=135393249294

Modifié par lô le gunners

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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  • 7 mois plus tard...

MichelMichel Platini a-t-il reçu un tableau de Pablo Picasso afin de voter en faveur de la Coupe du monde de football en Russie ?

Cette piste, déjà évoquée par le Sunday Times, est aujourd’hui relancée par des écoutes judiciaires réalisées dans le cadre de l’enquête préliminaire pour « corruption » menée par le Parquet national financier (PNF) sur l’attribution des Mondiaux 2018 (à la Russie) et 2022 (au Qatar), lors d’un même vote de la Fifa, la Fédération internationale de football, le 2 décembre 2010.

Le volet le plus connu de cette enquête judiciaire concerne le Qatar, et en particulier le fameux déjeuner de l’Élysée au cours duquel le président Nicolas Sarkozy et l’actuel émir du Qatar auraient sécurisé le vote de Michel Platini (lire ici). Mais les écoutes ordonnées par le PNF sur le téléphone de l’ancien joueur vedette des Bleus, que Mediapart a pu consulter, contiennent également une information cruciale sur la Russie.

Dans une conversation de 2017 avec son épouse, Michel Platini a reconnu avoir reçu un tableau de Pablo Picasso offert par un certain « Ouchmanov », selon la retranscription phonétique réalisée par les policiers. Ce patronyme pourrait correspondre à celui de l’oligarque russe Alicher Ousmanov, proche du président russe Vladimir Poutine, et aujourd’hui placé sous sanctions à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Michel Platini n'a pas donné suite à nos questions. Quelques heures après la publication de cet article, il a reconnu dans Le Monde puis dans L'Equipe avoir reçu en cadeau d'Alicher Ousmanov une lithographie de Picasso intitulée « Football » et datée de 1961. L’entourage de l’ex-numéro 10 des Bleus a affirmé qu'il « ignore totalement la valeur » de cette oeuvre, qui lui a été offerte pour son 61e anniversaire, « en juin 2016 et donc après le vote d’attribution du Mondial 2018 ».

Contacté par Mediapart, Alicher Ousmanov a démenti. « Il n’a jamais offert ou proposé de tableaux, y compris de Picasso, à M. Platini, tout comme M. Platini ne lui a rien offert. L’amour de M. Ousmanov pour l’art et le sport n’a rien à voir avec la politique et l’intrigue. Ils communiquaient juste de manière amicale et chaleureuse avec M. Platini, puisque M. Platini était le joueur préféré de M. Ousmanov », nous a répondu le porte-parole du milliardaire russe.

 

L’histoire commence le 30 novembre 2014, lorsqu’un article du Sunday Times affirme que Michel Platini, alors président de la Fédération européenne de football (l’UEFA) et vice-président de la Fifa, aurait reçu un tableau de Pablo Picasso en provenance de Russie. 

L’hebdomadaire britannique cite un rapport d’enquête réalisé par le comité de candidature britannique au Mondial 2018, lequel s’est basé sur des informations fournies par des ambassades britanniques et des cabinets de renseignement privés.

Selon le Sunday Times, ce rapport affirme que Vladimir Poutine, premier ministre russe à l’époque, aurait personnellement monté une opération secrète pour décrocher la Coupe du monde, en faisant appel à un réseau d’« oligarques de confiance » chargés de convaincre certains votants.

Michel Platini avait démenti des accusations « totalement fictives », ajoutant que le Sunday Times ne détenait « aucune preuve venant étayer cette rumeur ridicule ».

Des écoutes embarrassantes

L’affaire aurait pu en rester là. Mais trois ans plus tard, le 14 décembre 2017 au petit matin, les policiers de l’office anticorruption (OCLCIFF) perquisitionnent simultanément l’appartement de Michel Platini à Saint-Cloud, en proche banlieue parisienne, et sa maison de Cassis, près de Marseille. Dans la foulée, l’ancien patron de l’UEFA est interrogé comme suspect libre par un procureur du PNF.

Les enquêteurs étaient manifestement sur la piste du Picasso russe. C’est ce que raconte le jour même Michel Platini au téléphone à son conseiller en communication, juste après son interrogatoire : « Je pense qu’ils voulaient […] perquisitionner pour trouver des preuves, […] un Picasso. […] Ils me demandent si j’ai reçu un cadre des Russes. Je m’en souviens plus, mais si ça avait été un cadre de valeur, je m’en serais souvenu. »

Mais le lendemain matin à 10 h 27, Christelle Platini appelle son mari et se charge de lui rafraîchir la mémoire.

La conversation porte sur la perquisition à Cassis. Le couple Platini n’étant pas présent sur place (ils se trouvaient à Saint-Cloud), c’est leur gardienne qui a servi de témoin aux policiers. Elle leur a indiqué qu’un service à whisky a été offert à Michel Platini par un étranger.

"Michel ! […] Y a le tableau de Ouchmanov." Christelle Platini à son mari Michel, inquiète de possibles découvertes policières

Christelle Platini l’a appris. Elle en veut à la gardienne (« elle doit faire du zèle à trop parler »), mais aussi aux policiers : « Ça doit coûter mille euros même pas. […] Pourquoi ils s’arrêtent là-dessus et s’arrêtent pas sur autre chose qui a plus de valeur ? », s’interroge-t-elle. « Parce que y a rien d’autre. Y a que ça, le truc à whisky, c’est tout », lui répond Michel Platini.

Christelle Platini rappelle alors à son époux qu’il y avait un autre objet de valeur :

« Michel ! […] Y’a le tableau de Ouchmanov [phonétique].
— Oui.
— En bas.
— Oui.
[…] Je pense qu’on a gardé le papier, mais je sais pas où il est. […] Peut-être qu’ils l’ont trouvé en fouillant dans les papiers dans notre chambre.
— Bah peut-être, tant mieux.
— […] J’avais gardé, tu sais, le truc d’Ouchmanov. Parce que y a le Picasso en bas d’Ouchmanov.
— Oui, bah c’est bien qu’on ait gardé le [inaudible].
— Bah je pense que je l’ai gardé. Toi tu avais dit : “J’en veux pas de ce truc là”, […] quand il l’avait offert.
— Oui. »

« Ouchmanov » pourrait correspondre à Alicher Ousmanov, un oligarque russe proche de Vladimir Poutine, très influent dans le monde du sport, qui a présidé pendant 14 ans la Fédération internationale d’escrime – il a dû démissionner le 2 mars dernier après avoir été placé sous sanctions par l’Union européenne à la suite de la guerre en Ukraine. Ce milliardaire, présent dans la métallurgie et les télécoms, a également été actionnaire jusqu’en 2018 du club de football anglais d’Arsenal et était, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine, l’un des principaux sponsors du club d’Everton.

 

Lors de la perquisition, les policiers n’ont pas trouvé de tableau de Picasso dans la maison de Cassis. Ils ont par contre repéré une œuvre du maître espagnol sur un mur de l’appartement de Michel Platini à Saint-Cloud. Mais il s’agissait d’une lithographie, dont la valeur est bien moindre que celle d’un tableau, comme nous l’ont expliqué les experts des sociétés spécialisées Artprice et Sotheby’s. Si certaines œuvres imprimées de Picasso se sont vendues plusieurs millions d’euros, il est possible d’acheter des lithographies de l’artiste pour quelques centaines d’euros seulement.

L'entourage de Michel Platini a affirmé au Monde qu'il possédait deux lithographies de Picasso: celle repérée à Saint-Cloud par les policiers, offerte par un journaliste italien, et celle offerte par Ousmanov, qui se trouvait à Cassis.

Après avoir entendu Christelle Platini parler d'un « tableau » de Picasso le 15 décembre 2017, les policiers auraient normalement du retourner d’urgence perquisitionner les domiciles des époux Platini, puis les interroger.

Mais il y a eu un gros loupé dans l’enquête. Selon nos informations, les écoutes de décembre 2017 n’ont été retranscrites sur procès-verbal par les policiers que le 19 août 2019. Soit un an et demi plus tard… et deux mois après le second interrogatoire de Michel Platini du 18 juin 2019, sous le régime de la garde à vue, dans les locaux de l’office anticorruption à Nanterre.

Les enquêteurs n’ont donc pas pu évoquer avec lui le contenu des écoutes. Mais ils l’ont malgré tout questionné sur le Picasso évoqué dans l’article du Sunday Times. « Vous avez fouillé chez moi et vous avez trouvé un tableau ? Je ne suis pas corruptible, c’est impossible », leur a répondu Michel Platini lors de son audition, dont Mediapart avait déjà révélé des extraits.

Ce raté dans la retranscription des écoutes est d’autant plus regrettable que l’enquête préliminaire a par ailleurs montré que Michel Platini aurait changé d’avis au sujet de la candidature russe dans les six mois qui ont précédé le vote du 2 décembre 2010.

Kevin Lamour, l’un des plus proches collaborateurs du président de l’UEFA à l’époque, a confié aux policiers qu’en juin 2010, Michel Platini lui a dit que si la Russie et le Qatar gagnaient, ce serait une catastrophe en termes d’image pour la Fifa. Selon plusieurs de ses proches, Michel Platini a d’abord soutenu à la mi-2010 la candidature du Royaume-Uni, puis un peu plus tard celle du duo Belgique-Pays-Bas.

Le 23 novembre 2010, deux semaines avant le vote, Michel Platini participait à un déjeuner à l’Élysée, en présence du président Nicolas Sarkozy et du prince héritier du Qatar, candidat pour le Mondial 2022. Si l’objectif premier de ces agapes était de convaincre Platini de voter pour l’émirat, la candidature de la Russie pour l’édition 2018 semble aussi avoir été évoquée. 

Juste après le déjeuner, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, ordonnait en effet par écrit à l’un de ses collaborateurs de réserver un créneau à l’agenda du président, afin qu’il s’entretienne avec le président russe Dmitri Medvedev ou son premier ministre Vladimir Poutine au sujet de « Russie 2022, coupe du monde de football suite déjeuner Platini ».

Interrogé au sujet de cette note de l’Élysée lors de sa garde à vue, Michel Platini a démenti avoir été influencé : « Moi j’ai dit que j’allais voter pour le Qatar et la Russie. Après, Nicolas Sarkozy a pu profiter de mon vote pour faire le barbot auprès de qui il voulait… pour les besoins de la France, j’espère. »

Après trois ans d’enquête préliminaire, le PNF a ouvert en décembre 2019 une information judiciaire sur l’attribution des Mondiaux, désormais menée par les juges d’instruction Marc Sommerer et Virginie Tilmont. Les magistrats n’ont à ce stade prononcé aucune mise en examen. Michel Platini est présumé innocent.

Selon nos informations, d’autres trouvailles ont été réalisées lors des perquisitions de 2017. Les policiers ont découvert que Michel Platini possédait de nombreuses montres de luxe, reçues en cadeau lors de sa carrière, dont certaines étaient stockées dans un coffre. 

 

Parmi ces montres, il y a une Patek Philippe d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, acquise par les services du palais de l’émir du Qatar et offerte à Michel Platini lors d’un voyage à Doha en décembre 2008. 

Lors de sa garde à vue, Michel Platini a indiqué n’avoir reçu aucun cadeau en lien avec la campagne de Qatar 2022 mais a reconnu avoir reçu cette montre fin 2008, deux ans avant le vote. « Comme vous allez les visiter, ils [les Qataris – ndlr] ont toujours tendance à vous offrir une montre. Ce n’est pas qu’eux, tous les gens riches qui sont dans le football offrent souvent des montres. Doit-on les accepter, les refuser ? », a-t-il répondu aux policiers.

Michel Platini avait aussi évoqué cette montre au téléphone le 14 décembre 2017, le jour de la perquisition, lors d’une conversation téléphonique avec son conseiller en communication Jean-Christophe Alquier : 

« Ils ont fait toutes les perquisitions. Ils ont photographié toutes les montres. Tous les cadeaux que j’ai reçus depuis 40 ans, hein, tu sais, je vais te dire, il y en a un paquet, hein !
— Je sais [rires], c’est ce que tu me disais. […] Ils sont allés voir dans le coffre ?
— Eh oui, dans le coffre.
— Et ils ont regardé tout ce que tu avais, quoi !
— Ouais, ouais, ouais, ouais, ouais. Il y a des montres avec des brillants, des diamants, des trucs, oui.
— Oui, des trucs que tu as même jamais portés, quoi !
— Il y a même une montre que j’avais reçue, une Patek Philippe avec des diamants, en 2008 à Doha, je ne sais pas du tout pourquoi. […] Ça devait être Bin Hammam qui me l’a offerte. Bah, je leur ai dit, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, il fallait que je vous montre des montres à 500 euros ? […] Ils m’ont offert des cadeaux, qu’est-ce que je leur fais ? Je leur jette dans la gueule ? Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ?
— Mais bien sûr, mais bien sûr Michel. […] Je sais très bien. » 

Le Qatari Mohammed bin Hammam, ancien président de la confédération asiatique de football, est soupçonné d’être l’un des principaux architectes de l’opération de corruption présumée du Qatar pour obtenir le Mondial 2022. Il a été banni de la Fifa en 2011.

"Ils ont fait toutes les perquisitions. Ils ont photographié toutes les montres. Tous les cadeaux que j’ai reçus depuis quarante ans." Michel Platini, lors d’une conversation téléphonique interceptée par la police

Les enquêteurs tentent également de percer le mystère de la société de Michel Platini au Panama, dont l’existence a été révélée en 2016 par Le Monde grâce aux Panama Papers. Cette coquille offshore nommée Balney Enterprises Corp, titulaire d’un compte en Suisse, a été créée en décembre 2007, 11 mois après son élection à la présidence de l’UEFA, basée en Suisse.

L’avocat de Michel Platini avait indiqué à l’époque que sa société panaméenne était « connue de l’administration fiscale suisse » (où Michel Platini était résident à partir de 2007) et n’avait « rien à voir » avec son rôle à l’UEFA et à la Fifa, se refusant à tout autre commentaire.

Lors de sa garde à vue, Michel Platini a expliqué que cet argent venait de ses gains de footballeur en Italie, lorsqu’il a été recruté par la Juventus de Turin en 1982 : « C’était lié à mon contrat de 1982 et mon contrat de 1984. Cela a été régularisé en 2014 ou 2015 auprès des autorités suisses. »

Mais cette déclaration ne lève pas complètement le mystère. Michel Platini a-t-il déclaré cet argent aux fiscs italien puis français, après son retour dans l’Hexagone en 1988 ? Pourquoi a-t-il créé une société au Panama pour y loger les fonds en 2007, juste après son élection à l’UEFA et son installation en Suisse ? Et pourquoi a-t-il attendu « 2014 ou 2015 » pour régulariser la situation auprès des autorités helvétiques ? Sollicité par Mediapart, Michel Platini n’a pas répondu.

L’ancienne gloire de la Juve et des Bleus avait également évoqué ces fonds au téléphone le 14 décembre 2017 lors d’une conversation avec son conseiller en communication Jean-Christophe Alquier, en sortant de sa première audition au PNF.

« J’avais une société des Panama, […] de l’argent qui était là depuis longtemps, pas en Suisse, que j’ai régularisé là en Suisse, il y a deux ans », a-t-il expliqué. « C’est un compte que tu avais à l’époque de la Juve ? », lui demande Alquier. « Non mais les vieux comptes qu’ils avaient, que j’ai demandé de fermer, puis ils ont pas tout fermé […], il restait quelques trucs quoi, tu vois. Ou peut-être que la banque, pour montrer que je suis client, ils ont laissé deux ou trois titres. »

Sur le fait qu’il a eu de l’argent dans un paradis fiscal, Michel Platini dit à son communicant que l’époque a changé : « Ça fait quarante ans que je gagne de l’argent et puis je leur ai dit [aux enquêteurs – ndlr], vous savez le monde il y a trente ans, c’est pas le même monde qu’aujourd’hui hein. Tu pouvais mettre l’argent où tu voulais comme tu voulais, personne t’emmerdait. […] Et tout était permis. »

 

 

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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Platini a plongé la main dans le pot de confiture, comme sans doute beaucoup d'autres dans ce milieu certes, mais je ne vais pas le défendre pour autant. Et je me demande encore comment lui et Blatter ont pu être acquittés : les mecs te disent qu'ils avaient passé un contrat oral pour 2 millions de francs suisses et hop ils s'en sortent... Ahurissant.

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Russie : au sport comme à la guerre

Une vague de sanctions inédite contre le sport russe ébranle un système que Vladimir Poutine a placé au cœur de son régime et de son pouvoir personnel. Composée de proches, d’athlètes et d’oligarques, la « sportokratura » est devenue une arme géopolitique.

EnEn envahissant l’Ukraine, Vladimir Poutine n’a probablement pas anticipé l’ampleur sans précédent des sanctions contre le sport russe. La mise au ban du mouvement sportif mondial est massive : exclusion des athlètes des Jeux paralympiques de Pékin et des équipes de football des Coupes d’Europe et de la Coupe du monde, annulations de compétitions, boycotts, ruptures de contrats de sponsoring, etc.

Avalisé par le Comité international olympique (CIO) sous la pression, notamment, des fédérations qui avaient d’emblée annoncé leur refus d’affronter la Russie, le mouvement a été suivi par les institutions comme par les sportifs et les acteurs économiques. Symbole de cet effacement, l’éditeur de jeux vidéo EA Sports est allé jusqu’à retirer les équipes russes de sa simulation de football FIFA 2022. 

Selon Jean-Baptiste Guégan, enseignant et consultant en géopolitique du sport, ces sanctions sont « inédites, historiques, et remettent définitivement en cause le mythe de l’apolitisme du sport ». Ces sanctions menacent tout l’édifice du système sportif russe, déjà fragilisé par les affaires de dopage qui ont obligé ses athlètes à concourir sous bannière neutre lors des trois dernières olympiades. Or ce système, méthodiquement construit depuis plus de vingt ans, est au cœur du pouvoir.

 Poutine, corps de la nation russe

« Poutine s’est emparé du sport dès le lendemain de sa première investiture, en invitant au Kremlin son ancien entraîneur de judo et en expliquant que, grâce à lui, il avait été sauvé de la vie de voyou qui lui tendait les bras – bien qu’il n’eût que 11 ans lorsqu’il poussa les portes de son dojo à Leningrad », rappelle Lukas Aubin, docteur en études slaves à l’université Paris-Nanterre, auteur de La Sportokratura sous Vladimir Poutine. Une géopolitique du sport russe (éd. Bréal, 2021).

Le redressement de la Russie par le sport est figuré par le président lui-même, que l’imagerie officielle présente dans les panoplies du hockeyeur, du judoka, du skieur ou du nageur. Un redressement au sens littéral, selon Lukas Aubin : « Vladimir Poutine arrive comme l’antithèse de son prédécesseur Boris Eltsine : il se tient droit, est un sportif accompli, dans le contrôle de lui-même. Il joue l’incarnation physique du corps de la nation. »

Après la « décennie perdue » des années 1990, il veut raviver les heures de gloire du sport soviétique. Il renoue aussi, relève le chercheur, avec l’hygiénisme que prônait Lénine dans les années 1920, afin d’améliorer la santé et l’espérance de vie des ouvriers. La nation russe doit, à l’image de son président, redevenir saine et forte.

Au-delà des symboles, « Vladimir Poutine construit un système “politico-économico-sportif” très élaboré, en utilisant les oligarques pour financer le sport, les hommes et les femmes politiques pour le régenter, et les athlètes de haut niveau pour le promouvoir – formant une nomenklatura destinée à faire du sport une arme pour le pouvoir russe », décrit Lukas Aubin.

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Vladimir Poutine participe à un entraînement avec l'équipe nationale du judo russe, le 14 février 2019 à Sotchi. © Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP

Partenaires de judo, amis d’enfance, oligarques, membres du parti Russie unie, « athlètes d’État » : « Presque tous les organes sportifs et fédérations les plus influentes vont être dirigés par des proches du pouvoir, des personnalités de confiance – une manière de procéder commune à beaucoup d’autres domaines de la vie politique russe. » Même l’Église orthodoxe est mise à contribution.

Lukas Aubin a conçu le terme « sportokratura » pour « nommer ce système que le pouvoir russe ne nomme pas lui-même ». « La sportokratura part de tout en haut pour aller tout en bas : les élites vont sur le terrain pour toucher la population. Poutine va chercher à renouer avec le “meilleur” du système soviétique en créant une forme de capitalisme administré du sport dont les financeurs sont les oligarques. » Sur 90 milliardaires russes identifiés en 2018, 51 « investissent massivement dans le sport », selon l’universitaire.

Les membres de la puissante famille Rotenberg, par exemple, dirigent des fédérations, des sociétés de marketing sportif, des clubs de football et de hockey, construisent des stades… Et cette « sportivisation » de la société est hautement patriotique : les événements et les installations sont pavoisés de symboles nationaux, de bannières de Russie unie, de portraits de Poutine.

Politiser les victoires

« Dans ses directives aux grandes fortunes figurait aussi l’impératif d’investir le sport international afin d’être plus influent à l’étranger. Les investissements dans le sport européen de Gazprom, dirigé par l’oligarque Alexeï Miller, ont par exemple été pilotés par le Kremlin », souligne Lukas Aubin. La semaine dernière, l’UEFA et le club allemand de Schalke 04 ont rompu leurs contrats de sponsoring avec l’entreprise.

 

Points d’orgue de cette politique de nation branding, l’accueil des JO d’hiver de Sotchi 2014 et celui de la Coupe du monde de football 2018. Alors que le gigantisme et les coûts des grands événements sportifs internationaux les rendent impopulaires auprès des démocraties, la Russie se range avec la Chine ou le Qatar parmi les « nouveaux clients » du CIO et de la FIFA, peu soucieux du respect des droits humains dans ces pays.

Avec un budget estimé entre 36 et 50 milliards d’euros, Sotchi 2014 pulvérise tous les records, Jeux d’hiver et d’été confondus. Les Russes dominent l’olympiade avec 33 médailles, la fierté nationale culmine, les critiques internationales aussi. Un mois plus tard, la Russie annexe la Crimée.

« Miracle » de Sotchi mis à part, les résultats sont médiocres : le pays navigue entre la quatrième et la onzième place aux JO, brille peu dans les disciplines majeures. « Son niveau de performance sportive est conforme à son niveau de puissance économique, pondère Jean-Baptiste Guégan. Le sport russe, corrompu ou désorganisé à tous les étages, est contraint de recourir à une politique de “coups”, voire à des moyens illicites. L’essentiel est de pouvoir politiser les victoires. » Et même les revers.

Sport power plutôt que soft power

Dès la fin de 2014, un vaste système de dopage et de dissimulation des contrôles positifs est mis au jour, entraînant une cascade de suspensions et de retraits de médailles. Les dirigeants crient au complot. « La réponse russe ne va pas consister à mettre de l’ordre chez soi et à se conformer aux injonctions, mais à contester ou retourner les accusations, à désigner les Occidentaux », analyse Lukas Aubin.

« Dans son rapport au monde, à plus forte raison occidental, la Russie de Poutine conçoit l’étranger essentiellement au travers de puissances à concurrencer, voire à défier, poursuit-il. Il y a un malentendu sémantique autour de la notion de soft power : la Russie va définir sa stratégie de géopolitique par le sport comme un instrument offensif ou défensif, mais toujours comme une arme. »

Rien de « soft », en effet, dans cette diplomatie sportive. « Il vaut mieux parler de sport power, le sport étant conçu par la Russie comme un élément de puissance, confirme Jean-Baptiste Guégan. Le sport est aujourd’hui à l’avant-garde des relations internationales, il précède les événements. Le discours de dénégation et de victimisation, d’inversion des responsabilités tenu par Poutine à propos de l’Ukraine y était déjà à l’œuvre. »

 

En sortant du régime de demi-mesures qui prévalait jusqu’alors, « les instances sportives internationales pourraient bien mettre à terre tout ce que Poutine a construit autour du sport depuis vingt-deux ans », pronostique Lukas Aubin. Le pouvoir russe y verrait toutefois moins un échec que « la suite d’un affrontement qui dure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».

On prête déjà à Vladimir Poutine l’intention de fonder des institutions sportives et des compétitions alternatives réunissant la Russie et ses alliés, voire la Chine. Bloc contre bloc, avec un entêtant parfum de guerre froide.

 

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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Platini-Macron, les liaisons dangereuses

Des écoutes judiciaires montrent que, contrairement à ce qu’avait affirmé l’Élysée, la situation judiciaire de Michel Platini a bien été évoquée lors d’une rencontre entre le président de la République et l’ancien numéro 10 des Bleus. Emmanuel Macron a ensuite soutenu publiquement Michel Platini.

EnEn ce 3 juillet 2019, Michel Platini est furieux contre Emmanuel Macron. Alors que le président avait selon lui « promis de [l’]aider », l’ancien patron de l’UEFA vient d’être placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête préliminaire pour « corruption » alors menée par le Parquet national financier (PNF) sur l’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.

Au téléphone, Michel Platini se dit déterminé à mettre « le couteau sous la gorge » d’Emmanuel Macron, en le menaçant de quitter la France : « Ou on me blanchit complètement, ou je me casse, au revoir et c’est fini. »

Quatre mois plus tard, le 7 novembre 2019, il recevait, en direct sur RTL, un très chaleureux témoignage de soutien du chef de l’État, qui disait comprendre « le sentiment d’injustice » ressenti par l’ancienne gloire des Bleus. Comme un message subliminal aux magistrats et policiers chargés du dossier. Un simple « message amical », dément l’Élysée auprès de Mediapart.

 

Cet épisode très embarrassant pour le président de la République, qui est, en vertu de la Constitution, le garant de l’indépendance de la justice, est documenté par des écoutes judiciaires ordonnées par le PNF sur le téléphone de Michel Platini, en novembre 2017 puis en juin 2019, pendant un mois à chaque fois.

Les retranscriptions des conversations, auxquelles Mediapart a eu accès, montrent que Michel Platini a mené un lobbying intense auprès d’Emmanuel Macron pour tenter d’influencer le cours des enquêtes judiciaires qui le visent en Suisse et en France, avec l’aide de deux personnages proches du président : le haut magistrat Michel Debacq et le journaliste Jacques Vendroux, qui a été la voix du foot de France Inter pendant des décennies, le directeur des sports du groupe de 2002 à 2019, puis a rejoint Europe 1 fin décembre dernier.

Ces écoutes montrent également que l’Élysée a menti au sujet du rendez-vous organisé par Jacques Vendroux entre Emmanuel Macron et Michel Platini en mars 2018. Lorsque Mediapart l’avait révélé en 2020, l’Élysée nous avait assuré que la situation judiciaire de Michel Platini n’avait pas été abordée.

Confronté au fait que les écoutes confirment que le cas du justiciable Platini était bien au menu des discussions, l’Élysée ne dément plus, mais affirme que l’entretien a « essentiellement » porté sur le football, et que l’ancien président de l’UEFA n’a sollicité « aucune demande d’intervention du président dans une procédure judiciaire ».

Les écoutes jettent de nouveau une lumière crue sur les rapports que la présidence de la République entretient avec l’idée même d’indépendance de la justice, notamment après la révélation par Mediapart des conditions du classement de l’affaire Kohler à la suite d’une intervention du président Macron en personne.

 

L’exécutif est par ailleurs aujourd’hui soupçonné d’être intervenu dans la procédure de remplacement du juge d’instruction Marc Sommerer, notamment chargé de l’affaire Qatar 2022, qui implique Michel Platini, mais aussi Nicolas Sarkozy. Marc Sommerer, qui va quitter ses fonctions cet été, devait être remplacé par le juge Serge Tournaire, qui a déjà mené plusieurs enquêtes impliquant l’ancien chef de l’État (Bygmalion, financements libyens, sondages de l’Élysée). Mais comme l’a révélé Le Monde, son nom été supprimé au dernier moment par le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti, manifestement dans le but de ne pas fâcher Nicolas Sarkozy juste avant la présidentielle.

Pour Nicolas Sarkozy comme pour Emmanuel Macron, l’affaire Qatar 2022 est désormais ultrasensible. Révélations sur une pièce en deux actes, dont le scénario est identique : un coup de pression de Michel Platini, suivi d’une déclaration publique de soutien du président Macron.

Sollicité par Mediapart, Michel Platini n’a pas répondu.

Acte I : en 2017, le rendez-vous à l’Élysée et la note à Emmanuel Macron

C’est l’affaire qui a mis fin à sa carrière. En 2015, Michel Platini doit démissionner de la présidence de l’UEFA et de la vice-présidence de la Fifa, à cause du « paiement différé » de 1,8 million d’euros consenti en sa faveur par Sepp Blatter, l’ancien patron de la fédération internationale de football. Le parquet fédéral suisse a ordonné en novembre dernier le renvoi des deux hommes devant un tribunal, où ils seront jugés notamment pour « escroquerie » et « abus de confiance ». 

En décembre 2017, l’ancien numéro 10 des Bleus bénéficie encore du statut de témoin assisté (à mi-chemin entre le témoin et le mis en examen). Mais cette procédure l’inquiète déjà. Il espère qu’Emmanuel Macron pourra l’aider à peser sur la justice suisse.

 

Michel Platini peut compter sur un allié de poids : Michel Debacq, un haut magistrat proche d’Emmanuel Macron, avocat général à la Cour de cassation. Les deux Michel ont été mis en relation par un ami commun : Jean-Pierre Chanal, à l’époque directeur général adjoint des services de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille.

Le 10 décembre 2017, Michel Platini discute avec son conseiller en communication Jean-Christophe Alquier, au sujet de ses rendez-vous prévus le lendemain avec Michel Debacq et son avocat William Bourdon au sujet de l’affaire du paiement différé, instruite à Berne par le parquet fédéral suisse : « Je mange avec […] Bourdon […] et puis après […] je vais voir mon magistrat là pour lui expliquer tout. […] Puis je vais demander à Bourdon qu’il m’écrive, pour le président de la République, une note, […] voilà mon histoire […] et voilà ce que je vais faire. » « Remettre un papier à Macron » est « une bonne idée », approuve Alquier.

Le lendemain, Michel Platini fait un compte-rendu des rendez-vous à Jean-Pierre Chanal : « J’ai vu un peu notre ami Michel [Debacq]. […] On va contre-attaquer. Bon, s’il trouve le moyen que Berne décide de me lâcher les calbuttes et qui clôt l’affaire, mais c’est pas facile. […] Donc mon seul rendez-vous, c’est avec le président de la République début janvier pour qu’éventuellement, il m’aide à faire quelque chose. » 

Il est normalement interdit à un magistrat de se mêler d’un dossier judiciaire dont il n’est pas chargé. Mais cela ne semble pas poser problème à Michel Debacq :

« Il s’est lâché aujourd’hui avec moi. Il était plus décontracté. Plus tranquille, raconte Michel Platini.
Tu peux t’appuyer sur lui, c’est un type bien. Et solide…, répond Jean-Pierre Chanal.
Ouais ouais, je pense que s’il y avait eu un problème, […] il se serait pas aventuré.
Ah non, mais d’abord et puis il te le dirait […]. Et puis c’est un mec qui peut faire passer des messages […] à l’Élysée avant que tu y ailles […]. Il a vraiment ce qu’il faut comme entrées là-bas !
Ouais ouais. Tout à fait, oui », conclut Michel Platini.

Interrogé, un porte-parole d’Emmanuel Macron indique qu’« aucun contact n’a eu lieu entre l’Élysée et Michel Debacq sur la situation de Michel Platini ». Michel Debacq a refusé de répondre, indiquant avoir rencontré l’ancien 10 des Bleus à titre purement « amical ». William Bourdon, qui n’est plus l’avocat de Michel Platini, s’est refusé à tout commentaire en raison du « secret professionnel »

Trois jours après cette conversation téléphonique, un nouveau front judiciaire s’ouvre en France. Dans le cadre de l’enquête sur le Mondial 2022 au Qatar, le PNF fait perquisitionner, le 14 décembre 2017, les domiciles de Michel Platini, qui est auditionné dans la foulée comme suspect libre.

Le rendez-vous prévu avec Emmanuel Macron prend une tout autre importance. « ll faudra qu’on prépare bien soigneusement […] ta rencontre avec le président, parce que, pour le coup, il faudra que tu sois très précis, très préparé », dit Jean-Pierre Chanal à Michel Platini le 21 décembre.

L’ancien président de l’UEFA va y aller « avec Jacques Vendroux ». Il veut remettre au chef de l’État une note sur sa situation judiciaire, rédigée par son avocat et que le magistrat Michel Debacq doit relire.

Michel Platini semble vouloir proposer un « deal » au président. « Je vais lui faire une note […], comme ça il verra ce que j’ai envie de faire […]. Il faut absolument le convaincre que je vais faire ça pour faire avancer les affaires de… », dit-il au téléphone, sans préciser de quelles « affaires » il s’agit.

Quatre jours plus tard, le 25 décembre, Michel Platini prépare l’entretien avec Emmanuel Macron avec Jacques Vendroux, directeur des sports de Radio France, qui a manifestement mis de côté la déontologie journalistique : « Moi, je lui dirai [à Emmanuel Macron] […], pour te mettre à l’aise, que c’est moi qui ai un peu cassé les couilles à tout le monde pour qu’il te rencontre. Parce qu’il y avait injustice […], et que moi j’aime pas l’injustice. »

« Comment il est Macron comme personne, toi qui l’as fréquenté ? Comment il est ?, demande Michel Platini.
Très sympa, très sympa. […] Tu vas voir, ça va être très simple. Il va te dire : “Voilà […], qu’est-ce que je peux faire pour vous ? […] Vous représentez le patrimoine de la France”, etc. […]. Je ne suis pas inquiet du tout, répond Jacques Vendroux.
Moi non plus je ne suis pas inquiet, mais tu sais, je suis toujours tombé avec des vieux qui t’écoutent et qui s’en battent les couilles.
— Ah non, lui il s’en bat pas les… Attends, depuis le début personne s’en bat les couilles, hein », conclut Jacques Vendroux.

Michel Platini indique qu’il remettra au président « la lettre » sur ses problèmes judiciaires. Jacques Vendroux espère qu’à la fin de l’entretien, Emmanuel Macron fera « venir […] un de ses valets pour qu’il s’en occupe bien ».

Le rendez-vous a eu lieu le 8 mars 2018 au palais de l’Élysée. Lorsque nous avions révélé l’existence de cette rencontre en 2020, l’entourage d’Emmanuel Macron avait démenti que la situation judiciaire de Michel Platini ait été abordée, soulignant que « le président sait parfaitement qu’il ne peut pas évoquer le dossier individuel d’un justiciable »

Confronté au contenu des écoutes, l’Élysée ne dément plus mais affirme qu’« aucune demande d’intervention du président dans une procédure judiciaire n’a été sollicitée ni évoquée ».

L’Élysée reconnaît qu’un « document synthétisant la situation judiciaire de M. Platini a été remis au conseiller chargé des sports du président », mais après la rencontre. « Ce document ne comportait que des éléments connus et publics », précise l’Élysée.

Sollicité en 2020, Jacques Vendroux avait reconnu que la situation judiciaire de son ami avait bien été abordée, mais affirmait que « Michel n’a rien demandé et le président n’a rien promis ». Sollicité à nouveau, il a refusé de répondre. Michel Platini n’a pas donné suite.

Deux mois plus tard, le 24 mai 2018, Michel Platini reçoit une lettre du parquet suisse lui indiquant qu’il ne sera pas poursuivi dans l’affaire du paiement différé (ce n’était que provisoire, puisqu’il sera finalement renvoyé devant le tribunal).

Emmanuel Macron en profite pour témoigner publiquement son soutien à Platini, le 10 juin 2018, dans l’émission « Téléfoot » sur TF1. Le président se « félicite » de la décision de la justice suisse et « souhaite que Michel Platini reprenne toute sa place » dans le football. Alors même qu’il est toujours sous enquête de la justice française et suspendu pour quatre ans par la Fifa.

 

Acte II : En 2019, le « couteau sous la gorge » du président Macron

Se croyant, à tort, blanchi par la justice suisse, Michel Platini a déposé à Paris une plainte pour « dénonciation calomnieuse » et « association de malfaiteurs », visant ceux que l’ancien patron de l’UEFA soupçonne d’être à l’origine du « complot » qui a ruiné sa carrière : l’ancien patron de la Fifa Sepp Blatter et son ex-directeur juridique, Marco Villiger – les deux hommes ont démenti. 

 

La manœuvre est juridiquement bancale : la justice française n’est normalement pas compétente, puisque les faits se sont intégralement déroulés en Suisse. Mais Michel Platini veut convaincre le parquet de Paris d’ouvrir une information judiciaire, avec l’aide du magistrat Michel Debacq… et du président Macron. « J’ai envoyé un truc à l’Élysée en disant que le président il a dit qu’il m’aiderait. Ça serait bien qu’il le montre maintenant », lance-t-il au téléphone le 24 mai 2019.

Mais encore une fois, Michel Platini est rattrapé par l’affaire Qatar 2022. Le 18 juin 2019, il est convoqué au siège de la police judiciaire à Nanterre pour un interrogatoire par les policiers de l’office anticorruption (OCLCIFF). À sa grande surprise, il apprend, en début d’audition, qu’il est placé en garde à vue.

Au cœur de l’affaire, il y a le fameux déjeuner de l’Élysée organisé par Nicolas Sarkozy fin novembre 2010, deux semaines avant le vote de la Fifa attribuant la Coupe du monde 2022, en présence de l’émir du Qatar.

Les enquêteurs soupçonnent que Nicolas Sarkozy y a convaincu Michel Platini de soutenir le Qatar, et d’avoir obtenu, en échange de son vote, que l’émirat rachète le PSG. L’ancien patron de l’UEFA y était opposé, mais il a mis de l’eau dans son vin : dans la foulée de l’acquisition du PSG, le patron du club, Nasser al-Khelaifi, a embauché en 2011 le fils de Michel Platini comme patron de l’équipementier qatari Burrda Sport (lire ici).

Le surlendemain de sa garde à vue, Michel Platini a justement reçu un gentil SMS de Nasser al-Khelaifi. « Bonjour président, j’espère que vous allez bien. Vous avez tout mon soutien, monsieur », lui écrit le patron du PSG. « Merci Nasser, je vais très bien », répond Platini. 

Cela ne suffit pas à réconforter l’ancienne gloire des Bleus. Il a vécu son placement en garde à vue comme une humiliation. Il répète à ses interlocuteurs qu’il est innocent, qu’il n’a « rien à [se] reprocher », et qu’il est la « victime » collatérale d’une affaire qui le dépasse : « Ils me font chier un peu parce qu’ils cherchent sur Sarkozy. […] Ils regardent si je suis corrompu, mais ils peuvent chercher ce qu’ils veulent, je ne le suis pas. » 

 

Michel Platini en veut à Nicolas Sarkozy, qu’il accuse de l’avoir piégé en l’invitant à l’Élysée sans lui dire que le prince héritier du Qatar serait là. « Il a voulu faire le barbeau. […] Donc là, il s’est mêlé de la Coupe du monde 2018 et 2022, voilà. Alors après, si c’est dans l’intérêt de la France, pourquoi pas. Si c’était dans son intérêt personnel ben… aux flics à le trouver ! C’est leur problème. »

L’ancien patron de l’UEFA est surtout dans une colère noire contre l’un des deux procureurs du PNF en charge de l’enquête à l’époque : « De m’avoir mis en garde à vue, c’est un vrai c****** celui-là. » Le 20 juin 2019, deux jours après la garde à vue, son conseiller en communication Jean-Christophe Alquier lui propose de contre-attaquer : « Le deuxième chantier pour moi, […] c’est la récusation des deux procureurs. » « Non, mais là, ça va bouger. Je te dirai des choses […] quand tu viendras OK ? », lui répond Michel Platini.

Ce ne sera finalement pas nécessaire, puisque le procureur du PNF que Platini a insulté a obtenu un poste à Marseille. Lorsqu’il apprend la nouvelle fin juin 2019, Michel Platini ne s’en réjouit même pas, parce qu’« un autre » procureur va prendre la suite et lui « casser les couilles ». « Ils n’ont qu’à me mettre en prison directement », ajoute-t-il.

Michel Platini veut de nouveau faire appel à Emmanuel Macron. Mais de façon beaucoup plus agressive. À cause du comportement « honteux » du procureur, il lance à son épouse le 27 juin 2019 : « Je voudrais quitter la France. […] Je voudrais le dire à Macron, quand je le vois je lui dis. ». « Je peux le comprendre, mais faut pas le dire au mec comme ça, faire un chantage de […] gamin », répond-elle.

Le 3 juillet 2019, au petit matin, c’est au tour de son fils, Laurent, d’être perquisitionné, à cause de son embauche par le Qatar. Pour Michel Platini, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. À 13 h 01, il demande à son communicant Jean-Christophe Alquier de rédiger « un petit courrier » qu’il veut envoyer à Cyril Mourin, le conseiller sport du président Macron : « Un truc disant qu’on commence à en avoir plein le cul, ça suffit, maintenant je sais ce que j’ai fait. […] Je vais l’envoyer, maintenant ça suffit. Si ça vient d’en haut… »

« Je pense que c’est la bonne solution et à la limite je pense qu’à un moment donné, il faudra que tu voies le président », lui répond Alquier. « Absolument, abonde Michel Platini. Et je lui mettrai le couteau sous la gorge, je lui dirai : “Ou ça se passe comme ça, ou on me blanchit complètement, ou je me casse, au revoir et c’est fini. Écoutez-moi bien, vous m’avez tué.” »

 

L’ancien patron de l’UEFA peut compter une nouvelle fois sur son copain Jacques Vendroux : « J’ai le président de la République en direct à 16 heures, sur France Info pendant 40 minutes », lui annonce le journaliste au téléphone le 6 juillet. L’entretien est calé le lendemain au stade de Lyon, pour la finale de la Coupe du monde féminine de football. Ce scoop décroché par Vendroux illustre la proximité avec le président : c’est la toute première interview accordée par Emmanuel Macron au groupe Radio France depuis son élection.

« Très bien ! Formidable », réagit Michel Platini. « Donc, je vais essayer de lui parler de toi », indique Jacques Vendroux, qui promet d’agir uniquement s’il n’y a pas de témoins : « Tu vois, y a des langues de p***, donc je vais essayer de le choper en tête à tête. »

« Dis-lui simplement qu’ils me cassent les couilles parce qu’ils veulent pêcher un gros poisson. […] Je veux le voir cet été si je peux le voir cet été », lui répond l’ancien président de l’UEFA. « Non, mais Michel, il peut pas te voir cet été, parce que ça va se voir, lui conseille le journaliste. S’il te reçoit, c’est à l’Élysée, à la rentrée discrètement. […] Mais je vais lui dire, hein ! »

Michel Platini est impatient. « Rien de neuf ? », demande-t-il le 7 juillet 2019 à 18 h 54, peu après l’interview. « Non pas eu le temps, trop de monde », répond Jacques Vendroux. Michel Platini envoie l’émoticone d’un personnage faché.

Le lendemain, Jacques Vendroux rappelle son copain, pour lui expliquer qu’il n’a pas pu parler au président Macron, mais qu’il a pu glisser un mot à son conseiller sport Cyril Mourin :

« Hier y’avait trop de monde, Michel. Impossible. J’ai simplement dit à Mourin, à un moment il était seul avec moi […] : “p***** là c’est chaud ce que vous avez fait à Michel. La garde à vue, etc. Il le prend pas très bien. Même très mal.” Il m’a fait : “Oui je sais.” C’est tout. Après y’a quelqu’un qui [est] arrivé », raconte Jacques Vendroux.
C’est bien que tu lui aies dit. C’est largement suffisant. […] Comme ça, moi, ça m’évite de lui envoyer un truc où je vais l’insulter. […] De toute façon on sait très bien qu’on n'attend rien de personne, répond Michel Platini.
Oui, mais […] à un moment donné, j’ai pensé, j’ai même imaginé un moment lui poser une question en direct [à Emmanuel Macron].
Non, non, non, non !
Non, mais je l’ai pas fait ! Parce que je réfléchissais trop tu vois, en me disant : “Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est pas bien ? […] Est-ce que je lui rends service ? Est-ce que je lui rends pas service ?”
Non, non, non, non, non, t’as bien fait.
J’avais ma bonne réponse tu vois. Parce que là, c’était en direct tu vois. Lui [Emmanuel Macron] a été sympa avec moi, je voulais pas le mettre dans l’embarras », conclut Jacques Vendroux.

« Le président n’a pas été informé de cet échange entre son conseiller et Jacques Vendroux », nous a indiqué l’Élysée.

L’entourage d’Emmanuel Macron ajoute que Michel Platini n’a pas rencontré le président par la suite, mais qu’il a pu s’entretenir avec son conseiller Emmanuel Mourin pour exprimer « son incompréhension sur sa situation judiciaire et la sensation que la justice française s’acharnait contre lui ». « À cette occasion, M. Mourin lui a rappelé que l’exécutif ne pouvait pas intervenir à la faveur ou à la défaveur d’un justiciable. Cet échange n’a pas été porté à la connaissance du président de la République », ajoute l’Élysée.

Mais le coup de pression de Michel Platini semble, une nouvelle fois, avoir fonctionné. 

 

Quelques mois plus tard, le 7 novembre 2019, il a reçu, lors d’un interview sur RTL, une étonnante marque de soutien d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État est intervenu en direct pour chanter les louanges de son « cher Michel, cher Platoche » : « Je sais que les dernières années ont été dures, que les blessures ont parfois été profondes, que le sentiment d’injustice aussi est là. Et au fond, j’avais un message, c’est ce message d’admirateur, ce message de remerciement, et ce message qui consiste à vous dire, vous avez encore plein de choses à apporter au football français et aux jeunes Français. […] Donc bravo, merci et revenez, ça me ferait plaisir. »

Le justiciable Platini a apprécié : « Je crois que je vais m’évanouir, je suis très très ému », a-t-il réagi à l’antenne.


 

Sollicité par Mediapart, l’entourage d’Emmanuel Macron répond qu’il « a juste souhaité adresser un message amical à l’immense footballeur ».

Deux mois plus tard, en décembre 2019, le Parquet national financier ouvrait une information judiciaire sur l’attribution du Mondial 2022, désormais menée par les juges d’instruction Marc Sommerer et Virginie Tilmont. Les magistrats n’ont à ce stade prononcé aucune mise en examen. Michel Platini est présumé innocent.

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/050422/platini-macron-les-liaisons-dangereuses?utm_source=20220405&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20220405&M_BT=135393249294

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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  • 1 mois plus tard...

Incidents au Stade de France : le rapport Lallement embarrasse au sein même du ministère de l’intérieur

Après la gestion chaotique et violente par les forces de l’ordre des supporters aux abords du Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions, le ministre de l’intérieur reprend les déclarations mensongères du préfet Didier Lallement. Alors même que les images documentent la faillite des autorités dans l’organisation de la finale, plusieurs hauts fonctionnaires du ministère font part de leur embarras auprès de Mediapart. 

« 30 000 à 40 000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, soit sans billet soit avec des billets falsifiés », a déclaré le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin à l’issue de la réunion de crise organisée lundi 30 mai au ministère des sports, faisant suite aux événements survenus samedi au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions opposant Liverpool au Real Madrid. 

Selon le ministre, « c’est donc une fraude massive, industrielle et organisée de faux billets » qui aurait « provoqué le report trois fois de suite du coup d’envoi de la finale ».

 

depuis, reprenant les déclarations du préfet Didier Lallement, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin ne cesse de dénoncer une fraude de faux billets, visant par là même les supporters anglais. 

Le soir même, le préfet Didier Lallement les avait mis en cause, ceux « sans billets pour le match ou détenteurs de faux billets » qui auraient fait pression pour entrer à l’intérieur du stade, retardant l’accès des spectateurs munis de billets. Dans une note transmise au ministre, dont l’AFP a publié des extraits, le préfet estime également que « la gravité de ces faits justifie une saisine du procureur de la République »

Saisi par le préfet, le parquet de Bobigny, dont dépend le Stade de France, a annoncé auprès de Mediapart avoir ouvert une enquête confiée à la direction des affaires économiques et financières de la préfecture de police. 

« Cette plainte est un effet d’annonce pour tenter de se couvrir », commente un responsable du ministère de l’intérieur. « Accuser les supporters anglais, c’est un peu n’importe quoi. Il aurait fallu que la préfecture de police de Paris accepte de reconnaître ses erreurs, poursuit-il. Au lieu de cela, la communication a été lancée par la préfecture, le ministre a suivi. C’est une erreur. »

 

Embarrassé, notre interlocuteur s’interroge sur l’estimation de « 30 000 à 40 000 supporters » sans billets avancée par Didier Lallement et reprise par Gérald Darmanin. « C’est inquiétant d’avancer de telles absurdités. On voit bien que ce n’est pas possible. Le nombre d’Anglais estimé à Paris pour le week-end était de 60 000 à 70 000. Ils ont peut-être fait une soustraction entre ceux qui étaient présents et ceux qui avaient des billets, soit 20 000. C’est n’importe quoi. » 

Un autre haut responsable du ministère, spécialiste du maintien de l’ordre, a alerté le cabinet du ministre à la suite de la communication mensongère du préfet Lallement. « J’ai dit qu’il ne fallait pas suivre de telles déclarations et faire très attention », explique-t-il. « Il n’y a pas eu la moitié du stade, puisque c’est de cela qu’on parle, 40 000 personnes, amassées sans billets ou avec de faux billets aux abords du stade. Après l’organisation chaotique du préfet, il y a une deuxième humiliation qui est celle du mensonge. » Mais ce fonctionnaire n’a pas été entendu. 

Interrogés sur l’estimation des « 30 000 à 40 000 » supporters munis de faux billets ou sans billets, ni le ministère de l’intérieur ni la préfecture de police de Paris n’ont pu nous apporter de réponses. 

Patience et calme anglais 

Très rapidement, le ministère de l’intérieur a également communiqué sur les « 105 interpellations » samedi et dimanche, à Paris et à Saint-Denis. Contacté par Mediapart, le parquet de Bobigny a précisé que « 48 gardes à vue ont été recensées et classées sans suite. Il en restait 15, dont les décisions doivent être prises », sans préciser les motifs d’interpellations. Du côté de Paris, une vingtaine de personnes ont été placées en garde à vue, pour des violences ou des vols à proximité des fan-zones mais « pas grand-chose » sur les ventes de faux billets. Derrière les chiffres communiqués par le ministère, là encore se dessine une tout autre réalité. 

Loin d’avoir commis des violences, la majorité des supporters anglais ont fait preuve de patience et de calme. C’est d’ailleurs ce qu’ont tenu à rappeler des officiers de police de la région de Liverpool, présents comme observateurs et agents de liaison lors des déplacements européens, dans un communiqué publié le 29 mai. Contrairement aux accusations du préfet et du ministre, ils ont constaté que les supporters anglais, dans « leur immense majorité », « se sont comportés d’une manière exemplaire, arrivant tôt aux tourniquets et faisant la queue ».

 

Selon plusieurs sources policières, la responsabilité du préfet Didier Lallement dans l’organisation du dispositif de sécurité doit être soulevée. « Mettre des compagnies d’intervention et des Brav [brigades de répression des actions violentes – ndlr], qui n’ont pas d’expérience dans la gestion des supporters pour un événement sportif de cette envergure est une ineptie », nous explique un responsable du maintien de l’ordre. « Ce sont des policiers qui peuvent intervenir sur des interpellations mais en soutien des CRS ou des gendarmes. Sinon, cela crée les violences qu’on a vues avec les “gilets jaunes”, et là avec les supporters. »

 

Un haut gradé de la gendarmerie déplore pour sa part « ces accusations absurdes portées contre  30 000 à 40 000 supporters. Ces déclarations marquent la double faillite d'un ministère qui non seulement ne sait pas gérer un événement sportif de cette ampleur mais suit les déclarations d’un préfet dangereux et incontrôlé ».

« Dans d’autres pays, cela aurait valu la démission du ministre et du préfet, poursuit-il. Mais en France, aux violences policières, se rajoutent les mensonges pour les couvrir sans que cela ne pose problème. »  

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/300522/incidents-au-stade-de-france-le-rapport-lallement-embarrasse-au-sein-meme-du-ministere-de-l-interieur?utm_source=20220530&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20220530&M_BT=135393249294

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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https://www.netflix.com/fr/title/80221113

mini série Netflix : FIFA : Ballon rond et corruption
ça déménage !

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  • 3 semaines plus tard...

Le généreux ami ukrainien de Michel Platini

Grigori Surkis a offert à Michel Platini des cadeaux d’une valeur de plus de 60 000 euros, selon des documents judiciaires consultés par Mediapart.

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L'une des montres Rolex, modèle Yachtmaster 40mm Oysterflex, offertes à Michel Platini par un "monsieur Surkis". © D.R.

Dans l’appartement de Michel Platini à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), les policiers chargés de l’affaire Qatar 2022 ont trouvé les boîtes de deux Rolex, d’une valeur de plus de 30 000 euros chacune : une Yachtmaster Oysterflex et une Yachtmaster 37. Les certificats de ces montres de luxe indiquent que l’acheteur est un « monsieur Surkis ».

On ignore si Michel Platini a reçu ces montres lorsqu’il était patron de l’UEFA. Il a refusé de nous le dire.

Après l’affaire du paiement de 2 millions d’euros, qui a coûté fin 2015 à Michel Platini son poste de patron de l’UEFA, Grigori Surkis a continué de lui prodiguer des marques d’amitié.

En juin 2016, le mois de son anniversaire, Michel Platini a reçu, dans sa maison de Cassis (Bouches-du-Rhône), 108 bouteilles de vin. Le bon de livraison indique qu’il y avait un « total du 0 euros », la commande ayant été réglée par « Gregory Surkis ».

L’année suivante, Michel Platini a reçu à Cassis, pour son anniversaire, un service à whisky en cristal « Polo Bar » de Ralph Lauren. Dans une écoute judiciaire effectuée le lendemain de la perquisition, son épouse indique qu’il a été offert par « monsieur Serkis », selon la retranscription faite par les policiers, et que « ça doit coûter deux mille, ça doit coûter mille euros même pas ».

Interrogés au sujet de ces cadeaux, les deux amis nous ont opposé le silence. Michel Platini n’a pas donné suite. Grigori Surkis a refusé de répondre sur les faits. Il estime que nos informations sont « fausses et non vérifiées » et nous menace de poursuites judiciaires (voir notre Boîte noire).

Les relations entre l’oligarque et l’ancien numéro 10 des Bleus avaient pourtant mal commencé. Lors de l’élection de Platini à la tête de l’UEFA en janvier 2007, Grigori Surkis, alors patron de la Fédération ukrainienne de football (FFU), avait soutenu son concurrent suédois Lennart Johansson.

Grigori Surkis était l’un des fers de lance de la campagne pour l’attribution de l’Euro 2012 à l’Ukraine et à la Pologne, qui a eu lieu en avril 2007, trois mois après l’élection du nouveau président de l’UEFA. Grigori Surkis a gagné contre l’avis de Michel Platini, qui avait voté pour l’Italie.

Malgré ces contentieux, les deux hommes se sont rapprochés lors de l’organisation de cet Euro. « Michel Platini s’est beaucoup impliqué parce que c’était son premier gros événement, raconte un haut cadre de l’UEFA à l’époque. Et c’était vu à l’époque comme quasi-mission impossible, il y avait de gros doutes sur la capacité de l’Ukraine à être prête. Grigori Surkis a réussi a convaincre Michel Platini que ça allait se faire. »

Selon notre source, « Surkis étant un animal politique, une fois Michel Platini président, il s’est mis à son service, aux côtés de celui qui a le pouvoir ». Il a été promu vice-président de l’UEFA en 2013.

En 2019, Mediapart et Der Spiegel révélaient un scandale impliquant les frères Surkis : pendant 17 ans, l’UEFA a versé l’argent qu’elle devait à la Fédération ukrainienne de football (FFU) à Newport, une société offshore immatriculée aux îles Vierges britanniques et contrôlée par Igor Surkis, frère de Grigori et patron du Dynamo de Kyiv (Kiev), le plus gros club d’Ukraine. Or, Newport a financé en secret, pendant la même période, des dépenses du Dynamo, dont les salaires de certains joueurs.

 

Selon notre enquête, l’UEFA a versé à Newport, rien qu’entre 2002 et 2016, la bagatelle de 380 millions d’euros destinés à la FFU, qui était présidée jusqu’en 2012 par Grigori Surkis.

Une partie de cet argent était destinée à la fédération ukrainienne elle-même, pour former les arbitres, construire des stades ou lutter contre le racisme. Une autre partie des fonds devait être reversée par la FFU à certains clubs ukrainiens, notamment les primes de participation à la Ligue des champions et à la Ligue Europa.

C’est en 1999, un an avant l’élection de Grigori Surkis à la tête de la FFU, que la fédération ukrainienne a demandé à l’UEFA d’être payée via Newport, officiellement pour éviter des problèmes liés aux conversions de devises.

Ce n’est que dix-sept ans plus tard, en décembre 2016, que l’UEFA a redécouvert ce mode de paiement pour le moins suspect, ainsi que le fait que Newport était contrôlé par Igor Surkis et finançait en sous-main le Dynamo de Kyiv.

L’UEFA a alors suspendu les paiements à Newport (l’argent est désormais versé directement à la FFU) et lancé en 2017 une enquête interne. Les inspecteurs ont conclu qu’il n’y avait pas lieu d’ouvrir une enquête disciplinaire. Ils n’ont trouvé « aucune indication montrant que les fonds versés à Newport entre 1999 et 2016 n’auraient pas été employés pour l’usage qui était prévu », nous a indiqué l’UEFA.

Mais lorsque Mediapart et Der Spiegel ont révélé l’affaire en septembre 2019, la FFU a réclamé qu’une procédure judiciaire soit lancée en Ukraine. Ce qui a été fait l'année suivante, avec l'ouverture par un procureur de Kyiv d'une enquête pour « détournements de fonds ». L’UEFA nous a confirmé avoir reçu, par le biais des autorités suisses, une demande d’assistance de la justice ukrainienne au sujet de Newport, et indique avoir « pleinement coopéré ».

Selon plusieurs médias ukrainiens, qui citent des documents judiciaires, l’enquête aurait établi qu’une partie de l’argent versé par l’UEFA à Newport n’aurait pas été reversée à la FFU.

Le media en ligne Nashi Groshi indique que la société offshore d’Igor Surkis aurait transféré des fonds issus de l’UEFA à une multitude de sociétés-écrans dotées de comptes bancaires en Lituanie et en Estonie, officiellement pour des achats de marchandises (thé, café, poisson) sans aucun rapport avec l’activité de la Fédération ukrainienne de football.

Interrogés à ce sujet, Igor et Grigori Surkis ont refusé de répondre, estimant que nos questions contenaient des informations « fausses et non vérifiées ».

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Comment les hommes ont freiné l’essor du foot féminin

Dès 1920, les « Dick, Kerr Ladies » affrontaient les « St. Helen’s Ladies » à Liverpool. Le stade de Goodison Park y avait alors accueilli, selon les estimations, autour de 53 000 personnes !

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Les Dick, Kerr’s Ladies, une équipe créée à Preston, au Nord de Manchester (Angleterre), en 1921 © Wikimedia

Cela surprend souvent aujourd’hui, mais le football féminin a connu un succès foudroyant durant les vingt années qui ont suivi la codification du football moderne (1860). Une parenthèse enchantée à laquelle les hommes ont mis fin, pour que le football reste leur chasse gardée, sur fond de luttes pour l’égalité des droits, comme l’a brillamment raconté le journaliste Mickaël Correia dans son ouvrage Une histoire populaire du football.

De violentes réactions

Le premier match international de football féminin se déroule le 9 mai 1881 à Edimbourg entre l’Ecosse et l’Angleterre. Le compte rendu du Glasgow Herald donne une bonne idée de l’image qu’ont alors beaucoup d’hommes de ces femmes qui osent pousser la balle : « D’un point de vue de footballeur, le match était un fiasco, même si certaines [joueuses] avaient l’air de comprendre le jeu. »

En 1881, le Manchester Guardian dénonce ces femmes « aux accoutrements aussi disgracieux que malvenus »

La violence verbale à l’encontre des footballeuses se transforme d’ailleurs rapidement en violence physique. Quelques jours après le match du 9 mai 1881, une nouvelle rencontre à Glasgow entre l’Ecosse et l’Angleterre est interrompue à cause de l’envahissement du terrain par les spectateurs masculins.

Les joueuses se réfugient dans un omnibus, sur lequel les spectateurs jettent les poteaux de buts qu’ils viennent d’arracher. Le 20 juin, on tente de rejouer le match à Manchester, mais de nouveaux débordements ont lieu. Le Manchester Guardian dénonce ces femmes « aux accoutrements aussi disgracieux que malvenus ». L’organisatrice de ces matchs, la militante suffragette écossaise Helen Matthews (qui se fait appeler Mrs Graham pour protéger sa véritable identité) et ses coéquipières jettent l’éponge.

Une telle virulence masculine peut s’expliquer par le contexte de l’époque. Dans les années 1880, le féminisme britannique est en pleine ébullition. Les hommes commencent à s’inquiéter des premières remises en cause de la domination masculine, qui réduit notamment le corps des femmes à un simple outil de reproduction. De ce point de vue, la pratique féminine du football pose deux problèmes. Jugée indécente (des femmes en short, pensez donc !), elle est également perçue comme dangereuse « pour les organes reproducteurs et la poitrine en raison des secousses brutales, des torsions et des coups inhérents au jeu », comme l’écrit le British Medical Journal en décembre 1884. La revue n’hésite d’ailleurs pas à recommander que les femmes soient bannies de ce sport. Et puis, après tout, les femmes ont-elles vraiment besoin de jouer au foot ? Pour Robert Miles, joueur de cricket connu à Oxford, « la maternité, c’est aussi un sport, le vrai sport de la femme ».

Revendications

Autre problème pour ces messieurs : les premières femmes qui le pratiquent développent un discours égalitariste qui dépasse largement le ballon rond. Nettie Honeyball (de son vrai nom Mary Hutson), créatrice du premier club de football féminin de l’histoire en 1894 (le British Ladies’ Football Club) déclare ainsi : « J’ai fondé l’association l’an dernier avec la ferme résolution de prouver au monde que les femmes ne sont pas les créatures “ornementales” et “inutiles” que les hommes imaginent. (…) J’attends avec impatience le temps où les femmes seront présentes au Parlement pour faire entendre leur voix dans les affaires qui les concernent. »

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Le British Ladies Football Club lors de son match l’opposant à une équipe du « Sud » de l’Angleterre, le 23 mars 1895. Nettie Honeyball, sa fondatrice, est debout, 2è en partant de la gauche © Wikimedia

La footballeuse devra attendre 1919 et l’élection à la Chambre des communes de Nancy Astor pour que son espoir se réalise. Le foot féminin, lui, connaît une seconde phase de succès beaucoup plus rapide. Dès le 23 mars 1895, un match opposant une équipe du nord de l’Angleterre et une autre du sud rassemble 10 000 spectateurs. Mais en 1902, la fédération anglaise de football interdit à tous ses joueurs d’affronter des femmes… L’année d’après, le British Ladies’ Football Club ferme ses portes : c’est la fin de la seconde aventure des pionnières.

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Le premier match du British Ladies football club, le 23 mars 1895. Dessin de H. M. Paget dans ‘The Graphic’ © Wikimedia

Seconde vague

Comme dans d’autres domaines, il faut attendre le déclenchement de la Première Guerre mondiale pour voir les femmes revenir sur le devant de la scène footballistique. Au cœur de la guerre, 700 000 femmes sont engagées dans les usines anglaises pour fabriquer des munitions. Ces « munitionnettes », encadrées par des patrons d’usine paternalistes, créent 150 équipes de football entre 1915 et 1918.

Le football féminin devient un moyen de « renforcer l’image sociale d’ouvrières s’adonnant à un sport national sain et fortifiant », écrit Mickaël Correia. Le Premier Ministre britannique de l’époque, David Lloyd George, parle même de « vaillantes héroïnes ». D’autant que les matchs qu’elles jouent sont souvent l’occasion de récolter des dons pour financer les hôpitaux de guerre. En 1918, 750 000 ouvrières anglaises ont une licence de foot !

En 1919, 35 000 personnes assistent au match opposant les Dick, Kerr’s Ladies aux Newcastle girls

Parmi elles, les Dick, Kerr’s Ladies, une équipe montée à Preston, au nord de Manchester, va rapidement se faire connaître. Capable de pratiquer un jeu rapide, technique, et offensif, ce onze féminin attire les foules : au printemps 1919, 35 000 personnes assistent à un de leurs matchs contre les Newcastle girls. Et ce n’est pas une exception : à cette époque, les Dick, Kerr Ladies attirent en moyenne 13 000 personnes lors de leurs matchs. L’équivalent de la deuxième plus grosse affluence de la Ligue 2 française d’aujourd’hui !

Un an plus tard, elles accueillent pour la première fois une délégation française, chapeautée par Alice Milliat, une jeune femme d’origine modeste qui devient rapidement l’une des fondatrices du sport féminin français et international. Le succès est immense : les footballeuses françaises et anglaises drainent un public important et font la une de L’Auto (ancêtre de L’Equipe). Lors du trajet vers le stade, « à chaque gare importante, il nous a fallu descendre sur le quai ou nous mettre à la portière des wagons pour faire prendre une fois de plus notre effigie [les reporters et photographes s’arrachaient leur photo, NDLR] », raconte Alice Milliat.

Un sport subversif

Là encore, derrière le succès sportif et médiatique il y a un arrière-plan très politique. Dans un article qu’elle lui consacre, l’historienne Florence Carpentier explique qu’Alice Milliat, tout comme les pionnières du football britannique, fait du développement du sport féminin un combat féministe plus large.

Forte de sa notoriété, et de l’idée encore ancrée en France au début des années 1920 que le sport peut participer à la régénération de la nation après-guerre, Alice Milliat parvient à se frayer un chemin dans l’espace médiatique de l’époque. Dans L’Auto, elle dénonce « le vieil esprit de domination [des hommes], du désir de tenir toujours les femmes en tutelle, de la crainte de les voir devenir autre chose que des objets utiles ou agréables à l’homme ». Et assure que « la femme a encore beaucoup à lutter pour faire admettre sa valeur dans les différentes catégories de la vie sociale » et que « dans le domaine du sport, comme dans tous les autres, elle s’est trouvée aux prises avec l’atavique esprit de domination masculine ».

Dans la presse de l’époque, la footballeuse Alice Milliat dénonce « le vieil esprit de domination [des hommes], du désir de tenir toujours les femmes en tutelle »

Des discours engagés qui sont cependant loin de parler à toutes les sportives de l’époque, comme le regrette alors la journaliste féministe Jane Misme : « Interrogez les sportives, demandez-leur si elles sont féministes. Je ne crains guère, hélas ! de me tromper en supposant que huit sur dix, au moins, répondront qu’elles ne s’inquiètent pas de ces billevesées» Mais comme l’écrit Florence Carpentier, « si ce témoignage montre la difficulté des féministes à toucher la communauté des sportives, il prouve aussi que le sport n’a pas été ignoré des militantes. La pratique sportive n’est pas seulement un autre bastion masculin à conquérir, elle possède surtout, pour les féministes, le pouvoir de remettre en question l’argument biologique de l’infériorité féminine» Avant de citer de nouveau Jane Misme : « Elles [les sportives] font la preuve que, lorsqu’elle cultive ses facultés physiques, la femme cesse d’être “l’enfant malade” sur laquelle on a pleuré tant de larmes de crocodiles»

Retour à l’ordre

En Angleterre plus encore qu’en France, le succès médiatique du foot féminin agace en tout cas rapidement les autorités footballistiques. Après avoir été arrêté pendant la guerre, le championnat masculin reprend ses droits en 1919. Et dès 1921, la fédération anglaise de football interdit aux clubs de prêter leur terrain aux équipes féminines. « Le football n’est pas adapté aux femmes et ne devrait jamais être encouragé », assurent ses responsables. Les acteurs du foot leur emboîtent le pas : l’entraîneur de l’équipe d’Arsenal, Albert Leslie Knighton, assure qu’on ne peut laisser les femmes jouer à cause des coups qu’elles recevraient en jouant, « leurs devoirs futurs en tant que mères seraient grandement compromis ».

« Le retour à l’ordre patriarcal auquel aspirent les hommes passe par un retour à l’ordre footballistique » – Michaël Correia, journaliste

« Le retour à l’ordre patriarcal auquel aspirent les hommes passe par un retour à l’ordre footballistique », analyse Michaël Correia, pour qui « le message politique envoyé par les autorités politiques est clair : les stades de football doivent demeurer un temple de la masculinité et les femmes sont tenues de se consacrer à la régénération de la nation », poursuit-il. La fête est alors finie : organiser un match féminin relève du parcours du combattant, et les clubs masculins ne sont autorisés à prêter leur terrain à des femmes qu’en… 1971.

 

https://www.alternatives-economiques.fr/hommes-ont-freine-lessor-foot-feminin/00089600?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_campaign=NL_Quotidienne_abo&utm_content=06072022

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Fiasco du Stade de France : l’enquête du Sénat met en lumière les mensonges de Gérald Darmanin

Interrogé sur les mensonges de Gérald Darmanin et l’absence de demande de sanctions contre lui ou le préfet Didier Lallement dans ce qui est devenu un scandale international, François-Noël Buffet a répondu : « Évidemment que la recommandation permanente, c’est de dire la vérité. Si la vérité avait été dite tout de suite, immédiatement, on ne serait pas là à devoir rendre un rapport. »

« Nous sommes dans un rôle de contrôle, de mise au jour des dysfonctionnements. Si des sanctions doivent être prises, c’est aux responsables de le faire », a poursuivi son collègue Laurent Lafon. Tous deux ont aussi déploré « des erreurs insuffisamment reconnues et analysées par les pouvoirs publics ». « À ce jour, les plus hautes autorités de l’État ne se sont pas exprimées », ont-ils insisté, raison pour laquelle une question a été posée en séance mercredi au Sénat à la première ministre Élisabeth Borne.

 

Une fois encore, les « plus hautes autorités » sont restées silencieuses puisque ce n'est pas la première ministre mais le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, lui-même mis en cause par les sénateurs, qui a répondu, en séance, à Laurent Lafon. « Nous suivrons les recommandations du Sénat, a-t-il assuré. La police doit être moins tournée vers le hooliganisme mais plus vers les mouvements de foule, et notamment la protection des personnes », a-t-il poursuivi sans dire un mot sur ses déclarations mensongères concernant les supporters, et en évitant soigneusement d’aborder la gestion de l’événement par le préfet Didier Lallement.

Les seuls dysfonctionnements qu’il a mentionnés concernent la délinquance dont son ministère et la préfecture doivent « tirer toutes les conséquences », et ainsi a-t-il proposé au sénateur de le revoir à la fin de l’été. À ce mépris, Laurent Lafon a rappelé au ministre qu’il « faut avoir la lucidité de tirer tous les enseignements de ce qu’il s’est passé ».

 

 

Mais, scandale dans le scandale, la vidéosurveillance a été effacée au bout de sept jours. « Ce qui nous manquera à jamais, c’est les images », a déploré le sénateur Buffet. L’effacement de ces enregistrements est d’autant plus « incompréhensible », selon Laurent Lafon, qu’étaient présents au sein du poste de contrôle du Stade de France un substitut du procureur, un officier de police judiciaire et les responsables sécurité du Stade de France.

En somme, « tout le monde était là, cela, il n’y a aucun doute », rappelle François-Noël Buffet. Mais « personne n’a dit “il faut conserver les images” », poursuit Laurent Lafon, regrettant qu’il y ait eu « une absence de responsabilité et aussi d’une autorité ».   

D’autres enregistrements de caméras de vidéosurveillance, celles du réseau de la préfecture de police et de la ville de Saint-Denis, ont été quant à eux conservés. Pour autant, malgré leur demande auprès du ministère de la justice, les sénateurs n’y ont pas eu accès. « Dès lors que les images étaient sous main de la justice, elles ne pouvaient être mises à notre disposition », regrette-t-il, avant d’ajouter : « On a tenté quand même. »

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/130722/fiasco-du-stade-de-france-l-enquete-du-senat-met-en-lumiere-les-mensonges-de-gerald-darmanin?utm_source=20220713&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20220713&M_BT=135393249294

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  • 4 semaines plus tard...

Révélations sur « l’armée numérique » du Paris Saint-Germain

Le PSG a chargé une agence externe de créer une « armée » de faux comptes Twitter qui a mené des campagnes violentes et ordurières, notamment contre des médias et des personnalités du club de football. Mediapart est l’une de ses cibles privilégiées. Même Kylian Mbappé a été égratigné.

 

« Adrien« Adrien Rabiot. Gros FDP. Ça bouge pas. » En apparence, il s’agit d’un tweet vulgaire contre l'ancien milieu de terrain du PSG, mais tristement banal dans l’océan des réactions sur les réseaux sociaux. En réalité, ce message posté le 7 mars 2019 fait partie de centaines d’autres qui ont été publiés par des comptes téléguidés en sous-main par la direction de la communication du Paris Saint-Germain.
Alors que la justice française s’intéresse aux opérations troubles menées pour le compte du club de football par un lobbyiste et un ancien policier (lire ici), Mediapart a obtenu un rapport qui détaille par le menu les opérations d’influence effectuées pour le PSG par un sous-traitant entre 2018 et 2020. 

Ce document révèle que le club, détenu par l’État du Qatar, a créé sur Twitter une « armée numérique » de faux comptes, chargée de mener des raids très violents et souvent grossiers contre de nombreuses cibles : des médias jugés hostiles au PSG comme Mediapart et L’Équipe, le supporter giflé par Neymar (lire notre enquête ici), la jeune fille qui a accusé la star brésilienne de viol, mais aussi des personnalités du club comme le joueur Adrien Rabiot et l’ancien directeur sportif Antero Henrique. Stupeur : même l’icône Kylian Mbappé a été égratigné lorsqu’il a laissé entendre qu’il pourrait quitter le club en 2019.
 

Notre document de 50 pages est un rapport, réalisé par l’agence Digital Big Brother (DBB), qui fait le bilan de son activité pour le compte du PSG pour la saison 2018/2019. Immatriculée à Barcelone, DBB est contrôlée par Lotfi Bel Hadj. Cet homme d’affaires franco-tunisien est à la tête d’une myriade de sociétés qui louent leurs services à des personnalités, des entreprises ou des États pour gérer leur communication numérique.

En 2019, Lotfi Bel Hadj et sa société UReputation ont œuvré pour le candidat tunisien à l’élection présidentielle Nabil Karoui, alors que ce dernier était en prison. Facebook a alors fermé des dizaines de comptes et de pages suspectés d’être liés à Bel Hadj, et le think tank Atlantic Council a critiqué ses pratiques d’influence dans un rapport intitulé « Operation Carthage ».

Le rapport précise que cette armée de trolls créée par DBB était supervisée par le service communication du PSG, dirigé à l’époque par Jean-Martial Ribes. Il a été pendant sept ans l’un des plus proches collaborateurs de Nasser al-Khelaïfi, le patron du club, jusqu’à son départ en mai dernier pour le service communication d’une filiale du géant du luxe LVMH.

Contacté, le PSG indique que « le club n’a jamais contracté avec une agence afin de nuire à des individus et à des institutions ». Selon nos informations, s’il n’y a en effet pas eu de contrat avec le club, c’est bien le PSG qui payait les prestations d’influence numérique réalisées par Digital Big Brother.

L’agence nous a d’ailleurs confirmé avoir travaillé pour le PSG sous les ordres de « Jean-Martial Ribes ». « En tant que directeur de la communication, il a été, lorsqu’il était en poste, le garant de la stratégie communicationnelle du Paris Saint-Germain. Et notre rôle auprès de lui […] était d’adapter la stratégie établie par le directeur de la communication d’alors sur l’espace digital, avec nos différents outils », indique DBB.

Contacté, Jean-Martial Ribes n’a pas donné suite. « Il est évident que le président ne s’occupe pas des campagnes sur les réseaux sociaux ou de Twitter, et qu’il n’a ni le temps ni l’inclination d’embaucher des gens pour troller d’autres personnes », nous a indiqué un proche de Nasser al-Khelaïfi.

 

Dans son rapport d’activité 2018/2019 destiné au PSG, DBB utilise un ton très opérationnel. Après un bref panorama des événements heureux et malheureux de la saison, l’agence décrit son « armée numérique » : « Il s’agit d’une armée de comptes Twitter “partenaires” . À la différence des célèbres “fermes à trolls”, nos “partenaires” ont une existence réelle. L’armée numérique mise à la disposition du PSG vit foot, pense foot. »

Ces faux profils sont gérés par des humains afin de faire croire qu’il s’agit de vrais fans du club. Le rapport précise que cette « armée » comporte « de nombreux comptes pro-PSG, dont 10 % de comptes réputés “influents” sur les réseaux sociaux (eu égard à leur ancienneté, nombre de followers et pertinence des infos), prêts à intervenir pour sauvegarder l’image du PSG ». Ces comptes « permettent d’influer sur d’autres comptes relayant des informations/rumeurs/scandales », mais aussi d’allumer des « contre-feux » pour tenter « de mettre fin à une rumeur ».

 

La stratégie s’articule autour d’un compte « de référence », Paname Squad, qui se présente sur Twitter comme un « collectif de passionnés du Paris Saint-Germain ». Lancé en août 2018, ce compte a été alimenté par le PSG en infos exclusives sur le mercato afin de booster son audience et sa crédibilité auprès des journalistes, et ainsi « influencer le traitement sur des sujets d’actualité ». Il a également lancé un site web pour se positionner comme un media. Le compte Paname Squad a tutoyé la barre des 10 000 abonnés avant de redescendre à partir de 2020, lorsque le contrat n’a pas été renouvelé.

Autour du navire amiral Paname Squad gravitent une dizaine de comptes « partenaires », nommés Lana PSG, Ultra Attitude, Janot PSG ou La daronne du parc, chargés d’amplifier les campagnes en mode « troll ». Depuis, la plupart des comptes satellitaires mentionnés dans le rapport de DBB ont été fermés par Twitter.

Selon le rapport, l’« armée numérique » a accompli plusieurs missions : « infiltration de communauté », « prises de contact avec les journalistes influents », « collecte d’informations », « contacts avec la concurrence », et « promotion de la marque PSG ».

Paname Squad a ainsi assuré la promotion de Nasser al-Khelaïfi. Le compte a également fait du lobbying sur des sujets stratégiques, notamment en bataillant contre le fair-play financier (FPF), cette règle de discipline budgétaire édictée par la Fédération européenne de foot, que le PSG a violée de façon massive. Il faut « faire sauter le FPF », écrit notamment Paname Squad.

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Extrait du rapport d'activité 2018/2019 établi par l'agence DBB pour le PSG. © Document Mediapart

Un autre volet de l’activité est autrement problématique. Dans son rapport annuel, l’agence DBB décrit neuf « attaques » contre des cibles précises en 2018/2019. « La stratégie de réponses et interactions est travaillée avec l’équipe communication du PSG », précise le document.

L’ « armée numérique » du club a ainsi œuvré pour protéger à tout prix la réputation de l’attaquant brésilien Neymar, acheté pour 222 millions d’euros. Après que la superstar a giflé un supporter du Stade rennais, le compte Paname Squad a publié l’identité complète de la victime et tenté de le faire passer pour un délinquant (lire nos révélations ici).

Lorsqu’une ex-petite amie de Neymar l’a accusé de viol (l’enquête a finalement été classée sans suite), l’« armée numérique » a entrepris de salir la plaignante. « Des versions qui changent à cause des antidépresseurs. […] Ça c’est la karma pétasse », tweete à son sujet le compte Lana PSG.

Paname Squad a aussi lancé des charges violentes contre des opposants. Le patron de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, qui se plaint du budget quasi illimité offert par le Qatar au PSG, est traité de « pleureuse » et caricaturé en Calimero dans un photomontage. Marseille est qualifiée de « ville de salopes ».

 

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© Sébastien Calvet / Mediapart

Paname Squad sert aussi à dénigrer des personnalités du club lors de conflits internes. À la suite d’un mercato présenté comme raté, le compte a critiqué l’ancien directeur sportif Antero Henrique, affirmant que l’entraîneur et plusieurs joueurs ne « comprennent pas [ses] choix ».

Les attaques les plus insultantes ont visé Adrien Rabiot et sa mère Véronique (qui est aussi son agente), lorsque le joueur est entré en conflit avec le club au sujet des modalités de son départ. Plusieurs comptes de l’« armée numérique » le traitent de « gros FDP », de « sale traître », ou « d’enfant de p***** ». « Il n’a pas les couilles de dégager sa mère qui lui dicte tout et envoie sa carrière dans le mur », ajoute Lana PSG.

Les faux comptes du PSG ont même osé s’en prendre à l’icône Kylian Mbappé, pourtant réputé intouchable. En mars 2019, après des rumeurs sur son éventuel départ au Real Madrid, le joueur déclare à l'émission « Téléfoot » de TF1 qu’il souhaite rester au PSG, malgré l’élimination précoce du club en huitième de finale de la Ligue des champions.

Dans un tweet qui sera effacé par la suite, Paname Squad félicite Mbappé d’avoir fait « taire les rumeurs Madrid et Cie », mais en ajoutant un tacle invitant le joueur à se taire et à se montrer performant : « Maintenant, bossez en silence et faites-vous discrets. Pas besoin de trop de déclaration. On a besoin d’une réponse de terrain. »

Deux mois plus tard, en recevant son trophée de meilleur joueur de la Ligue 1 décerné par l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), l’attaquant met un coup de pression aux dirigeants du PSG : « Je sens que c’est peut-être le moment d’avoir plus de responsabilités. J’espère que ce sera peut-être au PSG, ce serait avec grand plaisir. Ou ce sera peut-être ailleurs. »

Paname Squad poste alors une attaque contre le joueur : « Les supporters parisiens t’aiment beaucoup, tu le sais… T’as fait passer ton “message” ce soir, et quel timing !? Si tu pouvais presser comme ça sur le terrain… »

Mais les attaques les plus fréquentes des comptes secrets du PSG sont menées contre les médias, avec deux cibles prioritaires : Mediapart et L’Équipe.

 

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Extrait du rapport d'activité 2018/2019 établi par l'agence DBB pour le PSG. © Document Mediapart

Fin 2018, « l’armée numérique » a lancé une opération spéciale contre Mediapart, rebaptisé « Mediapartouze », pour contrer les révélations de la seconde saison des Football Leaks, publiées en collaboration avec le consortium EIC et l’émission de France 2 « Envoyé spécial ».

« Soyons solidaires et unis derrière le PSG, ne laissons pas ces vautours salir notre image », tweete Paname Squad. Le compte accuse Mediapart de publier des « fake news » et de faire du « sensationnel » avec pour seul objectif de gagner de l’argent. Notre partenaire allemand Der Spiegel est accusé d’avoir acheté les données au lanceur d’alerte Rui Pinto – ce qui est absolument faux.

L’« armée numérique » a été particulièrement active au sujet de nos révélations sur l’affaire de fichage et de discrimination ethnique du PSG en matière de recrutement des jeunes joueurs. Lana PSG assure que les articles sur ce sujet des « journalistes SDF » de Mediapart sont fausses : « Votre investigation à la con, ça craint pour votre crédibilité. » L’enquête d’« Envoyé spécial » sur le même sujet est qualifiée de « bidon » et de « pipeau ».

 

Plusieurs journalistes de Mediapart ont été la cible d’attaques personnelles, en particulier Yann Philippin, qui a coordonné l’enquête Football Leaks (et par ailleurs coauteur du présent article). Il est traité de « hacker », de « forceur », et invité à « changer de métier ».

Le compte Paname Squad est allé encore plus loin en menaçant, le 16 novembre 2018, de dévoiler les « numéros » et les « échanges » de plusieurs journalistes de Mediapart. Le lendemain, le compte publie les six premiers chiffres du numéro de portable du directeur de Mediapart, Edwy Plenel, rebaptisé « Crawsy le rouge ».

Le second média honni par le PSG est L’Équipe, rebaptisé « L’Epipe ». Le quotidien sportif est régulièrement pris pour cible, par exemple lorsqu’il a révélé l’ouverture d’une enquête judiciaire sur des soupçons de trucage du match entre le PSG et l’Étoile rouge de Belgrade. « Pitoyable », tweete Paname Squad avec un émoticône vomi et le mot-dièse « #BoycottLEquipe ».

La tension atteint son paroxysme le 8 décembre 2018, lorsque L’Équipe publie un article indiquant que le PSG « pourrait se résigner à se séparer de l’une de ses deux stars, Kylian Mbappé ou Neymar », si jamais le club était frappé de « lourdes sanctions » pour violation du fair-play financier.

Le soir même, le PSG publie un communiqué titré « L'Équipe, média de désinformation ». Le club décide d’interdire aux journalistes du quotidien d’assister aux entraînements et aux conférences de presse. Ce boycott inédit va durer plusieurs mois.

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La fausse "une" de "L'Equipe" publiée par le compte Twitter "Paname Squad" © Paname Squad

Au même moment, l’armée numérique se déchaîne contre L’Équipe et son directeur de la rédaction, Jérôme Cazadieu. Le 8 décembre 2018, Paname Squad tweete le communiqué du PSG accompagné d’un bisou adressé à @Cazadieu et d’une vidéo d’un homme violemment frappé au visage.

Le même jour, Paname Squad se moque du fait que Jérôme Cazadieu a protesté contre le communiqué du club. « Pourtant, on a toujours été fidèles à notre ligne éditoriale de grosses pu… », fait dire le compte au directeur de la rédaction de L’Équipe.

Le 11 décembre 2018, Paname Squad publie une fausse une de « L’Epipe » mettant en scène Jérôme Cazadieu présentant ses « excuses » au PSG après « ces deux derniers mois de troubles qui ont plongé notre rédaction dans la désinformation ».

Le même compte revient à la charge en mars 2019 avec un autre tweet ordurier : « Comment peut-on respecter L’Équipe avec sa ligne éditoriale putaclic, sa haine viscérale du PSG, et ses journalistes en carton […]. Sombres pu***. »

L’agence Digital Big Brother s’est refusée, « par souci de confidentialité », à tout commentaire sur le contenu des « différentes opérations et campagnes » menées pour le PSG. « Nous sommes tenus à la discrétion concernant les dossiers que nous traitons et les accords que nous signons », précise DBB. Questionné à ce sujet, le PSG n’a pas répondu. 

Reste à savoir désormais si la justice va se saisir de l’affaire. Nelson, le supporter giflé par Neymar dont l’identité a été révélée par « l’armée numérique » du PSG, nous a indiqué qu’il comptait porter plainte.

 

https://www.mediapart.fr/journal/france/121022/revelations-sur-l-armee-numerique-du-paris-saint-germain?utm_source=20221012&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20221012&M_BT=135393249294

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Pelé:"He is the best player in the world; He has just been a little unlucky in the past.";                   Maradona: "Totti is the world's number one" ;                     Mourinho: "He's the best player in the Italian championship in terms of spectacle and quality of play."                    Ferguson: "Totti is the fantastic player";                           Wenger: "Totti is a top, top class player. He used to play in behind the strikers and then one day they had no central striker so they played him up front and won game after game. He suddenly became the topscorer in Italy as a central striker. That means this guy has absolutely everything"             Platini: " Totti est un artiste du football. Son seul défaut est d'être romain."

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